Sailun Jinyu
Lorsque j'étais allé sur le site de Zhengzhou-Nissan, à Zhongmu, j'avais aperçu un pick-up de course construit chez Dessoude. On était un peu pressé, alors je n'ai rien dit, en espérant qu'on allait repasser devant au retour. Sauf qu'on a pris un autre chemin. Je m'en voulais de ne pas avoir immortalisé ce pick-up de course.
Zhengzhou-Nissan avait été le premier constructeur Chinois présent au Dakar. C'est lui qui a donné envie à Great Wall/Haval et Chery/Rely de sauter le pas.
Yi, ma "première fixeuse", m'emmenait dans un quartier de Zhengzhou où il y avait d'immenses concessionnaires cote à cote. Des scènes comme ça, j'en avais déjà vu des dizaines en Chine... Puis, d'un seul coup, un pick-up Rich de compétition, sans bouclier. Il a encore ses plaques du China Dakar Rally et surtout, sa caisse à outils à l'arrière ! En Chine, les vols sont très rares. En France, il aurait été dépouillé depuis longtemps...
Bien sûr, je l'ai prIs sous toutes les coutures ! J'étais suis super excité... Mais à quelques mètres de là, le second pick-up de l'équipe officielle :
Et un peu plus loin, le pick-up servant de support ! (On aperçoit d'ailleurs le second, au fond.)
Puis c'était le graal : un Rich plus ancien, construit par Dessoude et piloté par le regretté Xu Lang.
Où étais-je ? C'est incroyable d'abandonner des pick-up comme ça, en pleine rue, dans une grande ville ! En France, compte tenu du prix de chaque véhicule, ils seraient a minima dans un site avec vidéo-surveillance. Soit l'équipe les gardes jalousement, soit il les revend. Mais en aucun cas, on laisse rouiller des véhicules dehors... Le Pajero ex-Ralliart, c'est une exception.
Yi me fit signe de la suivre. Elle m'emmène dans un garage, au fond d'une allée couverte. Le rideau de fer est levé à moitié, face au froid.
A l'intérieur, juste des berlines en cours de révision. Un pick-up Zhongxing de liaison et un FJ Cruiser de compétition (mais proche de l'origine) étaient à peine de vagues indices pour la suite...
Les bureaux de ce garage crasseux étaient à l'étage. Là, c'était un autre monde : des coupes, des plaques de rallyes, des photos, des dossiers de presse, une salle de réunion... Plus de doute, on était dans l'antre d'une équipe de compétition.
Bienvenue chez Sailun Jinyu, l'équipe officielle de Zhengzhou-Nissan ! Et donc, faute de place, il rangeait ses voitures de course, passée ou présente, dehors ! Dire que je m'étais moqué des infrastructures de Fire Knight... Le plus incroyable, c'est que ce n'est même pas un garage Nissan !
Mon hôte était Song Hai Tao. C'est lui qui a tenu à faire une photo avec moi ! D'ordinaire, les journalistes ne viennent pas ici. Y compris la presse chinoise spécialisée.
Il me fit assoir et me servit du thé.
L'équipe a été fondée en 2003. A l'époque, elle roulait avec des Patrol aux porte-à-faux tronçonnés (pour des épreuves de trial.) A la même époque, Nissan prenait en main DFL. En 2008, pour promouvoir ses pick-up, Zhengzhou-Nissan a demandé à André Dessoude de "Dongfengiser" des Pathfinder. Ils furent confiés à des pilotes Chinois, Zhou Yong et Xu Lang. Apparemment, Song et ses hommes s'occupèrent de leurs compatriotes. Le Dakar fut annulé et Zhengzhou-Nissan se contenta de la Transorientale (l'ancêtre du Silk Way.) Un gros effort de communication avait été fait. Il y avait même un jeu vidéo ! Xu remporta une spéciale et il pointait 4e, du jamais vu pour un Chinois. Puis, un jour, il vit un autre Rich embourbé. Il fit mettre une corde entre les deux voitures et demanda à son copilote de démarrer. La corde se tendit brutalement. Xu ne s'était pas assez écarté et il mourut sur le coup.
Ce fut un séisme pour le jeune sport auto Chinois. Zhengzhou-Nissan retira ses billes. Mais notre équipe Chinoise garda les Rich et elle les aligna dans des épreuves nationales. Toujours avec la bénédiction du constructeur. Lorsque les Rich Dessoude furent trop vieux, ils construisirent des Rich T2. Je les avais surpris au paddock de Tacheng, lors du Taklimakan Rally 2016 (ci-dessous.) Et pour 2017, donc, ils ont repris leurs couleurs historiques.
