Classic Days 2020


Jusqu'ici, les courses de 2020 ont eu lieu à huis clos. Désormais, les circuits rouvrent. Je ne suis pas un grand, grand fan des Classic Days, mais j'ai été sevré de sport auto depuis si longtemps, que j'ai parcouru les 255km jusqu'à Magny-Cours !

Et au moment où j'arrivais à l'entrée, la languette de mon masque cassait. Donc j'ai du en acheter un nouveau, à la pharmacie. Ce n'était pas pour les 0,80€ ou le détour de 5 minutes. C'était plutôt la frustration d'avoir parcouru 255km et d'avoir un pépin dans les derniers mètres...

Au deuxième passage, mon nouveau masque tient le coup (au cas où, vu que je n'en avais pas d'autre, je l'ai conservé jusqu'à Nemours.)

Une Chevrolet Chevelle façon "pro-stock" des années 80 m'accueillit. Des gens bricolaient une Corvette C2, sous le regard de quidams. Une Dodge rentrait au stands, avec le glou-glou du V8 (NDLA : ce n'est pas une conduite à droite ; le conducteur est masqué par le reflet.) Me voilà plongé dans le bain... Il n'y a pas à dire, le réel, c'est mieux que le virtuel !

Ari Vatanen

C'était l'invité-vedette de ces Classic Days 2020. Le champion du monde de rallye était attendu lundi matin, à la première heure, pour la présentation du Tour Auto, au Grand Palais. Il est désormais porte-parole de BMW et n'a plus aucun lien avec Peugeot. Il aurait eu 1000 raisons de décliner.

Néanmoins, il est là, à dédicacer des 205 T16 au 1/18e et à répondre à des questions sur des voitures qu'il a conduit il y a plus de 30 ans, parce que c'est un grand monsieur et qu'il respecte ses fans.

La 405 Turbo 16 "Pikes Peak". A la fin des années 80, Peugeot souhait percer aux Etats-Unis. D'où cette monstrueuse 405. Le turbo développait plus de 600ch. Ari Vatanen remporta la montée 1988 et Robby Unser (fils de Bobby Unser et cousin germain d'Al Unser Jr), la montée 1989.

C'était la voiture bonus de V-Rally (où Ari Vatanen avait officié comme consultant.)

Enfin, c'était la star de Climb Dance, un court-métrage présentant la montée de 1988 en multi-angles (du jamais-vu à l'époque.)

Autre ex-Vatanen : la Peugeot 405 Turbo 16 victorieuse au Paris-Dakar 1990.

La 205 Turbo 16 du Paris-Dakar 1987 était peu ou proue celle de la fin du championnat du monde de rallye 1987. Pour 1988, la 205 reçu un châssis long.
Puis le service marketing décida de pousser l'ambitieuse 405. Et la 205 Turbo 16 "Evo" devint une 405 Turbo 16 pour le Paris-Dakar 1989.
La 205 et la 405 furent invaincues. Ari Vatanen remportant 3 des 4 succès du lion. La force du constructeur fut de "vendre" ces victoires comme un exploit. Néanmoins, après le retrait de Porsche, il n'y avait plus guère d'opposition.
Pour 1991, Citroën Sport entra en scène. La première mouture de la ZX Rallye-raid restant proche de la 405 Turbo 16. Le chevron récupérant les pilotes Peugeot. Quant au lion, il mit le cap sur le sport-prototype. La Peugeot 905 ayant déjà été dévoilée, à l'automne 1989...

Henri Pescarolo et la March 721

L'autre tête d'affiche, c'était cette March 721. Une voiture appartenant désormais à Richard Mille. Henri Pescarolo en prenant lui-même le volant.

