Dealerships : Paris 20

Après avoir photographié le PSA Retail République, je suis rentré par le chemin des écoliers. Normalement, dans Paris, il n'y a pas de garages abandonnés : la demande en immobilier est telle que le moindre pas de porte vacant est immédiatement repris. Mon regard est attiré par un vaste espace vitré. Les logos ont disparu, mais un panneau "Ampera" ne laisse aucun doute sur l'ancien occupant des lieux... Et surtout, il y a une Opel Astra Sports Tourer à l’intérieur !

Les vitrines sont très sales et il n'y a pas de "protocole gestes barrières". Ce concessionnaire est donc fermé depuis des mois ; sans doute avant le confinement.

 Pourtant, il y a un second véhicule à l'intérieur : une Insignia Sports Tourer.


Renseignements pris, il s'agit de Opel Merino Sporting Paris 20 ; du même groupe que Demaria. Curieusement, il est toujours noté "ouvert" sur Google. Ainsi, dans Paris, il ne reste plus qu'Opel PSA Retail Paris, Porte de Versailles et Opel Garage Montet, près des Champs Elysées. Il n'y a plus de point de vente sur l'ouest Parisien.

Des concessionnaires dans Paris, toutes les marques en ferment. Néanmoins, Opel souffre plus que d'autres. Ces vingt dernières années, la marque au blitz a connu une baisse quasi constante de ses ventes. Passant de 1 672 578 ventes en 1999, à 1 006 683 unités en 2010 et 808 576 en 2019. Sur les huit premiers mois de 2020, Opel n'a écoulé que 294 252 voitures (-51%), dans un marché Européen qui chute de 33%. En espérant que le nouveau Mokka permette de sortir de la spirale infernale...

Plus généralement, c'est un paradigme qui est à bout de souffle. L'agencement des concessionnaires dérive d'un concept défini il y a près de 150 ans !

Au premier quart du XIXe siècle, les magasins alimentaires commencèrent à vendre des produits courants (habillement, ustensiles, nettoyage, bricolage...) L'agencement était simple : dès l'entrée, vous aviez un comptoir faisant toute la largeur du magasin. Vous demandez un produit à l'épicier et il va le chercher lui-même, dans les rayons derrière lui. Lorsque vous passiez la porte de l'épicerie, vous étiez donc obligatoirement en position d'achat ; impossible de flâner.
Puis la seconde révolution industrielle apportait toujours plus de produits, toujours plus de marques. On a tôt fait de se rendre compte que pour que le client dépense, il faut qu'il soit à l'aise. C'était le concept de libre-service et le grand magasin. Le client s'y déplaçait librement, dans un espace lumineux et il pouvait tâter la marchandise avant d'éventuellement acheter. Le tout sous le regard de conseillers de vente qui se montraient discrets.
Lorsque l'automobile apparu, on songea très vite à adapter le concept de libre-service à l'automobile. C'était les halls d'exposition. Ce traitement réservé à l'origine au premium fut étendu. Toujours plus d'espace, toujours plus de lumière ! C'était d'autant plus vital dès les années 90, lorsque les constructeurs agrandirent leurs gammes et qu'ils souhaitaient que les points exposent l'ensemble de leurs produits. Ici, on voit bien comment le concessionnaire s'agrandit étape par étape, le long de la rue de la Roquette.
Puis il y eu l'idée de faire toujours plus de flux, que le client pousse régulièrement les portes de la concession. D'abord, on a mis le paquet sur le merchandising (textile, jouet...), puis on y a organisé des after-work, des expositions d'anciennes, etc. Néanmoins, la pression immobilière est toujours plus forte, tandis que les ventes stagnent.

Il faut également savoir que constructeurs et réseaux ont organisé un statu quo vers 2005.
A l'époque, les constructeurs songeaient à vendre sur internet ou en grandes surfaces. Il s'agissait de se rapprocher des nouvelles habitudes de consommation. Pour autant, cela allait à l'encontre des accords de concessions (ce dernier disposant d'une exclusivité sur un territoire donné.)
Les concessionnaires, eux, souhaitaient pouvoir vendre plusieurs marques sous le même toit. Au grand dam des constructeurs qui ne veulent que l'on mélange les torchons de la concurrence avec leurs serviettes !
L'UE donna son accord faire voler en éclat tous les contrats d'exclusivité. Mais concédants et concessionnaires avaient trop à perdre.

Personnellement, je pencherais pour une remise à plat. Internet peut fonctionner pour des opérations ponctuelles, type promotion sur un modèle précis. Les centres commerciaux sont un canal de vente, encore qu'il a sans doute déjà passé son age d'or. Les concessionnaires, eux, devraient revenir au modèle du "garage du coin de la rue". Une surface restreinte, en phase avec les contraintes foncières et des services de livraison et de maintenance à domicile.

Commentaires

Articles les plus consultés