Song m'a accompagné jusqu'au pick-up de Xu Lang. Il était fier de dire qu'il avait été construit en France, par Dessoude. J'ai même pu monter à bord. La finition est superbe. On sent que le préparateur Normand met du cœur à l'ouvrage. Pendant quelques secondes, je m'imaginais rouler pied dedans, sur une piste caillouteuse...
Ensuite, Yu m'emmèna dans un bar. C'est l'heure de l'apéro ? Elle me dit de prendre mon appareil. Au rez-de-chaussée, c'est plein de vieux objets : posters de Mao, 45 tours, vieux instruments de musiques... Rue Oberkampf, on est habitué à voir des bars façon succursales des Puces, mais en Chine...
Yu me présenta le patron. Elle insistait pour que je fasse des photos. Je ne voyais rien de lié à l'automobile -même de loin-. J'avais surtout l'impression qu'elle avait envie que je fasse de la promo pour ses copains (elle a diverses business extra-automobilesques.)
En fait, le patron, c'était Zhang Xiao Long, ex-pilote Zhengzhou-Nissan, qui s'occupait aussi de peindre les voitures ! Désormais, il organise des raids sur la neige, avec des Jeep. Son hobby, c'est de collectionner de vieux trucs. Autrement dit, chiner (qui vient du verbe (s')échiner.) "Ah bon ? Vous pratiquer la chine en Chine ?" Ma blague a fait un bide. Même après avoir expliqué le jeu de mots. Et même à Paris, lorsque je l'ai ensuite racontée à des Chinois. Remarquez, à Zhengzhou, pendant cette quinzaine, toutes mes blagues sont tombées à plat, donc je commençais à en avoir l'habitude...
Et pendant ce temps, la ravissante serveuse (son épouse ?) me servait du thé. Son service était impressionnant, avec une plaque de cuisson équipée d'un robinet. Vous posez votre théière (ouverte) et le robinet détecte qu'elle est là, il rempli la théière puis la plaque chauffe. Chaque fois que ma tasse était vide, elle la remplissait. Sachant que j'avais déjà bu un bon litre de thé chez Sailun Jinyu, je n'avais plus très soif. Une fois, ma tasse finie, j'ai posé ma main dessus. "Non merci. - Vous préférez du café ? - Non, mais je... - Les laowai boivent du café ! Je vais vous faire un café !" Et donc, après ça, j'ai eu droit à des tasses de café...
Zhengzhou-Nissan avait été le premier constructeur Chinois présent au Dakar. C'est lui qui a donné envie à Great Wall/Haval et Chery/Rely de sauter le pas.
Yi, ma "première fixeuse", m'emmenait dans un quartier de Zhengzhou où il y avait d'immenses concessionnaires cote à cote. Des scènes comme ça, j'en avais déjà vu des dizaines en Chine... Puis, d'un seul coup, un pick-up Rich de compétition, sans bouclier. Il a encore ses plaques du China Dakar Rally et surtout, sa caisse à outils à l'arrière ! En Chine, les vols sont très rares. En France, il aurait été dépouillé depuis longtemps...
Bien sûr, je l'ai prIs sous toutes les coutures ! J'étais suis super excité... Mais à quelques mètres de là, le second pick-up de l'équipe officielle :
Et un peu plus loin, le pick-up servant de support ! (On aperçoit d'ailleurs le second, au fond.)
Puis c'était le graal : un Rich plus ancien, construit par Dessoude et piloté par le regretté Xu Lang.
Où étais-je ? C'est incroyable d'abandonner des pick-up comme ça, en pleine rue, dans une grande ville ! En France, compte tenu du prix de chaque véhicule, ils seraient a minima dans un site avec vidéo-surveillance. Soit l'équipe les gardes jalousement, soit il les revend. Mais en aucun cas, on laisse rouiller des véhicules dehors... Le Pajero ex-Ralliart, c'est une exception.
Yi me fit signe de la suivre. Elle m'emmène dans un garage, au fond d'une allée couverte. Le rideau de fer est levé à moitié, face au froid.
A l'intérieur, juste des berlines en cours de révision. Un pick-up Zhongxing de liaison et un FJ Cruiser de compétition (mais proche de l'origine) étaient à peine de vagues indices pour la suite...
Les bureaux de ce garage crasseux étaient à l'étage. Là, c'était un autre monde : des coupes, des plaques de rallyes, des photos, des dossiers de presse, une salle de réunion... Plus de doute, on était dans l'antre d'une équipe de compétition.
