Woke-journalism and cancel culture dans l'automobile

"Je n'arrive pas à croire qu'un adulte ait créé un compte Twitter, juste pour emmerder ses confrères". Un compte anonyme se moque de l'indigence des journalistes auto US ! Au secours !
 

Il faut commencer par remettre les choses dans leur contexte.

La presse US adore les éditos. Y compris dans la presse auto. Mais à la fin des années 90, lorsque vous achetiez un magazine généraliste, vous aviez plusieurs pages où un quinquagénaire, voire un sexagénaire vous parlait de tout et n'importe quoi, sauf de voitures. Et souvent avec un ton condescendant.

C'est aux Etats-Unis, au début des années 2000 que sont apparus des blogs pros. Des sites comme Autoblog, Jalopnik, The Car Fanatic... Ces pure players apportaient de l'authenticité et de la fraicheur. Avec des contributeurs qui n'étaient pas des journalistes professionnels.

Génération "woke"
Les années ont passé. Certains sites ont disparu et d'autres se sont fait absorbé par des mastodontes. Plusieurs générations de blogueurs ont défilé. Et quelque part, nos Jeunes Turcs d'hier se sont embourgeoisés.

Jalopnik justement fait parti de Gawker. Gawker, comme Buzz Feed, est célèbre pour embaucher de jeunes tâcherons, très politisés (à gauche.) Woke Wheels est un compte Instagram (anonyme) d'un contributeur de Jalopnik.

Woke Wheels reprend souvent les épithètes que les Trumpistes utilisent envers la gauche. A commencer par le terme "woke". C'est un donneur de leçon très radical, s'époumonant pour défendre les minorités et les femmes... Même lorsqu'elles sont dans leur tort.

Premier ou second degré ? En tout cas, il n'aime pas le contradiction...

Sur sa bio, il y a un lien vers un article. Afshin Behnia avait créé le site d'anciennes Petrolicious. Trumpiste, il avait pris l'habitude de poster ses opinions, sur Facebook, auprès de ses amis. Puis il a fait ds remarques douteuses sur Black Lives Matter.

Plusieurs influenceurs, dont Woke Wheels, firent un tir de barrage sur Behnia et Petrolicious. Le site perdit ses contrats publicitaires et ses abonnés. Behnia démissionna et il voulu nommer Niki Byrne, une photographe, comme successeur. Elle refusa le poste, pour souligner son mépris.


The L word
Car Journos Posting Their L (les journalistes autos postant leur lose) est un compte Twitter ouvert début février.

Il souhaite démontrer la médiocrité, voire la pusillanimité de la presse auto US. Ce qu'il appelle le "L" (pour lose.) Parfois, les journalistes sont effectivement ridicules. D'autres fois, même avec les commentaires, on a du mal à comprendre où est la vanne. En tout cas, il n'y a pas de diffamation ou d'injure publique.


Woke Wheels s'est empressé de dénoncer Car Journos Posting Their L et son aspect séditieux. Il est vrai qu'il s'en est notamment pris aux femmes de la profession. Et lui par contre, il n'hésite pas à être injurieux.


Moins de 48h plus tard, Car Journos Posting Their L a été outé. Il s'agit d'un contributeur de Jalopnik, trumpiste. Quelqu'un sans doute en mal de pub. Précisons, qu'il ne s'y connait pas plus en voitures que ses camarades.

Un responsable d'agence de com' enjoint ses confrères à blacklister le twittos. Au motif qu'il "met mal à l'aise" ses collègues.

C'est ce que l'on appelle la "cancel culture". Celui qui est désigné comme fasciste doit être rayé de la sphère publique. Non sans ironie, notre commissaire du peuple précise que personne ne vous oblige à suivre la doctrine d'exclusion du déviant.


Woke Wheels revendique une nouvelle victoire... Mais il n'apprécie pas que quelqu'un tente de l'outer, lui.

Notez que Bradley Brownell a été l'objet de plusieurs tweets de Car Journos Posting Their L. Mais apparemment, lui, il est beau joueur.

En attendant, l'incident a fait de la pub pour Car Journos Posting Their L. Sa messagerie privée déborde de message de journaliste souhaitant dénoncer les agissements de leurs camarades...


 (Captures d'écran de Twitter.)

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