C'était une drôle d'époque. Frank Williams tentait de faire sa place en F1. Il y arrivera après dix années d'abnégation. La famille Williams vient d'ailleurs de revendre ses parts dans l'écurie de F1.
En 1971, il s'était offert une March et il fit de même en 1972. Pour la piloter, un Henri Pescarolo licencié par Matra, fin 1970 (mais qui continuait à piloter pour l'équipe en endurance.) Motul assurant la soudure. En 1971, "Pesca" avait obtenu deux places d'honneur, avec la première March de Williams. 1972 fut hélas une déception. Le Français n'inscrit pas le moindre point.
Ce fut sa dernière saison complète. Après une pige avec Williams en 1973, il fit une saison presque complète avec une équipe BRM au bout du rouleau, puis il y eu la Surtees, fin 1976. Sauf erreur, il effectua des séances d'essai en 1977. Les équipes faisant alors rouler des pilotes les mardi et mercredi précédant un Grand Prix.

Talbot-Lago
Cette année, les Classic Days rendaient également hommage à Talbot-Lago. Cet évènement se concentre d'ordinaire davantage sur les marques grand public et sur la période 60-70-80.

L'histoire de Talbot fut assez compliquée. En 1932, Antony Lago fut nommé dirigeant de Talbot France (ex-Darracq.) Cela n'empêcha pas une faillite, deux ans plus tard. Après une période de flottement, Lago racheta Talbot en 1936, la détachant de sa maison-mère anglaise.

Talbot-Lago brilla à la fin des années 30, puis dans l'immédiat après-guerre. La T26 C était LA monoplace juste avant l'éclosion du championnat du monde des conducteurs.

La bleue est une monoplace à peine modifiée. A son volant, Louis Rosier remporta les 24 heures du Mans. Rosier ne céda le volant à son fils (également prénommé Louis) que pour manger un morceau ! Pierre Levegh tentera de faire de même, en 1952... Rosier fut l'un des "pères" du circuit de Charade. Concessionnaire Renault à Clermont-Ferrand, il commandita un cabriolet sur base 4cv. Il mourut à Montlhéry en 1956. Brissonneau et Lotz produisit la voiture à Creil, future usine de l'Opel GT.

La période dorée de Talbot-Lago prit fin vers 1950. Comme Delahaye ou Bugatti, Talbot-Lago manquait de budget et de perception des réalités du marché. La T14, renommée ensuite America, fut un effort trop tardif et la marque d'être absorbée par Simca.


Et dans les allées, il y avait des Talbot-pas-Lago...

D'autres voitures...

Beaucoup de voitures mériteraient un encart. Je vais me contenter d'en évoquer quelques unes.

Vers 1985, Gérard Larrousse voulait quitter Renault F1 et créer sa propre structure. Philippe Alliot, Didier Calmels et lui veulent commencer petit, avec Larrousse-Calmels. Jean-Paul Driot et René Arnoux, eux, voulaient passer au préalable par la F3000. Gilles Gaignault, bras droit de Jean-Marie Balestre (et qui connait les arcanes de la FIA) et son beau-père Pierre Blanchet (qui apportait le budget) les rejoignirent. Ce fut GDBA (Gaignault-Driot-Blanchet-Arnoux.) GDBA s'appuyait sur le staff de Synergie (ex-Rondeau.)

Au volant de cette Lola T87, Michel Trollé remporta une victoire.

La saison suivante, GDBA monta plusieurs fois sur le podium. Prochaine étape : racheter AGS et y placer Trollé aux côtés de Philippe Streiff. Puis ce fut la série noire : grave accident de Trollé et de Streiff, puis décès de Blanchet.
Driot et Arnoux créèrent une nouvelle structure, DAMS.

L'aventure de Ford au Mans ne s'acheva pas avec la GT40. Il y eu bien sûr la Mirage GR8 victorieuse aux 24 heures du Mans 1975. Mais entre les deux, il y eu plusieurs tentatives malheureuses, comme la GT70 ou la Ford P68.

