Creep Van
C'est la magie d'internet. J'étais en pleine discussion sur Twitter à propos du Bedford CF. Par acquis de conscience, avant de répondre, je fis un tour sur Google. Et voici que dans les pubs, Amazon me proposait Creep Van. Un film de vansploitation ? YouTube m'en proposa une bande-annonce. J'étais si emballé que j'ai acheté le DVD sur Amazon, oubliant au passage l'argumentation sur le Bedford CF !
Creep Van (van [du] détraqué) est un slasher. D'ordinaire, je ne suis pas fan de films d’horreurs. Par contre, j'aime les films tournés avec des budgets ridicules.
Ici, Scott W. Kinlay a tourné Torture, en 2006. Six ans plus tard, il filma Creep Van, avec la même équipe (devant et derrière la caméra.) Pour la plupart d'entre eux, dont Kinlay, ce furent les deux seuls fois où ils visitèrent un plateau de cinéma.
Aux Etats-Unis, on associe les vieux vans blancs sans marquages aux détraqués (pédophiles, kidnappeurs...) Certains parlent d'ailleurs de "pedovans".
Comme il est dit dans le film, la simple présence d'un van rouillé crée un malaise.
Des vans, on en voit ici et là, dans les films et les séries TV. Notamment pour espionner ou enlever des victimes. Mais pourquoi ne pas faire du van un protagoniste ? Un Enfer mécanique ou un Christine avec un van. L'idée était séduisante...
Pour info, le van en question est un Ford Econoline de 1975.
Kinlay a visiblement vu tous les classiques : Ça, Evil Dead, Freddy, Saw, Shining... Il reprend donc les codes du genre. Et à l'ancienne, sans trucages numériques !
Contrairement à Christine, le van possède un conducteur. Bien sûr, on ne verra jamais que les jambes ou les mains du meurtrier. Il n'a pas de nom. Aussi, ce tueur et son monture possèdent quelque chose de surnaturel. Le van peut rouler partout et malgré les chocs, il reste intact. Idem pour le conducteur, qui survit à un coup a priori mortel...
Bienvenue dans une banlieue misérable de Detroit. La ville elle-même est lugubre, idéale pour ce genre de films.
Autre figure imposée : le héros un peu neuneu et pleurnichard. Brian Kolodziej joue Campbell, un loser surtout préoccupé par l’hôtesse d'accueil du lieu où il travaille. Âgé de 34 ans au moment du tournage, Kolodziej n'est pas très crédible en post-ado, mais bon...
Le décor est posé, les acteurs sont là, on peut débuter. Nous voilà donc avec un enchainement de meurtres "énaurmes", avec des victimes qui se jetait dans la gueule du loup, de l’hémoglobine qui coulait à flot (sans jamais tacher le van), la nudité gratuite et la fin qui laisse la porte ouverte à un "2"...
A la surprise générale, c'est bien filmé et relativement bien joué.
Par contre, Kinlay n'avait compris l'un des point-clef du slasher : le tueur doit avoir une motivation. Dans un slasher, il est pris d'une furie meurtrière car il cherche à se venger de quelque chose, il s'en prend à une population spécifique, il défend ses biens ou "son" territoire, voire il est dans une quête.
Or, ici, rien de tout cela. Au début, le tueur assassine ceux qui s'en prennent (physiquement ou verbalement) à son van. Mais ensuite, il tue par opportunité. Parfois, ce sont des inconnus, parfois non. Même son modus operandi varie.
Même absence de continuité chez Campbell. A mi-film, il semble connaitre le tueur. Il récupère ensuite son nom et ses coordonnés. Il échafaude un plan... Puis il redevient un ravi de la crèche.
Le scénario fut écrit par Jim Bartoo. Apparemment, Kinlay réalisa qu'il n'avait pas assez de matière pour faire un long-métrage. D'où l'arrivée d'un second scénariste, Ian Michaels. C'est Michaels qui aurait proposé des scènes additionnelles, quitte à briser la cohérence du film.
On peut aussi supposer que faute de budget, certaines scènes ont du être bazardées. Tel l'affrontement final entre Campbell et le tueur, dans un garage rempli de pièges, vers lequel on s'acheminait. A la place, il fallu tourner à la hâte des scènes moins chères. D'où les trous dans le scénario.
En résumé, on est face à un film inégal. Il est trop bien ficelé et trop sérieux pour être un authentique nanar.
Les fans, eux, apprécieront le côté "vieille école" de ce slasher. Et puis, il n'y a pas beaucoup de films de vans...
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