ALPINE ACADEMY 2021

La Renault Sport Academy est morte, vive l'Alpine Academy ! En ligne avec le changement de nom de l'écurie de F1, la filière prend une nouvelle dénomination.

Le premier point positif, c'est le recentrage des effectifs. Cinq pilotes, contre sept pour la Ferrari Driver Academy (hors Mick Schumacher) et six pour le Red Bull Junior Team (auxquels s'ajoutent trois pilotes "associés" et ceux du Honda Formula Dream Project.)
Aussi, là où chez Red Bull, cela tourne beaucoup, l'Alpine Academy reprend cinq anciens membres de la Renault Sport Academy. Hadrien David, seul sortant, paye cash sa saison très moyenne en FR Eurocup. En tant que champion de F4 France 2020, Ren Sato était éligible à une place, mais il est déjà pilote Honda.

Officiellement, l'objectif du quintet, c'est la F1. Mia Sharizman, le directeur de l'Academy a confié un son de cloche plus nuancé à Formula Scout : il y aura des passerelles avec les programmes RGT et LMP1 d'Alpine. La F1 n'est pas l'alpha et l'oméga du sport automobile. L'endurance offre de réels débouchés. Savoir ré-aiguiller des pilotes est mieux que de leur faire miroiter une F1 chimérique...

Par contre, je m'attendais à une ou deux nominations surprise. Ce quintet privilégie la continuité sur l'audace. Et en ce jour de février 2021, je ne vois aucun futur Lewis Hamilton dans le lot... Charge à eux de me faire mentir !

Christian Lundgaard, Danois, 19 ans, F2 avec ART Grand Prix
Le Danois rempile pour une cinquième année au sein de l'Academy. Il y avait été intégré en 2017, avant même de disputer sa première course en monoplace ! Il remercia le losange avec un doublé F4 SMP-F4 Spain.
Ensuite, il remporta un duel au finish avec Ye Yifei en Eurocup FR... Mais pour finir dauphin d'un Max Fewtrell sorti de nul part. En 2019, alors que Fewtrell se noyait en F3, le Danois terminait à une probante 6e place. Promu en F2, il débuta 2020 sur les chapeaux de roue, puis il accumula les contre-performances.

En 2021, pour la première fois de sa carrière, Lundgaard va redoubler dans une discipline. Son management a peut-être voulu aller trop vite. Maintenant, il est condamné à l'exploit en F2.

Zhou Guan Yu, Chinois, 21 ans, F2 avec UNI-Virtuosi
Retenu pour la F3 Asian, "Joe" n'a pas pu effectuer le photomaton avec polo Alpine. Avant d'être le poulain de Renault/Alpine, Zhou fut celui de Ferrari. C'est le cheval cabré qui lui a offert un contrat, alors qu'il n'était qu'un pilote de kart. Malgré de nombreux tests en F4, il ne fut "que" vice-champion d'Italie 2015. Puis il y eu la F3. Trois saisons pour enfin décrocher une victoire (et même deux), tout cela pour finir 8e du championnat... Ferrari finit par s'impatienter.
Renault le repêcha et il effectua une probante saison de F2, en 2019. Assez pour qu'au printemps 2020, Renault songe à l'avenir. Cyril Abiteboul souhaitait une équipe "cliente" pour 2022. En 2021, cette équipe aurait aligné le Chinois, en guise de rapprochement avec le losange. Le plan fit long feu. De toute façon, Zhou connu une saison 2020 poussive. En fin de saison, il profita d'une course écourtée pour s'imposer. Avec une 2e place et quelques places d'honneurs, il parvint à doubler in extremis Lundgaard au classement.

De toute façon, Zhou possède quelques jokers. Cela fait 15 ans que la F1 désire un pilote Chinois. Ce serait le sésame pour attirer 1,4 milliards d'habitants devant leurs TV. Comme Yao Ming et Na Li en leur temps. Une dizaine de prétendants ont défilé et Zhou est, de loin, le meilleur d'entre-eux (NDLA : c'est dire le niveau des autres...) Alors même s'il lui faut 10 ans  de F2 pour accumuler ses points de super-licence, la F1 l'attendra ! En attendant, il roule en F3 Asian, où il pourrait être titré ce week-end.
Notez que curieusement, Renault est peu présent en Chine et Alpine, pas du tout. L'intérêt commercial d'un pilote Chinois est donc faible...

Oscar Piastri, Australien, 20 ans, F2 avec Prema
Piastri, c'est un pilote rapide, qui fait le job, point. Il manque de panache et surtout, de charisme.

