Vacances studieuses

Pour rester dans le coup, beaucoup de pilotes se contentent du simulateur. D'autres font un peu de karting et un peu de muscu durant l'intersaison. Mais certains préfèrent courir au bout du monde l'hiver. Parfois, après une saison modeste, c'est aussi le moyen de garnir son palmarès...

Le championnat de F3 Asian 2021 s'est clôturé ce week-end. L'occasion d'évoquer ceux qui y ont émergés.

F3 Asian Championship
Les coupes hivernales existent depuis longtemps. Certains circuits Anglais organisaient des coupes durant le Boxing day, dans les années 60. Plus près de nous, il y a eu les "Autumn Cup" de FF et de FR. La FFSA tenta d'ailleurs brièvement de copier le concept. Puis il y eu les Winterfest aux USA. Dans les années 2000, les circuits moyen-orientaux tentèrent d'attirer mercenaires et seconds couteaux, avec des courses de monoplace. Histoire d'utiliser les circuits créés pour la F1... 

Cette saison, pas de F4 SEA (South-East Asia), ni de MRF 2000. C'est dommage car le circuit de Madras (fief de MRF et pendant Indien de Carole) a enfin été transformé en vrai tracé pour monoplaces. Quant à la Toyota Racing Series, elle était réservée aux Néo-zélandais, pour cause de Covid.

La F3 Asian fut maintenue. Néanmoins, toujours à cause de la pandémie, elle se contenta d'aller-retour entre Dubaï et Yas Marina. La voiture employée est une Tatuus F3 "régionale" à moteur Alfa Romeo. Une configuration identique à la W Series et à feu la Formula Regional. Sachant que les Eurocup FR et Toyota Racing Series emploient le même châssis, mais avec respectivement des moteurs Renault et Toyota.

Mention bien : Zhou Guan Yu (Prema), champion avec 257 points
Pilote Alpine Academy
, Zhou sort de deux saisons de F2. Prema, son équipe de F4 et de F3, l'a rappelé pour coacher Amna al Qubaisi. Le pilote Chinois était le plus capé et son sacre est logique. Il a carrément surclassé la concurrence durant la manche d'ouverture, puis il s'est contenté de gérer son avance (avec 11 podiums en 15 courses.) On sentait quand même qu'il voulait ce titre et pour la finale, il a donné le coup de rein supplémentaire. Zhou a su triompher avec panache.

L'air de rien, cela lui fait 18 points de super licence FIA supplémentaires. Une 9e place au championnat de F2 2021 lui suffirait pour avoir le droit d'aller en F1... Les écuries pourraient bien se battre cet été pour recruter un pilote avec un potentiel de 1,4 milliards de fans...

Mention bien : Pierre-Louis Chovet (Pinnacle), 2e à 241 points
Le Français n'avait jusqu'ici rien fait de marquant. Une saison en dents de scie en F4 France, une quasi-année sabbatique en 2019 et une autre saison en dents de scie, cette fois en Formula Regional. 

En F3 Asian, il n'avait rien à perdre et tout à gagner. Chovet s'est imposé comme candidat au titre, face à des pilotes plus expérimentés. Avec 6 victoires, il est -de loin-, celui qui est monté le plus souvent sur la plus haute marche du podium. Malheureusement, lors de la finale, il a craqué, brûlant un par un ses jokers. Arrivé en leader, il repartit en dauphin de Zhou. Pour autant, globalement, il fut la bonne surprise de la saison.

Maintenant, la prochaine étape, ce sera la F3 FIA avec la modeste écurie Jenzer. Ça sera compliqué et il n'aura que plus de mérites à décrocher un top 5.

Moyen : Patrik Pasma (Evans GP), 4e à 146 points
Naguère sous-traitant de BlackArts Racing, Evans GP a décidé de voler de ses propres ailes (comme Pinnacle vis-à-vis de KCMG.) Son pilote de pointe fut Patrik Pasma. 