Plus qu'une évolution de la GT40, Alan Mann se fit construire une voiture inédite par Ford, autour du nouveau (et bientôt célèbre) V8 DFV.
Dans les biographie de Jim Clark, on lit qu'il n'avait pas envie de disputer cette épreuve de F2 hors-championnat, qu'il aurait préféré "courir avec une GT40". La "GT40" en question, c'est cette P68. Elle a effectivement débuté, à Brands Hatch, le week-end où le double-champion s'est tué à Hockenheim. C'est Ford qui l'aurait poussé à courir là, à moins que ça soit les retards de conception de la P68 qui l'ait refroidi.

La P68 fut un bide. Les pilotes la trouvaient inconduisible et en plus, elle n'était pas du tout fiable. Chris Irwin fit une grosse sortie de piste, sur le Nürburgring et il souffre encore aujourd'hui de stress post-traumatique.
Après deux apparitions en 1969, Alan Mann jeta l'éponge. Il rouvrit boutique vers 2000, pour faire du VHC.

Une Ford Fairmont break. Une voiture similaire (mais crème) apparaissait dans La Camisa Negra de Juanes. Quand je travaillais pour Audi, à Croix-en-Ternois, on avait une TV en salle de pause. L'une des seules chaines que l'on captait, c'était MCM, qui n'avait que 10 clips en rotation, dont celui-ci. Alors la Ford Fairmont, je saurais la reconnaitre entre mille !

Le gag c'est que cette voiture possède un lien avec Audi. Lorsque Ford voulu lancer une plateforme compacte, leur modèle, c'était l'Audi 80 et sa cousine, la Volkswagen Jetta. La Jetta s'appelait "Fox" aux USA, d'où le nom de la plateforme. 

Le résultat fut tout de même loin de la firme aux anneaux... Comme toutes les Américaines du début des années 80, la Ford Fairmont avait une longue liste de défauts : sous-motorisée, carrosserie biodégradable, létale en cas de choc frontale avec un caddie, etc. Le faux-bois de la version break rajoute sur le côté kitsch et désuet. Mais c'est aussi ça qui rend les voitures de la "malaise era" si attachantes...

Une Citroën Acadiane pick-up. Le traitement de l'arrière est identique à celle croisée dans un terrain vague, derrière un garage. A croire qu'il s'agirait donc d'une réalisation produite en petite série...

Forcément, avec le temps, des voitures deviennent "collectionnables". C'est le cas de ces Peugeot 309, dont plusieurs n'étaient même pas des GTI !

Les Renault 8 Gordini atteignent des côtes astronomiques. Solution de replis : les R5 "Coupe" et surtout, les R12 Gordini.

Le plateau "monoplace" regroupe F3, FR, FF... Et ces MEP. Le club MEP est très dynamique, d'où sa présence en force à Magny-Cours. C'était étonnant d'entendre l'inimitable bruit du bicylindre Citroën sur une monoplace !

Les Japonaises avaient leur coin. Globalement, j'ai l'impression qu'elles sont de mieux en mieux acceptées.

Alors qu'à la Traversée de Paris 2014, on m'avait refusé de me garer sur l'esplanade du Château de Vincennes, avec "ma" Datsun 240Z...

Et il y a ainsi des centaines de voitures exposées. Dans le paddock du circuit, les voitures étaient à peu près parquées par nationalité et par marque. Mais à l'intérieur du circuit, c'était un peu n'importe quoi...

Mais bon, globalement, le ton était à la bonne humeur. Les propriétaires étaient heureux d'exhiber leurs voitures et les visiteurs, heureux de les voir. Et les enfants avaient des yeux comme des soucoupes...

Particularité : presque toutes les voitures avaient droit à un tour de circuit. En théorie, c'était une démonstration. Ce qui n'empêchait pas certains d'attaquer franchement...

La parade

Quand il n'y en a plus, il y en a encore ! Alors que la piste fermait et que les gens repartaient, c'était l'heure de la parade vers Nevers. Une file d'anciennes sur la Nationale 7...

Et bien sûr, sur le bord de la route, on nous applaudissait. Certains filmaient. Cela portait une notion de proximité, de partage.

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