Turbal

Retour difficile de Tunisie... Le pays a une heure de décalage horaire avec la France. Et si vous y allez (ou que vous en revenez) avec Tunis Air, vous avez deux heures de décalage avec votre heure d'arrivée prévue... Je n'ai pas beaucoup dormi durant ces deux jours d'audit. J'avais du boulot à faire. J'avais faim. J'avais soif. Mais lorsque j'ai croisé cette R21 Turbo, j'avais forcément 5 minutes à lui consacrer...
Les espions de Peugeot et Renault avaient bien travaillés. La Renault 21 et la Peugeot 405 sortirent quasi-simultanément. Ils se battirent même pour les avant-premières ! En mars 1986, la firme au losange dévoila, à Genève, la R21 (en fait, une maquette non-roulante.) En octobre 1986, la gamme était presque au complet, y compris le break Nevada. En mai 1987, Peugeot présenta à la presse une 405 très statique. En juin 1987, la R21 débarquait en concession. Et en mars 1988, à Genève, la 405 se dévoilait en détail... Pour autant, les livraisons de l'une et l'autre ne débutèrent qu'à l'été 1988.

Pourquoi un tel empressement ? En 2018, les berlines "D" ne passionnent guère plus que les VTC. Mais il y a 30 ans, c'était un marché ultra-lucratif... Qui plus est, les berlines sortantes, la R18 et la 305, avaient dépassées la date limite de fraicheur depuis longtemps...

Le mot d'ordre des nouvelles venues, c'était la montée en gamme, avec plus d'équipements et de plus gros moteurs. La 405 comptait surfer sur le succès de la 205 ; une voiture pour accompagner la montée en gamme de la clientèle. Elle lui succéda d'ailleurs au Paris-Dakar. La R21, elle, représentait le Renault sauce Raymond Levy (alors qu'elle fut conçue sous Georges Besse ; il y eu même une brève version AMC, la Medaillon.) C'était le luxe discret. J'ai connu l'époque où dans ma banlieue pavillonnaire, tout père de famille se devait d'avoir une R21.
A la fin des années 80, on songeait à transposer le concept de GTI aux grosses berlines. Là encore, Peugeot et Renault divergeaient. Notez qu'elle étaient les premières de leurs marques respectives à disposer de l'ABS.
Peugeot jouait la carte de la culasse 16 soupapes (un héritage du groupe B), sur la 405 Mi 16.
Renault, lui, optait pour le Turbo, déjà employé sur la R18 Turbo. Un héritage de la F1... Alors qu'en 1988, le constructeur dévoilait son V10 atmo... Avec son avant spécifique (annonçant le facelift), ses longues portées, l'aileron arrière et des couleurs chatoyantes, la R21 Turbo se voulait exubérante. Son 2l turbo développait 175ch (15ch de plus que sa rivale) et elle atteignait 227km/h (soit 9km/h de plus que la franc-comptoise.) Mais elle coutait 153 800 frs (soit 11 800frs de plus que la 405.) Et puis, il y avait ce look... On aime ou on n'aime pas...
Pour la promotion, Renault aligne deux R21 Turbo 4x4 en Superproduction, confiée à Jean Ragnotti et Jean-Louis Bousquet. Je crois me souvenir que Jean-Louis est le neveu de René Bousquet, mais c'est du "citation needed". Ragnotti le rallyman décrocha un titre. La 405 s'imposa plus tard, avec Yannick Dalmas et Laurent Aiello à son volant.

Les R21 Turbo ont ensuite connu une traversée du désert. Peugeot avait ouvert la voie ; quelques mois après les premières livraisons de la R21 Turbo, Renault dévoilait la R19 16S. Clio et Laguna sportives allaient s'y plier. Ringardisée, la R21 Turbo devint synonyme de queue de rat sur le rétro et de William Saurin derrière... Aujourd'hui, elle mériterait d'être redécouverte.

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