Quelques oubliées

C'est une de ces départementales de banlieue transformées en 2x1 voies. Ca n'avance pas. Un Renault Master très fatigué attire mon regard. Derrière, il y a une DS ! Du coup, cela mérite une investigation...

A la fin des années 70, il y eu une grosse vague de concentration dans le secteur des utilitaires légers et moyens. Renault en fut l'un des acteurs, en reprenant Berliet (1978), puis Dodge UK (1983.) Ce fut accompagné d'une offensive produits avec le Trafic (1980), le Master (1980) et l'Express (1985.) Le deux fourgons étaient vendues avec une large palette d'empâtements, de motorisations et de transmission. Un choix relativement inédit.

En 2023, il s'est vendu 287 696 VU, en France. Ce n'est pas encore le niveau de 2019, mais c'est un mieux. Renault est largement en tête, avec 112 570 unités. Mais au cumul des ventes, Peugeot et Citroën sont juste devant, à 118 839 unités. Ce qui signifie que les marques étrangères représentent à peine 20% des ventes. L'Iveco Daily étant le seul à s'insérer dans le Top 10.
Les Européens manquent d'agressivité ; il y a une espèce de pax romana du VU. Il faut dire que les tentatives des Japonais, puis des Coréens furent des bides. La nature a horreur du vide et gare aux Chinois...

Après le covid, on avait l'impression d'assister à la fin de l'automobile. Il s'était vendu 2,8 millions de vélos et l'offre n'arrivait pas à satisfaire la demande ! En cause, les pénuries de semiconducteurs (vitaux pour les VAE) et d'aluminium. En 2022, les commandes 2021 furent honorées, mais il n'y eu pas de nouveaux clients. D'où un replis à 2,6 millions. Puis un second replis en 2023 (impossible de trouver des chiffres.) L'année fut marquée par les faillites : les vélos VanMoof (finalement repris), Mate Bike (lui aussi repris), Flyer et Reine Bike, les vélo-cargos Kiffy et GLEAM, les sites de ventes Probikester et Probikeshop...
Mon analyse, c'est que les vélos touchèrent un plafond de verre. Sur les réseaux sociaux, il y a des cyclopathes. Des Soyjak qui pédalent, GoPro sur la tête et prennent à parti automobilistes et piétons qui osent se mettre en travers de leur passage. Ensuite, ils mettent leur vidéo en ligne, sans se rendre compte que 9 fois sur 10, ce sont eux qui sont en tort. Etre assimilés à ces frustrés, c'est forcément un repoussoir pour nombre de de personne. Certains cyclistes en sont même revenus : pannes, vols, chutes, intempéries l'hiver... Cet été, au Bois de Vincennes, il s'est soudainement mis à pleuvoir des cordes (avec une belle chute des températures.) Alors que je courrais vers ma voiture, j'ai vu un père de famille en vélo-cargo, mettre une espèce de fine bâche sur ses deux jeunes enfants. La scène faisait vraiment pitié. Sur Paris, il y a aussi la question des interminables travaux du Grand Paris Express. Des Parisiens se sont installés à proximité des futures stations et ils ont dû se remotoriser. Sur 2024-2025, on devrait enfin voir les premiers prolongements de ligne. Les néo-Franciliens vont-ils alors délaisser leurs voitures ? Y compris les utilitaires ?


La fameuse DS. Probablement une ID/DSuper/DSpécial. Je croise régulièrement des DS ventousées (ici, ici et ici.) En 2024, on n'est pas encore à tenter de restaurer la moindre DS ! En tout cas, c'est dommage de laisser rouiller une telle voiture, ne serait-ce que pour les pièces.

Notez qu'en 2023, DS Automobiles a connu une légère baisse, en Europe, à -3,1%. La marque n'arrive pas à franchir le cap des 50 000 ventes annuelles.

