Dealership, Horizon bouché

Un panneau "BMW Premium Selection" envahi par la végétation. Aucun doute possible : on est en face d'un concessionnaire BMW abandonné.
Plus de voitures à double-haricots. Reste les murs blancs et ces affiches défraichies (avec un côté Fallout...)

Notez que ce n'est pas le premier ex-concessionnaire BMW que je croise (souvenez-vous...)
Je ne connais pas l'état financier du réseau BMW. Je me garderais donc bien d'en tirer des conclusions.

A mon avis, il est avant tout victime d'un certain enclavement. Après l'avoir vu, j'ai du parcourir 500m pour trouver une place de parking et il m'a fallu passer l'entrée d'une voie rapide. Pour vouloir acheter une béhème, il fallait être motivé !
En fait, c'est tout Cergy-Pontoise qui est enclavé. En 1947, Jean-Louis Andréani publie Paris et le désert Français. Le géographe y dénonce une France où hors de Paris intra-muros, il ne se passe pas grand chose (économiquement, comme culturellement.) Il faut décentraliser. Le livre d'Andréani fait son chemin. A la fin des années 50, on projette 100 millions d'habitants à l'horizon 2000. Paris ne peut pas en loger ne serait-ce que la moitié. D'où l'idée de bâtir des "mini-Paris", pour recueillir les classes moyennes, en 1965. Ce sont les Villes Nouvelles. La ville de Pontoise, le village de Cergy et les terrains des boucles de l'Oise sont ainsi regroupés dans Cergy-Pontoise. En 1969, la préfecture est bâtie. Autrefois, la région Parisienne se limitait à un département, la Seine. Désormais, il est éclaté en plusieurs départements, dont ce Val d'Oise où Cergy-Pontoise doit servir d'aimant.

Sauf que les prévisionnistes se sont plantés. Non, la France n'a pas atteint 100 millions d'habitants en 2000. Du coup, l'urbanisation de la moyenne couronne de Paris s'est faite plus lentement. Cergy-Pontoise est située à 30km de Paris. Et à l'instar des autres Villes Nouvelles (Evry, la Vallée de Chevreuses, Marne-la-Vallée...), elle n'est pas vraiment rattachée à la région parisienne. Le seul lien, c'est une autoroute A15, qui est presque saturée en permanence.
L'autre point, c'est qu'en 1965, c'était l'époque du tout-voiture. D'où une ville immense, barrée par des autoroutes et voies rapides infranchissables à pied. Cergy-Pontoise du attendre 1974 pour disposer d'un réseau de bus, le STIVO. Et en 1979, le RER A fut enfin prolongé jusqu'à Cergy-Pontoise !
La dernière grosse erreur, c'était les quartiers dédiés. Les architectes s'étaient inspirés de Le Corbusier. Mais cela voulait dire les habitants ne logent pas à proximité de leur lieu de travail. On obtient donc d'un côté des cité-dortoirs, vides le jour et de l'autre, des quartiers industriels qui deviennent fantomatiques le week-end.
Ajoutez-y des budgets en baisse, des bâtiments qui ne sont plus entretenus et des RER A qui viennent moins souvent. Au lieu d'attirer les classes moyennes, Cergy-Pontoise les fait fuir.
Il semblerait que cela fait des mois, voire des années, que ce concessionnaire a fermé. Et les repreneurs du site ne se bousculent pas. Pas plus qu'il n'y en a pour le restaurant chinois-japonais (!) attenant.

Notez que bien sûr, le réseau Horizon nous fait le coup de "ce n'est qu'un déménagement"...
Lorsque j'avais photographié un concessionnaire Citroën abandonné, on m'a accusé d'affabulation. Alors pour preuve que j'étais là, voici un selfie !

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