Mini-essai Aiways U5
Le gag, c'est que pour découvrir Aiways, il faut aller chez MG ! L'importateur (qui n'est pas une filiale de la marque à l'octogone) a décidé de prendre également un panneau Aiways.
Un show-room dédié est en cours de travaux. En attendant, l'accueil ds clients se fait chez MG. Je le connais bien, ce point. C'était il y a peu un concessionnaire Honda-Mazda (et j'y ai amené ma MX-5.) Et auparavant, c'était un concessionnaire Rover.
Justement, en 2005, le naufrage de MG-Rover avait été un choc. Jusqu'au bout, d'aucuns pensait que SAIC allait racheter aux Phoenix Four et poursuivre la production. La France était alors le premier marché à l'export du groupe. Et de nombreux concessionnaires furent livrés à eux-mêmes.
Asie Auto naquit sur les ruines de MG-Rover France et elle proposa un nouveau produit à importer, le Landwind X-Pedition.
Vu de Chine, le Landwind X6, alias X-Pedition, était une success story. Difficile de résumer le parcours de Jiangling Motor Group (JMC) en quelques lignes. En tout cas, en 2005, près de 60 ans après sa création, elle se lançait dans les SUV milieu de gamme.
Mais vu de France, on y voyait surtout un ancien Isuzu Trooper/Opel Frontera équipé d’asthmatiques moteur Mitsubishi essence. Les observateurs juraient que ce n'était que l'avant-garde de l'offensive Chinoise. Par contre, les visiteurs de Mondial 2006 étaient plutôt moqueurs.
Le X-Pedition était déjà mal parti. L'ADAC l'acheva avec un crash-test où le SUV broya les occupants à l'avant. Chez Landwind, la zone de déformation allait jusqu'au pilier B ! Landwind commercialisa un X-Pedition "2.0" avec un diesel Isuzu et surtout, une structure revue. Le distributeur Néerlandais s'accrocha quelques années, avec des ventes à un chiffre. La marque était brûlée en Europe.
Ensuite, ce fut le chaos, en Chine. Les généralistes envahirent le secteur des SUV, avec des moyens disproportionnés par rapport aux pure players. Avec le X8, en 2009, Landwind proposa un SUV low-cost plus moderne, à destination des zones semi-rurales.
En 2015, le constructeur clona carrément le Range Rover Evoque avec le X7. Il attira une clientèle qui souhaitait un Evoque, mais pas son ticket de caisse. Or, le vrai était produit en Chine par une joint-venture entre Chery et JLR. Le plaignant n'était donc pas un étranger, mais un Chinois et les tribunaux furent ainsi sévère, pour une fois.
En parallèle, un certain Fu Qian quittait Volvo pour créer son entreprise de VE, Aiways. Il racheta Gumpert pour disposer des services de Roland Gumpert et d'un ancrage allemand.
Landwind avait du mal à exister sans le X7. Le Rongyao, dessiné par Fabrizio Guigiaro, était un flop. JMC proposa un deal à Fu Qian. Aiways allait disposer des infrastructures de Landwind, en échange d'une entrée au capital du groupe. L'U5 est lancée fin 2019, à Nanchang et Landwind avait vécu.
Présentation
A priori, l'U5 n'a techniquement rien à voir avec les anciens SUV Landwind. On peut néanmoins supposer que les équipes d'Aiways et de JMC se soient tout de même inspiré de ce qu'elles connaissaient.
L'U5 est tout en longueur. A 1,86m, il a la largeur d'un 3008. Mais à 4,68m, il est long comme un 5008 ! La face avant est plutôt futuriste. Le profil se montre plus consensuel. On attend un U6ion, plus gros t plus typé.
Globalement, c'est plutôt pas mal. Seules les roulettes (du 19 pouces, avec du 17 pouces en entrée de gamme !) trahissent sa nationalité chinoise.
Intérieur
J'avais pas mal d'a priori et j'ai été agréablement surpris.
Le premier point, c'est que l'on est assis assez haut. L'intérieur est spacieux et lumineux (qui plus est, un toit vitré arrivera cet été.) L'intérieur skaï/cuir végan (propre à la finition premium) est probant. Aiways a fait l'effort de (bien) traduire son système d'infotainment et d’accepter les applis de Google, Apple, etc. (Ses marques étant bannies en Chine, le constructeur a du entièrement reprogrammer son soft.)
J'ai apprécié la caméra à vision panoramique 360°, idéale pour s'extraire d'un vieux parking souterrain.
Jusqu'ici, le tableau est plutôt flatteur. Hélas, c'est un peu la décevant à l'usage.
Le bon point, c'est l'amortissement, a fortiori pour un VE. L'U5 passe sur les nids de poule et le patchwork d'asphalte sans rien en transmettre aux occupants. Ce qui n'était pas le cas de la Fiat 500 électrique, par exemple.
Pas de mode "B", sur la boite. Vous pouvez par contre gérer la force du freinage, avec trois modes. Même en "1" (le plus faible), il n'y a pas de "creeping" et il faut appuyer franchement sur l'accélérateur pour avancer. L'U5 revendique 400km d'autonomie en cycle WLTP. Ce qui est inquiétant, c'est qu'au bout de 10km d'essai, la jauge a baissé de 50km... De nouvelles batteries, plus performantes, offriront bientôt 20km d'autonomie réelles supplémentaire.
Dans Paris, pas question de pousser. Avec 1,7t à vide, l'U5 a du mal se réveiller, malgré 150kW (l'équivalent de 204ch) sous le capot. A confirmer sur route, mais le centre de gravité semble bien haut. Précisons qu'il est exclusivement proposé en 4x2.
Que de chemin parcouru en 15 ans et le Landwind X-Pedition !
L'Aiways U5 est assez bien né : des lignes agréables, un intérieur correct... La seule ombre, c'est ce côté pataud. A 39 700€ (hors bonus), c'est une offre en SUV électrique, positionnée entre les segments C et D, assez inédite sur le marché (hors premium.)
Pour 400€ de plus, on peut s'offrir la finition intermédiaire de la DS3 Crossback e-tense. Moins habitable (euphémisme), moins bien équipé, mais plus abouti. Sans oublier l'aspect rassurant du badge DS... L'U6ion devrait se montrer plus convaincant auprès des early adopters.
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