Treillis et gilets jaunes

Parfois, l'A86 est tellement bouchée que vous pouvez faire du spotting sur la voie opposée, parce qu'elle est bouchée elle aussi. J'ai pu ainsi immortaliser ces camions militaires... Sauf erreur, on a des TRM 2000, avec cabine "Club of four" et des GBC 180, dérivés du Berliet éponyme. Ces camions sont plus vieux que les soldats à bord ! Tu m'étonnes que les militaires se plaignent d'un équipement et d'un dimensionnement inadéquat par rapport aux missions qui lui sont demandées. Et le pire, c'est que l'on possède l'une des armées les mieux équipées d'Europe...
En matière de grogne, en ce moment, il y a celle des "gilets jaunes". Encore un mouvement hors de tout parti, de tout syndicat, de toute association... Contrairement à ce que l'on dit, ça n'a rien de nouveau. Il faut se souvenir, l'an dernier, de la grogne des policiers, de Nuit debout ou auparavant des Bonnets Rouges, des Indignés, des alter-mondialistes... Voire même, en l'année de son cinquantenaire, de mai 68. Le PC, le PS et les syndicats y avaient été complètement débordés. Lorsque les cadres s'invitaient dans les AG, ils se faisaient huer. Et ni aux élections de 1969, ni à celles de 1974, la gauche ne bénéficia de la fébrilité de la droite...
Le point commun de tous ces mouvements, c'est leur aspect éphémère. Faute de structure, ils finissent par imploser. Les "gilets jaunes" devraient donc imploser à leur tour, dans quelques jours, voire quelques semaines. En attendant, ils sont là. Qu'on le veuille ou non. Bien que n'ayant pas de diesel, je comprends leur colère. Depuis les années 60, la France a déroulé le tapis rouge au diesel. C'était le carburant de l'avenir ! Il fallait bien trouver un débouché au fioul des centrales thermiques que l'on fermait... Puis ça a été le carburant anti-CO2. Et depuis quelques années, on vous explique que c'est un poison. Bon prince, le gouvernement vous file 4 000€ pour remplacer votre diesel par une Tesla Modèle 3... Edouard Philippe et Benjamin Griveau ont multiplié les déclarations boboïsantes. A croire qu'ils voulaient exciter les "gilets jaunes" !
Quand les "gilets jaunes" se plaignent à la fois des taxes et du retrait des services publics, ce n'est pas une contradiction. Il y a ce sentiment plus ou moins réel que l'on paye beaucoup d'impôt et surtout que la redistribution est mal faite. Les ruraux veulent des bureaux de poste, des gares SNCF et des commissariats ! Les taxis d'Agnès Saal ou le bureau de Mathieu Gallet, ce sont des gouttes d'eau dans le budget de l'état, mais c'est insupportable à voir lorsque l'on remplit sa feuille d'impôts.
L'argument écologique, personne n'est dupe. Si le gouvernement voulait être écologique, il taxerait les poids-lourd étrangers qui transitent à travers la France pour livrer des yaourts (un non-sens logistique complet) ou le kérosène. Sauf que pour un Emmanuel Macron, ça serait entraver le libre-échange...
Personnellement, j'attends un homme politique providentiel. Quelqu'un de volontaire, d'ambitieux et de vraiment compétent. Quelqu'un qui changerait le destin de la France.

Emmanuel Macron était lui aussi quelqu'un apparu hors des réseaux et des partis traditionnels. Mais dès octobre 2016, mon opinion était faite. Ce n'est pas lui, le saveur. En effet, à l'époque, il était la vedette américaine d'une conférence donnée par Voitures Noires, lors du Mondial de Paris 2016. Karim Ferchiou, son PDG, annonçait le recrutement prochain de 1 000 CDI et l'achat de 6 000 voitures. L'écrivant jusque sur les sac plastiques distribués à l'entrée du salon !
En tant qu'ancien chauffeur de Grande Remise (le prédécesseur du statut de VTC), j'avais senti la supercherie. Les VTC reposent sur un modèle de flexibilité, de chauffeurs disponibles 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 et avec un fort turnover. Pas sur une activité stable, avec des frais fixes (donc des milliers de gens en CDI.) Accessoirement, dans la nouvelle économie, il n'y a pas de place pour plusieurs acteurs. Facebook n'a pas de concurrent direct, pas plus que YouTube et Amazon. Or, dans les VTC, il y avait déjà Uber. Sans surprise, Voitures Noires sombra un an plus tard.
Soit Emmanuel Macron croyait aux belles promesses de Ferchiou. Ce qui voulait dire qu'il ne connaissait pas du tout le dossier des VTC, alors qu'il faisait la promotion de l'uberisation de l'économie. Soit, il se doutait que c'était du pipeau et il était juste là pour prendre son chèque, en vue de la campagne présidentielle. L'incompétence ou l'hypocrisie intéressée ; pas vraiment de quoi donner une première impression positive...

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