The Critical Drinker a fait une série de vidéos sur YouTube où il énumère les problèmes actuels des films d'action. L'une de ces vidéos traitait du fait que les personnages ne mourraient plus. La mort d'un gentil, c'était un outil scénaristique. Le méchant pouvait assassiner l'épouse du héros, induisant ainsi une soif de vengeance, chez le héros. Ou bien, dans une phase périlleuse, un compagnon du héros mourrait, soulignant bien la dangerosité de la situation. Charlton Heston, l'un des premiers spécialistes des actionners, aimait les morts christiques. Le héros qui se sacrifiait pour que l'humanité triomphe (cf. Omega Man, Soleil Vert, Tremblement de terre...) Plus récemment, dans Le réveil de la force, la mort d'Harrison Ford fut un moment-clef. La séquence, jusqu'ici très rythmée, faisait une pause. L'un des personnages principaux mourrait et tous les autres personnages étaient sidérés. Donc le spectateur était lui aussi choqué.
Or, dans les films de superhéros actuels, la mort n'est plus définitive. Il y a des portails vers d'autres univers, des voyages dans le temps, des reboots... Ou, bien, comme dans Fast & Furious, on fait réapparaitre Takashi, comme ça. Mais du coup, forcément, la mort perd de son importance. Si dans un prochain film, Hulk meurt, vous savez inconsciemment qu'il sera ressuscité au film suivant. Donc la scène est moins poignante et vous rentrez moins dans l'action.
Quel rapport avec l'automobile, a fortiori avec DS ? C'est un phénomène similaire. Auparavant, les constructeurs étaient des entités fragiles. Tout particulièrement dans le luxe. Et cela avait quelque chose de fascinant. Facel-Vega débarquait de (presque) nul part, au milieu des années 50, brillait de mille feux et disparaissait sans laisser de trace. Il n'existe même pas de "rue Jean Daninos", à Dreux ! L'histoire de l'automobile était jalonnée de telles supernova. Les Exner père et fils se spécialisèrent dans les prototypes de marques mourantes ou mortes (Talbot Fulgur, Bugatti 101, Mercer Cobra...) Néanmoins, il s'agissait d'hommages. Le retour de Bugatti (via Bugatti Spa) avait été un évènement. Tout le monde retenait son souffle, puis Romano Artioli, tel le docteur Frankenstein, s'écriait : "IT'S ALIVE ! IT'S ALIVE ! IT'S ALIVE !" Mais ensuite, les projets se multiplièrent.
La DS Inside (annonçant la DS3) fut dévoilée au salon de Genève 2009. A quelques mètres de là, Aston Martin présentait la Lagonda Concept. Un an plus tard, alors que la DS3 prenait sa forme définitive, AC et Hispano-Suiza annonçaient leur retour, tandis que Renault déployait Gordini. FCA éteignait Lancia en 2017 et Stellantis la rallumait en 2022. A Chantilly, on célébrait la renaissance de Delage et de De Tomaso. Sans oublier les versions modernes de modèles du passé, comme la R5. C'est la méthode Christophe Schwartz !
Jusqu'ici, l'obstacle principal, c'était la propriété du nom. Mais certains ayant-droits, comme Safran (Bugatti et Hispano-Suiza) ou AM General (Hummer) ont préféré se séparer de marques dans leur portefeuille. Demain, Saab ou Arquus (Panhard) pourraient choisir de faire de même, pour se faire un peu d'argent de poche. Justement, à l'heure où les constructeurs veulent du cash pour financer leurs études, certains pourraient être tenté de monétiser des labels dormants. La tendance à la résurrection devrait s'accélérer. En conséquence, cela n'étonne plus personne. Dans un monde où tous les quatre matins, une marque renaît, en quoi DS peut-il être audible ? Le discours du "c'est ancien, ça vient de sortir" est devenu complètement galvaudé.


Une Volkswagen Polo. Une simple Polo Mk4. En Chine, elle possède un intérêt historique. Mais en Europe...

Il y a quelques années, une amie en avait repérée une, à vendre. Je jouais les "experts VO". C'était une 1.2 automatique, de mémoire. Techniquement, la voiture n'était pas mal. Par contre, elle était sale...  Bon sang, il y avait une épaisse couche de poussière sur le tableau de bord, le volant était collant et il y avait plein d'emballages de kebab et de bouteilles vides à l'arrière. En prime, côté essence, on était sur la réserve. Sans surprise, mon amie n'en a pas voulu.
Bon sang, si vous vendez votre voiture, faites un minimum le ménage !

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