Le Finlandais est un habitué des coupes hivernales : il a disputé la F4 UAE, la MRF 2000 et donc désormais, la F3 Asian ! Pasma n'avait sans doute pas la meilleure structure. Néanmoins, ça n'excuse pas un pilotage très moyen en début de saison. Il s'est réveillé dans le dernier tiers, avec 5 podiums (dont 2 victoires) dans les 5 dernières courses. De quoi remonter dans la hiérarchie. Mais c'était déjà trop tard pour le podium final, malgré un Jehan Daruvala en roues libres...

En 2021, il retrouvera l'Eurocup FR -où il a couru en 2019- avec KIC -son équipe de Formula Regionale, en 2020-.

Mention spéciale : Isack Hadjar (Evans GP), 6e à 95 points
L'autre Français du plateau sort de deux saisons de F4 France (3e en 2020.) Il s'est offert un stage de 3 manches (sur 5) en F3 Asian, afin de préparer l'Eurocup FR (où il courra pour R-Ace GP.)

Hadjar décrocha 5 podiums en 9 courses. Comme Chovet, on l'avait sous-estimé. On me souffle à l'oreille qu'il avait un bon coach, un bon ingé, etc. D'autres étaient au moins aussi entouré. Par exemple, sur les photos, on remarque pas mal de polos rouges autour de Dino Bogdanovic, pilote Ferrari Driver Academy... Après, une fois dans la voiture, c'est le talent du pilote qui fait la différence. Et Chovet a battu Bogdanovic.

R-Ace GP, ça sera le groupe de la mort, avec Hadrien David (champion de F4 France 2019 et ex-pilote Renault Driving Academy) et Zane Maloney (champion de British F4 2019.) Ça sera dur d'être le meilleur des trois, mais le sport auto, ça n'est jamais facile...

Et les autres ?
26 pilotes ont couru au moins une manche de F3 Asian 2021, dont seul un tiers pouvait viser le podium à la régulière.
Matthias Lüthen (Pinnacle) venait de l'e-sport et il a voulu s'essayer au pilotage "en vrai", après quelques apparitions. Il était là avant tout pour se faire plaisir. Il a compris qu'il n'était pas dans le coup et il a raccroché.
Semi-retraité du sport auto, Khaled al Qubaisi (Prema) s'offre une ou deux sorties annuelles pour courir auprès de ses filles. Lui aussi, il ne cherche pas grand chose.

Par contre, il y a un gros tiers du plateau, composé de pilotes ayant plusieurs saisons dans le dos et on n'assiste à aucune progression. Certains sont même carrément dangereux (pour eux-mêmes et pour les autres.) Ce qui est triste pour eux, c'est que dans le lot, il y a des pilotes persuadés qu'ils iront un jour en F1 ! J'espère qu'ils finiront par atterrir, quitte à se reconvertir dans d'autres catégories.

Et la F4 UAE...
La F4 UAE et la F3 Asian ont des promoteurs différents, mais cet hiver, elles ont roulé ensemble. Elle emploie des Tatuus F4 à moteur Abarth (identiques aux voitures des championnats allemands, espagnols, italiens et russe de F4.) C'est un entrainement pour les novices, qui souhaitent appréhender la monoplace. Beaucoup ne viennent que pour un ou deux meeting.

Cette saison, parmi les rares pilotes à assister à l'ensemble du championnat, ce fut un duel entre Dilano van't Hoff (Xcel) et Enzo Trulli (CRAM.) Les autres étant relégués au second rang. Le fils de Jarno Trulli s'imposa au finish. Disons que l'Italien a connu un week-end moins pire que son adversaire.

On les retrouvera en F4 Spain. Van't Hoff pilotera pour MP Motorsport et Trulli, pour FA Racing by Drivex.

Parmi les autres débutants notables, il y a Vladislav Lomko (Mücke.) Le Russe a remporté deux des quatre courses qu'il a disputé.

Noam Abramczyk, l'un des animateurs Français du kart, a connu des débuts plus contrastés. Il pilotera lui aussi en Espagne, chez Drivex. Il y fera notamment équipe avec la Française Lola Lovinfosse.

Cela fait quelques noms à retenir, au cas où...

(Photos F3 Asian et F4 UAE.)

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