Dealership : il ne prendra plus de rendez-vous

Je suis passé par hasard devant ce garage Renault Minute. Visiblement, c'était l'annexe d'un concessionnaire plus gros. Un garage à l'ancienne, avec des pompes à essence. Il était dédié à la réparation, mais il prenait aussi des commandes de véhicules neufs.

Et comme tant de garages, il va être rasé pour laisser place à un immeuble moche...

Si les concessionnaires ferment, la raison la plus évidente, c'est le foncier. Les constructeurs ne veulent plus des petites concessions de quartier. Ils veulent du volume. Ils ont des gammes avec une dizaine de modèles, alors il leur faut un show-room avec une dizaine de places !

Ces grandes surfaces, c'est très joli, mais ça coute cher. Surtout en centre-ville. Cela impose des volumes de ventes élevés. D'où un repli en périphérie, dans des zones industrielles (et pas celles où l'on construira les futures lignes du Grand Paris...) Sinon, pour peu que le concédant traverse un trou d'air, c'est la fermeture définitive.

Pour autant, l'une des sources de revenu des points, c'est l'après-vente. On pourrait croire que du coup, les clients soient choyés. Que nenni !

Déjà, souvent, l'atelier est ouvert de 8h à 17h, du lundi au vendredi. Donc, si vous voulez déposer votre voiture, il faut poser une demi-journée. Parfois, comme ils sont situés dans des coins isolés, il n'y a pas de transports en commun. Quant aux voitures de courtoisie, ces vieilles guimbardes, elles sont désormais payantes...

Sur le prix des pièces, l'équipementier se met un coefficient 3 par rapport au prix série. Le constructeur se prend ensuite un coefficient 3 sur le prix d'achat et il autorise une coefficient 3 à son réseau. Ca vous fait l'essuie-glace à 15€ !
Mais ça ne leur suffit pas. Les concessionnaires font dans l'anxiogène : "Si vous faites entretenir votre voiture en centre auto, la garantie saute." Renault y avait mis une couche, avec une pub où des employés d'un centre auto (ressemblant à s'y méprendre à un Speedy...) ne savait pas utiliser le frein à main électrique d'une Laguna.
L'autre grand classique, c'est le "ouhlala, telle pièce est presque HS, il faut la changer !" D'expérience, quand un atelier vous explique que si telle pièce n'est pas changée, votre moteur va exploser, c'est du faisandé (sauf si votre voiture est vraiment pourrie.) Ma mère, c'est une personne âgée seule. Forcément, ils en profitent... Elle parcoure 2000km par an, mais lors de la révision annuelle, il y a une liste longue comme le bras d'éléments à changer ! Je lui a dit 10 fois de changer de Volkswagen. Là, ils viennent de l'escroquer. Après qu'elle ai déposé sa Polo, ils l'ont appelée, paniqués : "Il faut changer votre liquide de plaquettes de freins !" Comme toute personne âgée, elle n'ose pas déranger ses enfants et bien sûr, elle n'a jamais ouvert un capot de sa vie... Et hier, elle me demande : "Ton liquide de plaquettes de freins, tu le changes tous les combien ? - Mon quoi ?" Et effectivement, sur sa facture, il y a marqué "remplacement du liquide de plaquettes de freins" avec de la main d’œuvre, soit un total de 40€. Qui va faire un esclandre pour 40€ ?
Remarquez, moi, je vaux guère mieux... Mon ancien Mazda, il m'expliquait qu'il lui fallait une semaine pour obtenir les pièces. Et comme il était surbooké, il y avait encore quelques jours d'attente, avant le montage, qui prenait souvent plusieurs jours. Je me disais : "OK, Mazda, constructeur exotique, pas beaucoup de pièces de MX-5..." J'ai changé de garage le jour où j'ai surpris un employé se barrant avec ma voiture... Dans le second, je déposais ma voiture et je la reprenais le surlendemain. Pour les consommables, il réparait dans la journée. Hélas, depuis, il a rendu son panneau. Le troisième, c'est pareil, pièces livrées sous 48h et montage immédiat. Quelle bécasse j'ai fait ! Le premier, il réparait et ensuite, les mécanos s'offraient 15 jours de vadrouille ! A l'époque, lorsque j'ai pris à parti le gars qui s'était barré, il m'avait dit qu'il ne savait pas que cette voiture-là, il fallait la rendre aujourd'hui. Maintenant, j'ai compris le sens de ses paroles. La vie était belle chez le premier Mazda !

Les brebis galeuses, les responsables de réseaux les connaissent. Mais ils ne font rien, quitte à entacher la réputation de leur marque.

Ils sont stupides, car ils creusent leur tombe.

Hier, avec les concessionnaires de quartier, les gens disaient : "Il n'est pas parfait, mais je le connais. C'est un gars de la ville et puis, il sponsorise le club de foot des gamins du voisin." Maintenant, c'est : "J'ai posé une journée, je me suis tapé 1h de bus avec visite de la cité et au final, ma voiture n'est pas réparée, alors que ça fait trois fois que j'y vais ! C'est fini, je n'achèterai plus de X"

La tendance, c'est le leasing ou la LOA. Le tout-compris. Je garde ma voiture trois ans et je la change. Alors quand il y a un bruit, je m'en contrefiche. Au bout de trois ans, je ramène une voiture complètement HS, avec l'huile d'origine !

Et c'est évident que demain, lorsque l'offre en transports, dans les villes, sera digne de ce nom, ça pèsera dans la balance. Les personnes se demanderont s'il est encore nécessaire de posséder une voiture (y compris via la location) et l'un des arguments "contre", ça sera la galère de l'entretien.

Donc forcément, le taux de remplissage des ateliers, il va chuter. Et fortement. Ça, les concessionnaires pourront être fier du temps où ils facturaient du liquide de plaquettes de freins...