Ducati Diavel 1260 Lamborghini
D'ordinaire, les motos sont rarement évoquées sur ce blog. 1) Je n'y connais pas grand chose (et je ne possède pas le permis A.) 2) Ce sont des articles pas ou peu lus.
C'est dommage, car il y a beaucoup de passerelles entre auto et moto. La preuve avec cette Ducati Diavel 1260 Lamborghini. La firme au taureau m'a envoyé le lien de l'e-présentation et je n'ai pas été déçu...
La Diavel (Diable, en italien) est le second gros roadster de l'histoire de la marque. Elle a été lancée en 2010. A l'époque, Ducati flirtait avec AMG et il y eu ainsi une Diavel AMG. Deux ans plus tard, Volkswagen s'offrait la marque et la deuxième génération de Diavel fut dévoilée lors d'une "soirée VW", en ouverture du salon de Genève 2014.
Le rachat de Ducati était le fait du Prince. Le prince étant Ferdinand Piëch. Alors que Volvo, Renault et FCA détachaient leur marque VL du reste de leurs activités, Piëch souhaitait au contraire devenir un "constructeur total". Il batailla pour s'offrir Scania et après avoir songé à une moto Audi, il s'offrit Ducati.
Ensuite, difficile de trouver des synergies. Au Mondial 2016, Volkswagen exhiba une XL1 à moteur Ducati, la XL Sport. Puis ce fut le rapprochement avec Audi et la présence sur le stand de la marque aux anneaux, au Mondial 2018. Puis Ducati fut aiguillé vers Lamborghini.
Aujourd'hui, Volkswagen a besoin de liquidités pour financer son programme d'électrification. Le très contesté Herbert Diess a mis un écriteau "à vendre" sur le fronton de la marque de moto. Geely (déjà propriétaire de Benelli) serait candidat.
Motor Valley
En attendant, tout va très bien, madame la marquise. Claudio Domenicali, le PDG de Ducati (sans lien de parenté avec son ex-homologue chez Lamborghini) nous accueille au musée de la firme au taureau.
Pourquoi Ducati et Lamborghini travailleraient-elles ensemble ? Domenicali évoque alors la Motor Valley, l’Émilie-Romagne. Lamborghini, Ducati, mais aussi Ferrari, Maserati, Pagani et en poussant plus loin, Alpha Tauri.Dire que pour le grand public, c'est uniquement la région des spaghetti bolognaises et du vinaigre balsamique !
La moto
A 1:49, enfin la Diavel 1260 Lamborghini apparait... Pour une seconde.
Car le réalisateur a décidé de nous faire un teasing façon bande-annonce Marvel : une image pendant une seconde, puis un fondu au noir.
On voit ainsi défiler divers détails de la Diavel 1260 Lamborghini. Même le profane comprend qu'il a affaire à un gros cube, visiblement taillé pour la vitesse...
Centro Stile Lamborghini
Nouvelle vue générale, avec gros plan sur la jante.
Et voilà la Ducati aux côtés d'une Lamborghini, dans la pénombre. On est à 2:45 et cela fait donc une minute que l'on subit des teasing et des fondus au noir. Pour autant, là, on devine des véhicules exceptionnels et on reste bouche bée. On aurait été au temps de l'argentique, j'aurais déjà consommé un film entier !
Les lumières s'allument. On a donc une Diavel 1260 Lamborghini et une Lamborghini Siàn FKP 37. La parenté saute aux yeux, ne serait-ce qu'à cause de la robe et de la jante arrière de la moto.
Mitja Borkert, responsable du design chez Lamborghini (et "père" de la Siàn), nous prend en main. Motard, c'est un "Ducatista".
Comme Stefan Winkelmann, c'est un Allemand plus Italien que les Italiens ! Il parle donc avec les mains, voilà pourquoi elles sont floues.
Très pédagogue, il nous explique les codes du design Lamborghini. La Countach, c'est d'abord un traitement de l'avant. Mais il y a aussi un traitement du profil, à la hauteur de l'habitacle, très particulier.
Il nous montre comment il a appliqué ce langage à la Siàn, dévoilée au salon de Francfort 2019.
Soit dit en passant, la Siàn est un véhicule remarquable dans l'histoire de Lamborghini. En effet, il s'agit de la première hybride de la marque produite en -petite- série.
Pour la Diavel 1260 Lamborghini, il y a des transferts évidents, comme la teinte ou la jante arrière.
