SUBARU SOLTERRA World Premiere

Une nouvelle ère s'ouvre à Subaru. Le constructeur Japonais se lance dans l'électrique avec le SUV Solterra. C'est son tout premier modèle électrique produit en grande série.

Tomomi Nakamura, PDG de Subaru, est le premier à prendre la parole. Signalons qu'il dirige l'ensemble du groupe : auto, mais aussi aéronautique.

La situation de sa société est très contrastée. En Europe, faute d'hybride, les ventes ont été divisée par trois en dix ans, avec 19 244 ventes en 2020. En France, Subaru n'a écoulé que 35 voitures depuis le début de l'année ! Aux Etats-Unis, par contre, le constructeur de la constellation du taureau a doublé ses volumes, avec environ 700 000 unités par an.

Le discours débute par des lieux communs sur l'environnement : l'homme a trop pollué la Terre, le climat se dérègle, il faut prendre des mesures. Ses propos sont illustrés d'usine crachant des fumées noires, de terre asséchée, d'iceberg fondant, de forêts brulants, etc.

Traduction : la WRX STI et ses 300g de CO2, c'est terminé. How dare you ?

Il revient aussi sur le partenariat avec Toyota. Depuis 2005, Toyota est le premier actionnaire de FHI (renommé depuis Subaru Corporation.) Les dirigeants des deux entreprises visitent régulièrement le siège de l'autre.
On reconnait ici Tomomi Nakamura en passager de son homologue Akio Toyoda, au volant d'une WRX STI.

Un partenariat censément fructueux, apportant de nombreux sourires. On pense bien sûr au coupé "Toyobaru"...

Il faut se souvenir que dans les années 2000, Subaru avait commencé à étudier l'électrique, en partenariat avec Maxell. La R1e (allée jusqu'en pré-série) et le concept-car G4e, avaient d'ailleurs été exposées au Mondial de Paris 2008. Néanmoins, Toyota, qui ne jurait que par l'hybride, tua l'initiative dans l’œuf et voilà comment un pionnier du VE moderne devient un retardataire...

Bref. Voici donc le fruit des préoccupations environnementales de Subaru, développé en collaboration avec Toyota...

Voici donc, le Solterra. Si ses traits vous semblent familier, c'est normal : c'est un Toyota bz4X avec une calandre de Subaru et un nom sans sous-entendu coquin.

Après tout, cela fait une trentaine d'années que Subaru complète sa gamme à coup de modèles à peine rebadgés.

Tomomi Nakamura nous explique que "Solterra" est la contraction ds mots latins pour "soleil" (sol) et "terre" (terra.)

Il évoque brièvement les origines aéronautiques de Subaru, expliquant que le Solterra représente un nouvel envol...
Si on était mauvaise langue, on soulignerait que la Nakajima Hikoki KK s'est largement compromise avec le Japon impérial. L'entreprise tirait son nom de Chukuhei Nakajima, pionnier de l'aviation. Son petit-fils, Yojiro Nakajima fut ministre de la défense, à la fin des années 90. Fuji Heavy Industry (ex-Nakajima Hokoki KK) versa des pots-de-vins à l'héritier pour obtenir des appels d'offres d'avions militaires. Également mis en examen dans des affaires de fraude fiscale et de comptes de campagne maquillés, Nakajima Jr démissionna en 1998 et il se pendit en 2001. L’opprobre sur FHI fut telle que le groupe finit par changer de nom, en 2015, devenant Subaru Corporation.

Comme chez Lexus et Mitsubishi, le dirigeant affirme qu'il s'est impliqué dans le développement. Suivent alors un montage montrant Tomomi Nakamura au volant du Solterra/bz4X, à différentes phases de développement et sur différents terrains.

Il s'agit de démontrer qu'il possède une relation intime avec la voiture. Il en parle parce qu'il la connait bien.

Daisuke Ono, responsable technique de la marque, nous fait l'article.

Cette séquence de 15 minutes est catastrophique sur la forme.
Certains auront noté la différence de métrage, de quelques secondes, entre les versions sous-titrées en japonais et en anglais. Par contre, la bande-son est la même ! Ainsi, Ono nous offre ses talents de ventriloque.
Qui plus est, Ono a la mobilité d'un Playmobil et un ton monocorde. Enfin, les images sont entrecoupées de photos presse très génériques.

Sur le fond, la manche à air est bien levée !

Ce sont 15 minutes de termes très subjectifs (et très creux), sans aucun chiffre. A l'instar de ce graph, sans échelle de valeurs.

Le discours de Tomomi Nakamura reposait sur une alternance de mots et de faits, via des images d'archives. Il pense ce qu'il dit, il dit ce qu'il pense.

A contrario, Daisuke Ono donne l'impression qu'il cherche à se convaincre lui-même. Comme lorsqu'il regarde la calandre du Solterra, tout en déclarant que ce SUV respecte le vocabulaire du design Subaru.

D'expérience, lorsqu'un constructeur n'a pas grand chose à dire, il s'étend sur le combiné multimédia. Ainsi, les principales informations de la présentation, c'est que le Solterra dispose d'un écran 12,3 pouces avec connectivité pour smartphones. En plus, le Solterra est capable de se garer tout seul.

Le talent de Daisuke Ono, c'est d'avoir un décalage entre son discours et les images censées l'illustrer.

Ici, par exemple, Subaru organise un course de dragster entre le Forester et le Solterra. Le Forester ayant été choisi car c'est le fer de lance du constructeur aux USA. Avec 2t (contre 1,5t pour le Forester), le VE a du mal à s'élancer. Néanmoins, grâce à ses 150kW (soit l'équivalent de 206ch vs 150ch pour le Forester), il l'enrhume avec un 0-100km/h en 8,4" (vs 11,8".)
Mais notre homme préfère évoquer l'eAxle et ses prestations en terme de tenue de route.

Ailleurs, on voit le Solterra gravir une pente certaine, sur une chemin de terre avec de belles inégalités. L'électronique galère un peu, mais la performance n'est pas si mal pour un tout-chemin.

Là encore, le narrateur choisit d'ignorer l'image.

Le seul point intéressant, c'est un cours sur la structure des véhicules qui évoluent avec l'électrique. Le danger, ce n'est plus un moteur thermique très lourd qui veut pénétrer dans l'habitacle en cas de choc. C'est un bloc de batteries qui n'aime pas les contraintes, avec un risque d'incendie en cas de déformation. D'où des soubassements renforcés et une structure haute qui est là pour disperser l'énergie du choc.

Pour rappel, le premier vrai SUV de Subaru, c'était le Tribeca, en 2005. Le constructeur est donc en plein dans cette problématique moderne. Comment intégrer à son mythe des SUV électriques, qui n'ont aucune historicité ? La parenté entre un Solterra et la WRX STI  st loin d'être évidente... L'autre point, c'est la standardisation des éléments. Ici, elle est même poussée à l'extrême par Toyota. Quel(s) argument(s) mettre en place pour convaincre l'acheteur ?

Le gag, c'est que 2 minutes après la fin de la présentation, on entend toujours parler Daisuke Ono.

(Captures d'écran de Subaru.)

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