Ah trois-cent-dix

Une Alpine A310 V6. Aucun doute possible : c'est marqué sur le pare-soleil ! Notez les jantes "turbines", typiques du début des années 80.
A l'instar de la Jaguar XJ-S ou de la Citroën CX, l'Alpine A310 eu le malheur de succéder à une légende : l'A110. Les attentes des fans étaient trop élevées ; elle ne pouvait que chuter. Elle a toujours eu un losange sur la proue, au lieu du "A". En prime, le V6 s'est fait attendre... Pourtant, elle proposait une ligne très futuriste et en V6, le ramage était à la hauteur du plumage...

Remarquez, ce fut pire ensuite. Sa remplaçante fut la Renault (marque) Alpine (modèle) ; une voiture sans nom. A posteriori, on la nomma "V6" ou "GT". A l'époque, il était de bon ton de critiquer Alpine. Venturi en profita plus ou moins volontairement. Au début des années 90, avec la Mille Miles, le "A" revint enfin. Puis ce fut l'A610. Renault avait beau la faire poser avec une A110, la filiation n'était pas évidente. En 1996, l'A610 brillait par son absence au stand Renault du Mondial de Paris. Le Spider Renault Sport débarqua et les Alpinistes pleurèrent des larmes de crocodiles. Ils avaient souhaité la mort de cette A310/V6/A610 sacrilège, mais Renault jeta le bébé avec l'eau du bain...
L'une des preuves de ce désamour, c'est la manière de raconter l'histoire d'Alpine. En général, le narrateur détaille bien la Rédélé Spéciale, la Marquis, la Coach Tour de France (renommée par la suite A106), l'A108, l'industrialisation, les premiers pas en compétition, puis l'A110 1300... Or, de la Rédélé Spéciale au titre de championne du monde de rallye, il n'y a que 20 ans.
La suite est vite expédiée : la victoire au Mans, l'A310 V6, la [V6/GT], l'A610... Oui, mais cela, ça s’étale sur 23 ans ! Et pourtant, cela tient sur un paragraphe. Moi-même, lorsqu'on m'a demandé une brève rétrospective d'Alpine, j'ai été victime de ce tic... A corps défendant, c'était 23 années d'agonies, d'ambitions sans cesse revues à la baisse, d'absorption par Renault... Personne n'aime évoquer une dérive. Qu'est-ce que vous préférez retenir de Steve McQueen ? Sa brève apogée avec L'Affaire Thomas Crown, Bullitt et Le Mans ? Ou toute la décennie qui suivit, où il payait ses impôts (et ses divorces) ?

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