Bentley Beyond 100


Après Bugatti, voici une e-présentation d'une autre marque du groupe VW : Bentley. L'an dernier, la marque a fêté son centenaire. Quid du programme pour la 101e année ?

L'e-présentation commence par un montage très "pump it up" sur 2019-2020 : victoire aux 12 heures de Bathurst, fin de la Mulsanne, retour de Mulliner, 20 000e Bentayga, show à Goodwood, etc. De quoi exciter le spectateur. Lancez le truc, on a hâte de voir la suite !


Et nous voilà sur le plateau de la présentation. Les personnes sont disposées en arc de cercle dans l'ancien atelier de la Mulsanne.
J'imagine qu'ils souhaitaient imiter le décor de Top Gear. Néanmoins, avec cet immense espace vide, cette pénombre et ces protagonistes en noir, on a plutôt l'impression d'assister à une veillée funèbre dans une chapelle ardente.

L'e-présentation est animée par Vicki Butler-Henderson. Sans doute pour rester dans cette envie de singer Top Gear (qu'elle a présenté.) Avec sa longue robe noire, très austère, elle a l'air d'une veuve. Mégateuf, Wayne !

Adrian Hallmark est le premier intervenant à s'exprimer. Président de la marque, il explique que Bentley a débuté l'année avec une carnet de commande plein comme jamais et un excellent premier trimestre... Pour cause de Covid, donc de confinement, le chiffre d'affaire fut quasiment nul au second trimestre. D'où la nécessité de réduire les effectifs. Un premier plan social portait sur mille emplois. Grâce à une bonne reprise au troisième trimestre, la marque au B ailé pu revoir son plan social à huit cents emplois. Entre les fins de contrats de prestation, les mobilités internes et les départs en retraite, seuls dix employés de Bentley seront effectivement sacrifiés.
Mattias Rabe prend le relais. Arrivé en mai, il est coresponsable de l'ingénierie. Originaire d'Aix-La-Chapelle, il s'exprime avec un accent digne d'un sketch de Michel Leeb. "Mattias, que nous réserve Bentley pour l'avenir ? - Je ne peux rien vous montrer, Vicki. C'est confidentiel." Merci Mattias, si on souhaitait un aperçu des futures lignes des Bentley, c'est rappé...
Il annonce qu'en 2022, Bentley lancera deux Blackened Hybrid. Blackened Hybrid ? En fait, il s'agit de plug-in hybrid, mais avec son accent rhénan... Bref. En 2025, le constructeur lancera son premier modèle électrique, basé sur une plateforme inédite. En 2026, toute la gamme sera proposée en version électrique ou plug-in hybrid. Enfin, en 2030, la production des modèles thermiques s'arrêtera.

Chris Craft, un homonyme du pilote et co-concepteur de la Rocket, est en charge du marketing. Comme les autres, il regarde la présentatrice et non la caméra. De quoi exclure le spectateur de l'e-présentation.

Le chiffre-clef, c'est qu'en 2030, 60% des clients auront moins de 40 ans. Oubliez l'image du vieux machin qui sucre les fraises ! L'acheteur de Bentley de 2030, ça sera le patron de start-up, la vedette du show-biz, le fils-à-papa des BRICS...
Ces personnes se disent préoccupées par l'environnement. Aussi, Bentley se vante d'avoir été le premier constructeur certifié ISO 14001. Le premier à être neutre en émission de carbone. Concernant les voitures, Bentley doit donc employer des matériaux durables et extraits dans des conditions respectueuses de l'environnement.

Jan-Henrik Lafrentz fait un aparté sur Mulliner. L'autre caractéristique de la nouvelle clientèle de la marque, c'est son goût pour l'ultra-exclusif, jusqu'au fait-main. 

Rolls-Royce avait fermé Mulliner-Park Ward en 1991, pour se concentrer sur une production en moyenne série et près de 30 ans plus tard, Bentley doit faire l'inverse !

Mulliner, c'est aussi un laboratoire pour la marque. Ses travaux pour ses clients fortunés sont l'occasion de réflexions d'un point de vue technologique et stylistique. Des expérimentations qui pourraient être inclues sur les futurs modèles de la marque.

Puis voici Astrid Fontaine. Diplômée en ingénierie industrielle et ancienne de Porsche, c'est a priori quelqu'un de sérieux... Mais ici, elle s'offre un speech ininterrompu sur l'inclusion, la diversité et les réseaux sociaux. On dirait une de ces femmes à compte certifié et cheveux fluos qui peuplent Twitter. En prime, elle regarde régulièrement en haut, comme si elle était investie d'une mission divine...

Comme disent les djeuns, il y a un "moment de gênance" ensuite. Avec une Vicki Butler-Henderson qui a besoin de quelques secondes pour digérer cela, avant de conclure d'un condescendant "lovely". Moving on...

Les internautes peuvent soumettre des questions. Chacune est très intéressante.

Adrian Hallmark est interrogé sur l'après 2030. Bentley va-t-il poursuivre la production de modèles thermiques sur les marchés extra-occidentaux ? La réponse est non. D'autant plus que c'est la clientèle qui réclament des voitures propres.
Il reste une ambiguïté. La Grande-Bretagne veut bannir la vente de véhicules à moteurs thermiques en 2035. Bentley fait du lobbying pour que la vente d'hybrides reste autorisée. Faut-il en déduire qu'après 2030, Bentley souhaite proposer de l'électrique à prolongateur d'autonomie, voire de l'hybride rechargeable ?

Chris Craft, lui, est interrogé sur la motorisation. Il se livre à une éloge passionnés des moteurs 12 cylindres.

Justement, depuis toujours, Bentley possède une réputation de motoriste hors-pair. Or, dans un moteur électrique, il n'y a plus de cylindrée, de nombre de cylindres ou de suralimentation. Où est-ce que la marque au B ailé créera de la différenciation ? Le directeur des ventes se livre à une belle réponse en chêne massif...

Dernière question sur la compétition. Si Bentley ne construit plus que des voitures électriques, quel sera son avenir en compétition. Adrian Hallmark écarte discrètement la Formule E : la marque n'a aucun passé dans les épreuves sprint (NDLA : en plus, au sein du groupe VW, Audi et Porsche y sont déjà impliqués...)

L'ADN de Bentley, c'est l'endurance. Hallmark de lâcher que dans l'état actuel de la technologie, pour disputer une épreuve de 24 heures, il faudrait 24 voitures !
En fait, c'est pire que cela. Le Jaguar i Pace eTrophy, la seule "caisse à porte" électrique de compétition atteint 200km/h et il n'est capable de rouler que durant environ 30 minutes. La route est longue pour avoir un véhicule électrique capable de disputer une épreuve d'endurance...
Le président de Bentley se contente donc de dire qu'il travaille avec différentes autorités sportives pour trouver des solutions.

En résumé, c'est une e-présentation assez longue (51 minutes) et malgré tout riche d'enseignements. Sur la pression du législateur et de sa clientèle, Bentley doit sortir du thermique à l'horizon 2030. Néanmoins, il reste beaucoup de questions à résoudre d'ici-là.
Et globalement ce décor très sombre, donne l'impression que l'avenir de Bentley sera lui aussi bien sombre... 

(Captures d'écrans de Bentley.)

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