Escort mission

La Ford Escort a connu pas mal d’avatars. Il y a eu celle des années 70, à propulsion, qui fit le bonheur des rallymen. Dans les années 80, elle passa à la traction et tenta désespérément de courir après la Golf. Malgré un retour en rallye, elle eu une image plutôt ringarde et l'ovale bleu préféra tuer le nom et la remplacer par la Focus. Aujourd'hui, en Chine, Ford tente d'écouler une Escort ; une tentative de berline low-cost.

Mais connaissez-vous l'Escort US ? J'en ai justement croisé une, en plein Paris, un soir d'orage.
Jusque dans les années 70, aux USA, les compactes restaient marginales. Au point où les productions US ont vite gagné en taille pour se repositionner en berline moyenne. Mais avec la crise du pétrole, les Américains paniquèrent et du jour au lendemain, toute une population, plutôt urbaine et plutôt CSP+, voulu des compacts bon marché.
Les trois grands profitèrent de leurs filiales Européennes. Néanmoins, en parallèle, le législateur US avait durcit les normes. Les premiers pots catalytiques étouffaient les mécaniques (qui n'avaient pas été prévues pour.) De plus, afin d'atteindre la hauteur minimale, il fallait installer des amortisseurs à grand débattement. Enfin, les phares devaient être standardisés (pour pouvoir être changés dans n'importe quelle station service) et il fallait remodeler l'avant. D'où des compactes US asthmatiques, avec des suspensions en chewing-gum et un avant maladroit.
Bien sûr, les rivales avaient les mêmes défauts. Mais rapidement, les autres (en particulier les Japonais) intégrèrent en amont, lors de la conception, les normes US. A contrario, les Américains restèrent fidèles à l'adaptation à la diable. C'est ainsi qu'en 1980, l'Escort traversa l'Atlantique. Sans surprise, les Japonais devinrent les rois des compactes, en particulier la Honda Civic. La clientèle prit l'habitude de se fournir chez les Japonais. Bientôt, les constructeurs accompagnèrent leur clientèle avec une montée en gamme, jusqu'au premium, au début des années 90 (avec Acura, Lexus et Infiniti.)
Au milieu des années 80, les Trois grands comprirent enfin qu'ils faisaient fausse route. Alors ils passèrent des accords avec les Japonais. Ca donna les Import center de Chrysler (avec Mitsubishi), les "Chevrolet Japonaises" -devenues plus tard Geo- (avec Toyota, Suzuki et Isuzu), quant à Ford, il fit davantage d'efforts. L'Escort de 1991, celle qui illustre ce post, est une Mazda 323. Elle en reprenait la plateforme et la mécanique, mais sous une carrosserie inédite (qui évoquait l'Escort Européenne contemporaine !)

Avec son 1,8l 88ch et sa finition "à l'Américaine", l'Escort eu une carrière modeste. Elle plu surtout aux loueurs. Aujourd'hui, l'Escort est surtout une voiture de losers. Dans les vidéo de policiers traquant la criminalité liée à la drogue (dealers, mais aussi toxicomanes qui volent ou cambriolent pour "gagner" l'argent nécessaire à leur doses), on voit régulièrement des Escort...

Après ça, les Américains tentèrent de construire eux-mêmes des compactes et de les vendre dans le monde. Ca donna notamment la Chrysler Neon ou la Chevrolet Corsica... La grosse erreur, c'était de voir systématiquement la compacte comme une voiture bon marché, au rabais : sous-motorisée, sous-équipée et mal-finie. Accessoirement, à l'export, ces voitures n'étaient pas cohérentes vis-à-vis de l'image de la "bagnole yankee" opulente. GM voulu ensuite se rapprocher de Daewoo. Mais même les loueurs boudaient de plus en plus les compactes US.
Après s'être rapproché de Fiat, Chrysler a de nouveau abandonné les compactes. Après avoir sacrifié Mercury, Ford a annoncé son retrait des berlines. GM devrait peu ou proue faire la même chose, vu qu'il a revendu Opel, son spécialiste du milieu de gamme.

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