Dealership : un ravalement chevronné

A Neuilly-Plaisance, ils ont fait tomber les panneaux publicitaires sur un immeuble (sans doute pour ravaler la façade.) Du coup, on voit apparaitre des pubs plus anciennes, comme ce panneau pour un concessionnaire Citroën disparu. Un peu plus haut, on devine une inscription Citroën plus ancienne. Il y a bien un agent Citroën à Neuilly-Plaisance, mais pas à l'endroit indiqué.

Si ma chronique "dealership" (inspirée par celle d'Hemmings, jusqu'au nom) est aussi prolifique, c'est parce que le paradigme des réseaux a beaucoup évolué au fil des décennies.
Les premières voitures étaient vendues dans des garages. Pour le garagiste, prendre un panneau était un moyen d'améliorer l'ordinaire (au même titre qu'installer une pompe à essence.) C'était un endroit sombre, sale, avec un patron (et souvent unique employé) en bleu de travail. "Qu'est-ce qu'il veut, le monsieur ? Ben il va attendre que j'en ai fini avec les bougies de celle-là !"
Dès les années 20, Citroën changeait le modèle économique. Important un concept d'Amérique, il fit bâtir des installations cyclopéennes. Il y avait une partie "hall d'exposition" avec baies vitrées, éclairage généreux et vendeurs en costume-cravate. Renault fut le premier à comprendre qu'André Citroën tenait un truc.
Après la seconde guerre mondiale, la motorisation de la France explosa. L'automobile arriva jusque dans les zones rurales ou les banlieues ouvrières. Bien sûr, pas question de proposer à un entrepreneur de la creuse d'investir dans 1000m² ! Les concédants en revinrent aux garagistes, mais ils leur imposèrent un corner, avec une décoration et une présentation mettant en valeur la marque. La demande était telle que les généralistes firent fi du zonage. Par chez moi, il y eu jusqu'à 7 agents Renault, dans un rayon de 2km !
Dans les années 80, les constructeurs diversifièrent leur offre (des compacts, des monospaces et plus tard, des 4x4 et SUV...) Plus question de tout miser sur un seul modèle. En plus, les marques leur demandaient de vendre aussi des peluches et des VTT. Il fallait des concessionnaires plus vastes, avec des show-rooms toujours plus imposants. Ceux qui n'avaient pas la surface (au propre, comme au figuré) furent écartés.
Depuis, la belle machine s'est enrayé. Le coût du foncier s'est envolé. Les bailleurs ne veulent pas des garages, entre les nuisances sonores, les risques de pollution, voire d'incendie... A la campagne, on les rejette aussi. Car les façades modernes ne sont pas vraiment compatibles avec un classement du site... Les concessionnaires se retrouvent rejetés en rase campagne ou dans des zones industrielles. Des endroits parfois enclavés. Et puis, cela reste des petites entreprises. Il suffit parfois que le patron prenne sa retraite et que ses enfants n'en veuille pas pour que l'affaire ferme. Sans oublier les éventuels trous d'air que connait un constructeur. Et avec cette politique de concentrer les points de vente, les conséquences sont désastreuses pour les marques. Par chez moi, j'ai assisté à de nombreuses fermetures de concessionnaires. Mais je n'ai vu ni ouverture, ni changement de panneau. A titre d'exemple, aujourd'hui, dans tout le 94, il n'y a plus que 9 agents Peugeot !

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