Voyage en Tunisie : 4. la route

Récemment, j'ai lu un article sur le plaisir de rouler (malheureusement, j'ai paumé le lien.) Les fameux road trip. J'en ai fait quelques uns, des road trips étonnants... Comme cette fois où j'ai roulé sur la Baltique...

La semaine dernière, c'était en Tunisie, où j'ai réalisé un audit. Le matin, on quittait l'hôtel la fleur au fusil (ou presque.) Je sifflotais Going up the country de Canned Heat. Les deux tubes de Canned Heat étaient sur le thème de la route et ils servirent tous les deux à des pubs de voitures. Le rock façon marlou des 60s de On the road again servi pour une pub Peugeot 205. Going up in the country fut utilisé pour le Renault Espace. Avec son intro à la flute, il a un côté très naïf (alors que le Bull doze blues d'Henry Thomas était plus larmoyant.)
On quittait la station balnéaire proprette, puis on partait vers la campagne. C'était très champêtre, avec des oliviers à perte de vue. Et des gens (hommes et femmes) coiffés de larges chapeaux de paille qui faisaient paitre leurs moutons. Puis on tombait sur un village : quelques maisons de part et d'autres de la route... Et des dos d'ânes. Slim Chiboub, gendre de Zine Ben Ali, avait une entreprise de BTP. Et comme par miracle, dos d'âne et rond-points poussèrent dans les campagnes Tunisiennes... Puis c'était la montagne, avec ses paysages escarpés. Et sur un col, notre destination. Une ville de montagne, toujours grouillante, avec ses pick-up Isuzu omniprésents et sa gare routière. Bienvenue dans la vraie Tunisie rurale, loin des cartes postales. Pas de souk ou de vendeurs de tapis, mais des ateliers, comme celui que l'on audite...

Et ensuite ? Désolé, je ne peux pas dire sur quoi on travaillait. Néanmoins, on a fait de belles journées, dont un 9h-22h... C'est comme ça, l'automobile ! Les projets avec des marges dans le planning, un budget conséquent et une équipe pléthorique, ça n'existe que chez les Bisounours ! Le Huey vous dépose en pleine jungle et vous avez Fortunate son qui joue dans votre dos ! Il faut mouiller le maillot... J'ai entendu parler de prototypes qui prenaient feu lors des essais, de concept-cars terminés juste avant d'embarquer pour une présentation... J'ai vu des hommes exploser en plein vol. Le record, c'est 4 jours ! Il ne s'est même pas rendu à son travail le 5e jour ! Ça, c'est un milieu "challenging", comme on dit... Et c'est d'autant plus glorifiant lorsque vous arrivez à solutionner. C'est une autre signification à e pur si muove...

Et donc, ensuite, sur fond de Sweet sweet victory, on regagnait nos pénates. Les rues de la ville sont désormais désertes. Pick-up Isuzu et minibus se sont volatilisés. Reste quelques ombres. Et nous revoilà sur la route. C'est désormais un ruban d'asphalte gris. Pas de lampadaires, pas de halo lumineux. Parfois, comme sur la photo, vous vous faites doubler par une Renault Symbol roulant à une vitesse digne des Hunaudières... Et enfin, au loin, la station balnéaire apparait. La route devient plus large, il y a davantage de circulation. Et l'hôtel. Le piano-bar joue pour des retraités en shorts, qui ont sans doute passé la journée à la plage. Et nous, on l'a passé dans une salle de réunion, derrière nos PC... Je ne me plains pas, car un audit en Tunisie, on a connu pire. D'ailleurs, moi, j'ai connu pire...

Petite parenthèse. Beaucoup d'entreprises considèrent que leurs employés doivent rester derrière leur bureau. Alors que si un employé est en contact avec des clients, fournisseurs ou partenaires, rien ne vaut le terrain. C'est un investissement. C'est comme pour le journalisme auto ! Et comme dans le journalisme auto, on a tendance à se faire embarquer pour des "visites guidés" façon Tintin au pays des Soviets. Alors il faut savoir ouvrir l’œil. Moi, de même que je sais repérer une youngtimer Japonaise dans les bouchons, j'arrive à repérer des détails que l'entreprise avait "oublié" de mentionner... En 19 ans de vie professionnel, 100% de mes déplacements in situ ont été productifs.