FAW Jiefang camion-citerne militaire par Xcartoys

J'avais déjà un FAW CA 30 Jiefang Xcartoys au 1/64e. Le fabricant le propose dans de nombreuses versions : militaire, civil, dépanneuse PL... Et camion-citerne militaire. Lorsque je l'ai vu, avec sa peinture idoine, flanqué de ces étoiles rouges, je n'ai pas pu résister !

A l'époque, la Chine, c'était Les routes de l'impossible ! Dès que l'on quittait les grandes villes, il n'y avait plus de routes goudronnées ou de ponts. Rouler dans un camion-citerne, c'est déjà coton : la cargaison est en permanence ballotée, plus la route possède des inégalités, plus la tempête à l'arrière s'intensifie. De part ses origines militaires, le CA 30 était un 6x6. Mais avec 95ch, la montée des cols devait être laborieuse... Sans parler de la vitesse maximale de 65km/h. Malgré le DongFeng EQ 240, L'Armée Populaire de Libération utilisa le Jiefang jusque dans les années 90.
Dans les années 80, JMC en produisit une version avec un moteur et des trains roulants Mitsubishi-Fuso.

Comme d'habitude, le travail de Xcartoys est impeccable. Et la boite st superbe.

Le pétrole est connu en Chine depuis des siècles. Il apparait dans Le Livre des mutations (Xe siècle avant notre ère.) Au Moyen-Age, il était utilisé pour les lampes à pétrole, ainsi que pour nettoyer le sel des marais salins.
La Chine du Guomingdang disposait d'au moins un puits moderne. Mais sa production journalière se comptait en baril et il produisait un brut de très, très mauvais qualité.

En 1949, avec l'arrivé de conseillers Soviétiques, la Chine put faire des progrès tant dans la prospection, l'extraction, le raffinage que le transport. La Chine soupçonnait qu'il y ait du pétrole dans le Xinjiang. Le 29 octobre 1955, la première goutte d'un champ baptisée Karamay ("huile noire" en ouïgour.) Un second champs fut découvert à Daqing, dans le Helongjiang, en 1959. Deux sites aux possibilités immenses.

Le bénéfice le plus évident, il était économique. La Chine avait besoin de pétrole pour ses camions, ses trains, ses bateaux, ses centrales électriques, ses haut-fourneaux, etc. Construire des équipements, c'est bien, mais ils ne servent à rien si votre réservoir est vide ! Le pétrole pesait sur le budget de la misérable République Populaire.
Avec Karamay, Daqing et quelques autres, la Chine allait acheter toujours moins de pétrole. Jusqu'à pouvoir en exporter en 1973. Ainsi, il glissait de la case "dépenses" à la case "recettes".

Mais Mao et les sien se fichaient du budget comme d'une guigne. Le principal, c'était la politique. Mao voulait une Chine indépendante. Mao se méfiait de tous les autres pays, y compris l'URSS. Importer des hydrocarbures faisait de la Chine un obligé de son vendeur. Désormais, elle pouvait donc s’emmurer. Son premier client fut non pas le Nord Vietnam, la Corée du Nord, le Cambodge ou tout autre régime politiquement proche. En effet, c'est le Japon qui lui acheta ses premiers barils : "Salut, espèce d'efféminé révisionniste, j'ai du pétrole ! - Je t'achète tout, sale paysan débile !"

L'autre bénéfice, c'était sur le plan de la géopolitique régionale. A la fin du Moyen-âge, la zone d'influence de la Chine couvrait tout l'Extrême-orient (hors Japon), jusqu'au lac Baïkal, la mer d'Aral et la mer d'Okhotsk. Néanmoins, plus on s'éloignait à l'ouest ou au nord, plus l'influence de Pékin et la présence Chinoise était limitée, avec une archipel de villages Chinois et quelques roitelets inféodés. La Russie tsariste arriva dans la région au XVIIIe siècle. Elle chassa les marchands et paysans d'Asie Centrale et de Sibérie Orientale. L'URSS continua le travail, rabotant les frontières de la Chine.
Staline lorgnait sur le Xinjiang (qui lui ouvrait un passage vers l'Inde) et la Mandchourie (dans l'optique de disposer d'un accès au Pacifique Nord, utilisable toute l'année.) 

Nikita Khrouchtchev avait levé le pied sur l'expansionnisme territorial. Néanmoins, la Chine restait sur ces gardes. Les champs de Karamay et de Daqing, dans les régions frontalières de l'ouest et du nord, étaient l'occasion d'occuper le terrain (au sens propre.)

Enfin, il y avait un logique d'aménagement du territoire et de recomposition à grande échelle.
A travers les siècles, le centre fut régulièrement frappé par des famines aux proportions bibliques. Au XVIIe siècle, alors que le pays connaissait une relative stabilité politique, des paysans gagnèrent la cote, y espérant une vie meilleure. Lorsque les occidentaux ouvrirent des comptoirs en Chine, le flux s'intensifia.
Les empereurs tentèrent déjà de dérouter les flux vers les régions frontalières. Mao interdit carrément l'immigration vers les grandes villes. Par contre, il encouragea l'établissement de grandes fermes collectivistes dans le Helongjiang et le Xinjiang.
Dans le Xinjiang, il s'agissait aussi de noyer démographiquement les Ouïgours, dont Pékin se méfiait. Le champ de pétrole de Karamay se transformant en ville d'un demi-million d'habitants, presque exclusivement peuplée de Han. Entre parenthèses, l'industrie pétrochimique nécessite des ingénieurs, des contremaitres, etc. Or, Mao se méfiait des cols blancs (NDLA : oui, Mao se méfiait de beaucoup de monde...), accusés d'être "droitiers". Pékin était donc bien content de les expédier aux confins du pays.

Officiellement, du 29 octobre 1955 à nos jours, Kamamay fut une success story. Une oasis d’opulence. Le China People Daily annonce qu'il y a 11,5m² d'espaces verts par habitants. Circulez, il n'y a rien à voir. Il faut tout de même noter qu'aux débuts des années 70, Hong Qi étudia un corbillard, car Karamay déclarait en manquer... Ce qui donne une indication sur les conditions de travail sur le site...

Difficile d'obtenir des informations de qualité sur le Xinjiang et la situation des Ouïghours.

La seule évidence, c'est la volonté de "Haniser" la région.
Le nouvelle outil, c'est la Nouvelle Route de la Soie. Pendant longtemps, la principal route hors de Chine filait plein nord, le long de la Mer de Chine Orientale, vers Vladivostok, avant de filer à l'ouest, à travers la Sibérie. Une route quasi-impraticable l'hiver et surtout, favorisant la Russie.
La Chine n'a pas hésité à bâtir des milliers de kilomètres d'autoroutes et des voies ferrées à travers le centre et l'ouest pour rallier le Kazakhstan (où il a financé une autoroute vers Orenbourg.) Les post-frontières d'Alashankou et de Khorgas ayant été transformé en vastes nœuds ferroviaires et routiers. Villes déjà à majorité Han. De nombreux emplois ont été créés dans la supply chain, le transport, mais aussi le tourisme, l'évènementiel... Des emplois qualifiés, hors de portée d'une population locale (y compris parmi les Han) ayant peu fréquenté les universités. Une centaine de milliers d'habitants venus du reste de la Chine se sont ainsi installés là.

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