Bienvenue chez Sailun Jinyu, l'équipe officielle de Zhengzhou-Nissan ! Et donc, faute de place, il rangeait ses voitures de course, passée ou présente, dehors ! Dire que je m'étais moqué des infrastructures de Fire Knight... Le plus incroyable, c'est que ce n'est même pas un garage Nissan !
Mon hôte était Song Hai Tao. C'est lui qui a tenu à faire une photo avec moi ! D'ordinaire, les journalistes ne viennent pas ici. Y compris la presse chinoise spécialisée.
Il me fit assoir et me servit du thé.
L'équipe a été fondée en 2003. A l'époque, elle roulait avec des Patrol aux porte-à-faux tronçonnés (pour des épreuves de trial.) A la même époque, Nissan prenait en main DFL. En 2008, pour promouvoir ses pick-up, Zhengzhou-Nissan a demandé à André Dessoude de "Dongfengiser" des Pathfinder. Ils furent confiés à des pilotes Chinois, Zhou Yong et Xu Lang. Apparemment, Song et ses hommes s'occupèrent de leurs compatriotes. Le Dakar fut annulé et Zhengzhou-Nissan se contenta de la Transorientale (l'ancêtre du Silk Way.) Un gros effort de communication avait été fait. Il y avait même un jeu vidéo ! Xu remporta une spéciale et il pointait 4e, du jamais vu pour un Chinois. Puis, un jour, il vit un autre Rich embourbé. Il fit mettre une corde entre les deux voitures et demanda à son copilote de démarrer. La corde se tendit brutalement. Xu ne s'était pas assez écarté et il mourut sur le coup.
Ce fut un séisme pour le jeune sport auto Chinois. Zhengzhou-Nissan retira ses billes. Mais notre équipe Chinoise garda les Rich et elle les aligna dans des épreuves nationales. Toujours avec la bénédiction du constructeur. Lorsque les Rich Dessoude furent trop vieux, ils construisirent des Rich T2. Je les avais surpris au paddock de Tacheng, lors du Taklimakan Rally 2016 (ci-dessous.) Et pour 2017, donc, ils ont repris leurs couleurs historiques.
Song m'a accompagné jusqu'au pick-up de Xu Lang. Il était fier de dire qu'il avait été construit en France, par Dessoude. J'ai même pu monter à bord. La finition est superbe. On sent que le préparateur Normand met du cœur à l'ouvrage. Pendant quelques secondes, je m'imaginais rouler pied dedans, sur une piste caillouteuse...
Ensuite, Yu m'emmèna dans un bar. C'est l'heure de l'apéro ? Elle me dit de prendre mon appareil. Au rez-de-chaussée, c'est plein de vieux objets : posters de Mao, 45 tours, vieux instruments de musiques... Rue Oberkampf, on est habitué à voir des bars façon succursales des Puces, mais en Chine...
Yu me présenta le patron. Elle insistait pour que je fasse des photos. Je ne voyais rien de lié à l'automobile -même de loin-. J'avais surtout l'impression qu'elle avait envie que je fasse de la promo pour ses copains (elle a diverses business extra-automobilesques.)
En fait, le patron, c'était Zhang Xiao Long, ex-pilote Zhengzhou-Nissan, qui s'occupait aussi de peindre les voitures ! Désormais, il organise des raids sur la neige, avec des Jeep. Son hobby, c'est de collectionner de vieux trucs. Autrement dit, chiner (qui vient du verbe (s')échiner.) "Ah bon ? Vous pratiquer la chine en Chine ?" Ma blague a fait un bide. Même après avoir expliqué le jeu de mots. Et même à Paris, lorsque je l'ai ensuite racontée à des Chinois. Remarquez, à Zhengzhou, pendant cette quinzaine, toutes mes blagues sont tombées à plat, donc je commençais à en avoir l'habitude...
Et pendant ce temps, la ravissante serveuse (son épouse ?) me servait du thé. Son service était impressionnant, avec une plaque de cuisson équipée d'un robinet. Vous posez votre théière (ouverte) et le robinet détecte qu'elle est là, il rempli la théière puis la plaque chauffe. Chaque fois que ma tasse était vide, elle la remplissait. Sachant que j'avais déjà bu un bon litre de thé chez Sailun Jinyu, je n'avais plus très soif. Une fois, ma tasse finie, j'ai posé ma main dessus. "Non merci. - Vous préférez du café ? - Non, mais je... - Les laowai boivent du café ! Je vais vous faire un café !" Et donc, après ça, j'ai eu droit à des tasses de café...
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Qu'est-ce que vous en pensez ?