D'autres sont plus subtils. Ainsi, la signature visuelle, avec les trois lames deviennent un motif sur la selle. Quant aux feux arrières hexagonaux, ils se transforment en sortie d'échappements !
Plus tortueux : motard, Borkert avait voulu détacher les ailes de la Siàn, pour en faire des espèces de garde-boues de motos. C'est d'autant plus visible à l'arrière.
Aile arrière qui inspira... Les écopes de la moto !
Andrea Ferraresi le rejoint. C'est l'homologue de Borkert. Il résume la genèse. A Francfort, Claudio Domenicali tomba en arrêt devant la Siàn et il songea à l'intégrer à Ducati.
Ensuite, Ferraresi apporta une Diavel au centro stile Lamborghini. Borkert lui fit une présentation de la Siàn et les deux hommes réfléchirent à comment en intégrer ses codes sur une Ducati.
Borkert n'avait vu jusqu'ici que des photos du résultats? Ferraresi lui présente la Diavel 1260 Lamborghini. Il se jette tout de suite sur la jante arrière, étonnée de voir comment Ducati a réussi à en reprendre le dessin.
Le responsable du design de Lamborghini se recule pour voir l'ensemble, il s'accroupit pour examiner un détail, il palpe la carrosserie... Il a du mal à contenir son excitation. On n'est plus dans une présentation hyper corporate, c'est une séquence rare de spontanéité.
TechniqueFerraresi reprend la main pour nous dévoiler plus en détail la moto. Parmi la dizaine de e-présentations, c'est la première avec un vrai point technique.
Elle reprend le Testastretta DVT en version 1 262cm3. Ce gros bicylindre développe 162ch à 9 500tr/min et offre 129Nm de couple. Un bicylindre non pas en "V", mais en "L".
Malgré ses 2,2m de long, elle se veut agile.
Sur cette vue soulignant les éléments spécifiques, on voit bien que la quasi-intégralité de la carrosserie est inédite. Outre l'aspect esthétique, les panneaux possèdes une ergonomie accrue.
Notez en outre un nouvel amortissement, avec des ressorts Öhlins et des freins avec étriers Brembo.
La teinte est issue du nuancé Lamborghini. Elle permet de mettre en avant la carrosserie et la structure de la moto.
Signalons des inserts en carbone, notamment sur le réservoir, pour rester dans le thème "Lamborghini".
La Siàn du salon de Francfort 2019 portait un numéro "63", rapport au nombre d'unités commercialisées.
Or, le chiffre "63" possède une résonance chez Ducati. Le prototype Apollo, achevé en 1963, marquait l'entrée de la marque dans les gros cubes, après une quinzaine d'années de construction de scooters et de cyclomoteurs.
La Diavel 1260 Lamborghini conserve donc le "63" et elle sera, elle, commercialisée à 630 unités.
Plus trivial : au démarrage, les logos Ducati et Lamborghini s'affichent sur le tableau de bord.
Enfin, pour plaire aux fans, le constructeur a également conçu un casque jet spécifique.
Après cette séquence un peu rébarbative, place au fun. La moto et son inspiratrice font les belles sur un aérodrome...
Pas de wheeling ou de départs arrêtés. Dommage. A priori, avec 2,8" pour atteindre 100km/h, la Siàn est un poil plus performante en accélération.
Globalement, c'est une e-présentation où l'on en a pris plein les yeux. Pour un peu, j'aurais effectué des captures d'écrans à chaque seconde ! Ces 14 minutes sont vite passées, malgré un format très linéaire.
L'autre point qui m'a marqué, c'est la technicité. Parler de puissance, de couple, etc. Ca ne va pas très loin et pourtant, dans l'auto, on ne le fait plus. Cela donne une idée du niveau technique moyen de la presse auto... Dans les communiqués, les fiches techniques sont souvent reléguées en dernière page du dossier et elles sont très souvent partielles. Il faut dire que beaucoup de journalistes n'ouvrent jamais le capot et souvent, ils n'ont même pas de voitures personnelles ! Pour faire des stories sur Instasnap, il y a du monde, mais faire plus d'un tour de pâté de maison avec une voiture, c'est trop fatigant ! Les touristes, ça a toujours existé. Néanmoins avant -notamment dans le print-, ils étaient épaulés par des gens qui allaient à Montlhéry pour rouler. Maintenant, c'est fini. Donc le communiqué préfère s’épancher sur le maxi écran avec possibilité d'avoir sa playlist Spotify dessus...
(Captures d'écran de Ducati.)
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