Un taxi pour Pékin

Alors que j'étais à Bruxelles, je me suis arrêté net devant un taxi. Pas n'importe quel taxi : un Byd e6. C'était la première fois, en Europe, que je croisais une Byd (hors salon, bien sûr.) Ma fébrilité était à son paroxysme. Au point où le chauffeur, visiblement apeuré, est parti, pied au plancher !

Même en Chine, l'e6 est bien rare. C'était le premier véhicule électrique de Byd. Je pense qu'il a surtout servi à mettre au point une chaine de traction, qui fut ensuite appliqué à d'autres voitures, mais également à des bus et des chariots-élévateurs. Sans oublier le fait de rassurer Warren Buffett sur le potentiel de la marque qu'il venait de racheter.
Pas mal d'actualité "Chine", ces derniers jours. Il y a du y en avoir quelques unes, des bouteilles de baijiu débouchées !

Byd a fêté le 300e bus sortant de son usine de Lancaster, près de Los Angeles. C'est sa principale unité de production extra-chinoise.
En 2013, il s'installait dans l'atelier d'un fabricant de camping-car et une poignée de Chinois sans-papiers (NDLA : ça lui a valu des histoires avec les services d'immigration) assemblaient quelques bus par mois.
6 ans et 250 millions de dollars (220 millions d'euros) d'investissement plus tard, 750 employés (presque exclusivement Américains) sont capable de produire 1 500 bus par an, dans un site de 4,6 hectares. Le carnet de commande est plein et la production devrait vite croitre...
On reste néanmoins très loin du plan initial, lorsque Wang Chuanfu promettait à Arnold Schwarzenegger et Bill Clinton (!) qu'il allait créer des milliers d'emplois... En Californie, outre son usine de bus et sa force de vente, Byd vient d'ouvrir un bureau de design. Reste que mis à part quelques taxis e6 et une poignée de porteurs électriques, en phase de test, la marque a beaucoup de mal à exister hors des bus, aux Etats-Unis. Et l'on ne parle même pas de vendre des voitures aux particuliers...

En Grande-Bretagne, MG a vendu 1 814 véhicules en mars ; son total 2018 dépasse les 3 000 unités. Là aussi, il y a eu du chemin parcouru... Les débuts de l'ère SAIC, c'était une demi-douzaine de MG6 vendue chaque mois, via des négociants d'anciennes ou de pièces détachées, en Angleterre (je n'ai pas dit "en Grande-Bretagne"...) Négociants qui rendaient rapidement leur panneau...
La marque commence à bien s'installer, avec la MG3 re-reliftée et le SUV ZS (bientôt épaulé d'une version électrique.) Fin 2016, après dix années de présence, elle atteignait les 10 000 ventes cumulées. 2 ans et demi plus tard, le total dépasse 25 000 ventes cumulées. Je suis persuadé que MG profite de "l'effet Brexit". Certains acheteurs se disent sans doute : "Ca vient de Chine, donc quoi que fasse Teresa May, on est sûr qu'ils seront toujours là en mai !"
Mais comme Byd USA, MG UK est à des années-lumières de son plan initial. Les volumes sont si faible que l'usine de Longbridge a été fermée. Il faudrait encore quadrupler les ventes pour atteindre le niveau du MG-Rover de 2005 ! Quant à l'arrivée sur le continent, elle reste très floue. Verra-t-on vraiment des ZS, en Allemagne, à l'automne ?

Enfin, à Marrakech, Lynk&co (Geely) a remporté une course de WTCR, avec Thed Björk. Une première pour une voiture Chinoise.
Geely a joué la synergie en s'appuyant sur le Cyan Racing (ex-Polestar Racing ; écurie liée à Volvo) et à un Thed Björk très "Volvo/Cyan". A l'instar de Hyundai (ou autrefois, de MG en BTCC...), l'équipe mise sur de vieilles gloires au chômage, comme Yvan Muller et Andy Priaulx. L'Alsacien venant avec Yann Ehrlacher dans ses bagages.
Fin 2008, Geely rachetait Volvo à Ford. A l'époque, le constructeur Chinois semblait marquer le pas face à Chery, Great Wall et Byd. Ce rachat failli le ruiner. Depuis, il s'est offert des parts de Proton (donc de Lotus) et il voudrait être copropriétaire de Smart. Sans oublier London Electric Vehicle (ex-London Taxi.) En comptant ses différentes participations, il a écoulé 2 151 504 véhicules, dans le monde, en 2018. C'est le 13e rang mondial, à 1 million d'unités du 10e, Suzuki.
Au-delà de l'équipe de WTCR, difficile de voir des synergies au sein de ce groupe. Il est vrai que Geely opte pour une méthode douce, en gardant les équipes originelles et en ne s’immisçant que petit à petit. Ca a fonctionné avec Volvo. Mais ne risque-t-il pas de se faire doubler par un autre groupe Chinois ? Quant à Lynk&Co, sa marque premium, elle est extrêmement discrète, y compris en Chine...
Geely Auto a fêté ses 20 ans en 2018. Cela fera bientôt 20 ans que la Chine est entrée dans l'OMC. Dans les années qui avaient suivies, les projets Chinois s'étaient multipliés (souvenez-vous de Landwind ou de Brilliance...) Des projets ruineux, qui ont d'ailleurs fait sombrer ChangFeng, Hafei ou Zhongxing...
En Chine, les efforts de consolidation restent insuffisants. Dans les marques étatiques, seule SAIC possède une vraie marque "pure". Les autres semblent condamnés à moyen-terme, avec la disparition progressive des joint-ventures.
En Europe, on a surtout vu des projets mort-nés (Qoros, Borgward...) Les taxis Byd, comme celui de Bruxelles, restent rares. Dans l'hexagone, si vous tenez à tout pris à rouler Chinois, vous pouvez opter pour un Giotto Gladiator. En bref, alors que la décennie "10" s'achève, la présence Chinoise est ultra-confidentielle. Dire qu'on nous annonçait un ras-de-marrée. Et dès 2010 !

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