A NEW TRUCK FOR A NEW eRA

En septembre dernier, Mercedes-Benz dévoilait l'eActros, dans sa version définitive. Cette fois-ci, la firme a l'étoile annonce la mise en production, à Wörth, de son premier poids lourd électrique.

En fait, l'eActros est le second camion électrique de Daimler Trucks. Le premier, c'est l'eCanter de Fuso. Produit au Japon, puis au Portugal, depuis 2017, c'est un four.

Seulement voilà, dans un marché contraint par les réglementations, la firme à l'étoile doit avancer dans l'électrique. Volvo et Renault ont pas mal avancé sur le sujet. Byd est en embuscade, avec des ambitions "à la Chinoise". Et il y a aussi quelques franc-tireurs, comme Volta.

La présentation débute par une scène a priori banale. On charge un camion, depuis un quai, au petit matin. Ce qui est moins banal, c'est que lorsque le chauffeur démarre, on entend aucun bruit. Puis c'est en silence qu'il quitte son aire.

Et notre chauffeur d'effectuer ensuite sa tournée, en ville...

En empruntant une autoroute...

Bref, exactement comme un camion de livraison classique. Tout est transparent pour le chauffeur, le transporteur et les clients. Le silence de l'électrique en plus.

A la fin du clip, Karin Rådström, responsable de Mercedes-Benz Trucks, prend la parole. L'eActros doit être la première pierre d'une stratégie. L'objectif du constructeur étant de quitter complètement le diesel à l'horizon 2039.

Andreas von Wallfeld, directeur des ventes, prend le relais. Les chiffres-clef de l'eActros sont une autonomie de 400km et un PTAC de 40 tonnes (soit une capacité de chargement de 18 tonnes à 25 tonnes.) Il sera proposé en version "M" avec des batteries 315kWh ou 420kWh. En version 3 essieux, il dispose de 330kW de puissance (avec une puissance maxi de 400kW.) En une heure, sur un chargeur rapide, la capacité restante peut passer de 20% à 80%.

L'eActros fut dévoilé en 2016, sous forme de concept-truck. 

Le point-fort de Mercedes-Benz face à un Byd ou à un Volta, c'est le portefeuille de clients. De 2018 à 2020, vingt transporteurs Européens se relayèrent au volant de dix eActros de pré-série, parcourant un million de kilomètres en conditions réelles. C'était "l'Innovation Fleet". Ces bêta-testeurs offrirent un retour d'expérience crucial.

Ce qu'il faut noter c'est que les testeurs sont des PME, voire des TPE du transport. Parfois, ce sont des entreprises familiales. Parfois, le patron est lui-même chauffeur.

C'est un patron Néerlandais qui évente un secret de polichinelle. En 2025, dans son pays (et un peu partout en Europe), les camions diesel seront exclus de certains centres urbains. Pour pouvoir continuer à travailler, le passage à l'électrique sera obligatoire.
D'ailleurs, on note que les transporteurs Néerlandais du panel ont tous la CB en main...

Mercedes-Benz est conscient qu'il ne doit pas seulement vendre un camion électrique à ses clients.

Les "e-consultants" sont là pour bâtir des solutions en terme de taille de flottes et de nombre de chargeurs adaptés aux besoins des transporteurs. Le constructeur a d'ailleurs passé des accords avec Engie, Siemens et EVBox, pour les infrastructures de chargements. Sans oublier un calcul du coût de possession des véhicules (crucial sur un VU) et un aiguillage vers les différents programmes de subventions.
Cela implique également des outils de gestions de tournés adaptés aux VE, ainsi qu'une planification des journées (pour ne pas qu'il y ait un embouteillage sur la borne de chargement) et de la maintenance.

Ce package global, censé rassurer les petits transporteurs, est aussi un argument de vente.

La firme à l'étoile profite de l'occasion pour teaser son prochain camion électrique : l'eEconic, dans sa version ramassage d'ordures. Là encore, le constructeur opte pour l'électrification d'un modèle existant. Prochainement, son "Innovation Fleet" disposera de véhicules de pré-série.

Sachant que depuis 2019, Volvo propose un FE électrique destinés au ramassage d'ordures.

L'avantage du transport local de marchandise et du ramassage d'ordures, c'est qu'ils correspondent à des parcours en circuits. En fin de tournée, les camions retournent à leur point de départ. Il suffit de mettre une borne de rechargement sur le site du transporteur et le tour est joué.

L'étape suivante, ce sera l'eActros long-courrier. cette fois-ci, on a un véhicule qui a vocation à partir pendant plusieurs jours. Il faut donc qu'il trouve des bornes sur son parcours.
Une image intéressante, c'est que lorsque le camion est en charge, l'opérateur appose des autocollants sur les portières, pour s'assurer que personne ne monte à bord. Donc, pendant que l'Actros long-courrier sera en chargement, le chauffeur ne pourra pas non plus rester dans la cabine...

Quoi qu'en dise Mercedes-Benz, l'utilisation de véhicules électriques est un saut dans l'inconnu pour le transport routier. Il y a des interrogations (réseau de bornes, législation...) sur lesquels ni lui, ni ses concurrents n'ont la main.

(Captures d'écran de Mercedes-Benz.)