L'usine de la DS
L'urbanisation intensive de la petit couronne de Paris est relativement récente. D'ailleurs, ce n'est qu'en 1860 que Paris eu ses limites actuelles. A l'ouest, il y avait surtout des parcelles agricoles et des pêcheurs.
A la tout fin du XIXe siècle, les premiers industriels s'installèrent à l'ouest de Paris. Il y a de la place et les terrains étaient bon marché. En plus, avec la Seine, puis la liaison ferroviaire, il était facile d'expédier des marchandises. Renault, Ariès et Chenard & Walcker sont trois des premiers constructeurs automobile à éclore là. On peut supposer qu'après l’inondation de 1910, les derniers exploitants vendirent leurs terres à vil prix.
Tout s'accéléra dans l'entre-deux guerres. Alors que l'automobile changeait de braquet, la grande majorité des constructeurs produisaient dans l'actuel Haut-de-Seine : Asnières, Boulogne-Billancourt, Courbevoie, Gennevilliers, Nanterre, Suresnes... Certains constructeurs émanaient de constructeurs existant. Le fondateur s'installant à proximité de son ex-employeur. Aussi, sur place, vous avez déjà une main d’œuvre qualifiée, alors pourquoi poser ses valises ailleurs ?
Après la seconde guerre mondiale, ce fut l'hécatombe chez les constructeurs de taille moyenne. Seule une poignée de gens s'émurent de la disparition de Delage, Salmson ou Talbot-Lago. L'acier des voitures de l'entre-deux guerres avait plus de valeur que les voitures elle-mêmes. On les envoyait sans scrupule à la casse. Quant à préserver les sites de production au nom d'un quelconque notion patrimoniale...
L'époque fut marquée par des grands travaux : construction de HLM, création d'autoroutes, prolongation du métro (puis percement des RER)... Aujourd'hui encore, les friches industrielles sont vues comme des terrains vides.
Il est donc important que UN bâtiment témoigne du passé industriel des Hauts de Seine.
Ford avait assemblé des voitures en CKD, en 1907, sur l'île de la Jatte (NDLA : oui, même à Neuilly-sur-Seine, il y avait des usines !) Mais le vrai début eu lieu en 1916. L'ovale bleu s'offrait une usine à Bordeaux et fondait une SAF (Société Anonyme Française.)
Dans un objectif d'augmentation du taux de pièces indigènes et de contrôle de la fourniture, une usine de pièces mécaniques fut établie à Asnières, en 1925. La grande halle (alias "atelier vouté") fut bâti à cette occasion.
En 1949, Citroën, en pleine croissance, racheta l'atelier. Il était à un jet de pierre de l'usine du Quai de Javel. Notez qu'à proximité de là, Aubert & Duval construisait les soupapes des 2cv et Valentine fournissait les peintures de la marque aux chevrons.
Les constructeurs automobiles restaient dans une logique du "tout chez soit". L'atelier d'Asnières construisait divers pièces mécaniques, dont les sphères des suspensions hydropneumatiques des DS. En 1977, 2400 personnes travaillait sur le site, qui comprenait plusieurs bâtiments.
Pour les plus jeunes, voici à quoi ressemblaient les fameuses sphères de DS :
Peugeot délocalisa la production. Au début des années 2000, une centaine d'ouvriers. En 2009, la production fut stoppée et les ouvriers reclassés. Quelques irréductibles tinrent à rester à Asnières, espérant désespérément un reprise de l'activité.
Asnières et PSA voulaient purement et simplement raser le site. L'association Les Amis du Château et du Vieil Asnières parvint à faire assez de bruit pour que la grande halle reste. Gonflant au passage l'histoire des suspensions hydropneumatiques.
Le bâtiment fut entièrement vidé. L'objectif serait d'en faire un hôtel de luxe, avec des boutiques et des immeubles de bureau.
Depuis 2013, les travaux de la "ZAC PSA" avancent à un rythme de tortue.
Très intéressant. Merci !
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