Après un stage en F4 UAE, il débuta en British F4, en 2017. Il termina dauphin du redoublant Jamie Caroline, mais devant Logan Sargeant et Linus Lundqvist. Il parti avec Sargeant (déjà croisé en F4 UAE !) en Eurocup FR pour une saison très anonyme. En 2018, il battit Victor Martins sur le fil et devint le premier champion de l'ère "F3 régionale" de l'Eurocup FR. Un titre synonyme d'intégration à la Renault Sport Academy. Ça nous amène à l'an dernier et la F3 FIA. Piastri y a joué à l'épicier face à un Théo Pourchaire parfois emporté par sa fougue... Sur le dernier tiers de la saison, Piastri roulait carrément le coude à la portière. Gag : l'arbitre, c'était Sargeant, encore lui !

Pilote Prema en F3, Piastri restera chez les Italiens en F2. Il fera équipe avec Robert Shwartzman, son pendant à la Ferrari Driver Academy.

Caio Collet, Brésilien, 18 ans, F3 avec MP Motorsport
Fin 2017, Nicolas Todt claironne qu'il a débusqué la nouvelle sensation Brésilienne : Caio Collet. Messieurs de la F1, vous pouvez d'ores et déjà mettre le champagne au frais et vous procurez des partitions de l'hymne national brésilien (NDLA : dont le titre est "hymne national brésilien") !

Premier vainqueur du volant Winfield ressuscité, Collet effectue un passage probant en F4 UAE. Il remporta la F4 France 2018 dans la polémique. Les pneus sont contingentés. Or, Collet était un gros consommateur de pneus. La direction de course refusait de le laisser disputer la course 3 sur les jantes. Du coup, il eu droit à un train neuf, dépassant son quota. Quoi qu'il en soit, son titre lui valu de rejoindre la Renault Sport Academy.
Ensuite, rien de très exceptionnel. Collet fut le meilleur débutant d'une Eurocup FR 2019, face à une opposition assez modeste. Son stage hivernal en Toyota Racing Series fut décevant. Redoublant en Eurocup FR, il s'accrocha un temps aux basques de Victor Martins pour finalement assurer la médaille d'argent. 

On est très loin du nouveau Senna dépeint trois ans plus tôt ! Entre Gianluca Petecof, Enzo Fittipaldi et lui, on n'est pas près de voir un Brésilien sur un podium de F1...

Victor Martins, Français, 19 ans, F3 avec MP Motorsport

A la place de Mia Sharizman, je n'aurais pas repris Victor Martins. Un bon manager doit donner l'impression que ses décisions sont justes ou raisonnées. Ici, il donne l'impression d'être binaire.

En 2017, le Français était le favori de la F4 France. Néanmoins, il trébucha en fin de saison, au bénéfice d'Arthur Rougier. Sharizman le recruta tout de même, ainsi que Rougier (dont le potentiel était d'emblée difficile à percevoir.) En 2018, tandis que Rougier sombrait en Eurocup FR, Martins émergea comme meilleur débutant (malgré une belle opposition.) Pour 2019, l'objectif, c'était le titre ! D'abord dominateur, Martins connu un sacré passage à vide. Il remonta la pente en fin de saison, mais Piastri avait trop d'avance. D'où une exclusion de la Renault Sport Academy.
En 2020, Martins tripla en Eurocup FR où il joua les cobayes d'ART Grand Prix, de retour dans la discipline. Après deux meetings passables, le Français enchaina les succès et s'installa en tête du classement. Collet ayant décidé d'assurer, Martins pu se contenter d'une fin de saison en roues libres.

Et donc, un an après lui avoir expliqué qu'il était nul, Sharizman le reprend ! Comment voulez-vous qu'un pilote se projette dans une structure, si les règles sont déconnectées des réalités sportives ?

Du reste, Martins ne donne pas l'impression d'être incontournable. Après trois saisons d'Eurocup FR, il doit s'empresser de briller en F3. Sinon, à ce train-là, il sera en F2 à 25 ans ! La F3 FIA 2021 s'annonce comme un grand cru, avec beaucoup de jeunes loups. Ça sera compliqué pour Martins, mais un grand pilote, ça doit triompher dans l'adversité !

Parmi les Français, on regrette que d'autres ne soient pas labellisés Alpine. Tel Pierre-Louis Chovet, futur pilote de F3 FIA (chez Jenzer) et qui lutte actuellement avec les pilotes de F2 Zhou Guan Yu et Jehan Daruvala pour le titre en F3 Asian. Ou Isack Hadjar, 3e de la F4 France 2020, futur pilote R-Ace GP en Formula Regional (qui remplace de facto l'Eurocup FR.) D'autant plus qu'Hadjar est coaché par Pierre Sancinéna, un pilote Alpine. Sans oublier Victor Bernier, auteur de deux beaux succès en F4 ADAC, en 2020.
Ces trois pilotes semblent avoir davantage de hargne et de potentiel que les cinq sus-cités...

(Photo Alpine et F3 Asian.)

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