Reimagine Jaguar
On commence avec Reimagine, le plan de Thierry Bolloré pour Jaguar Land Rover.
La présentation débute par le traditionnel clip sur le groupe, avec le passé...
Et le présent...
Ça sera les seules apparitions de voitures à l'écran. Ensuite, on n'aura même pas droit à une silhouette.
Lors de la présentation Stellantis, les produits brillaient par leur absence. Renault, au moins, était venu avec des concept-cars dans ses bagages. Ici, il y a de quoi être étonné par cet absence totale de véhicules, alors que l'on veut évoquer la passion...
Thierry Bolloré est PDG de Jaguar depuis l'été dernier.
Héritier désigné de Carlos Ghosn, il a hérité du trône lors de l'arrestation rocambolesque de celui-ci. Son règne fut de courte durée. Nissan et l'état français en profitèrent pour organiser une chasses aux sorcières. Beaucoup ont trouvé refuge chez PSA. Bolloré, lui, se recycla chez Jaguar.
C'est tout un symbole, car il succède à l’indéboulonnable Ralf Speth. Speth était arrivé en 2007, dans ce qui était encore le Premier Automotive Group. Il pilota ensuite le binôme Jaguar Land Rover lors des douze premières années de l'ère Tata.
Ralf Speth était le responsable d'une filiale de Ford, puis de Tata. En recrutant l'ancien PDG de Renault, JLR veut s'affirmer comme un groupe d'envergure mondiale.
JLR quitte donc enfin "l'après-Ford" pour entrer dans une phase de consolidation. Les temps sont durs. JLR avait connu sa meilleure année en 2017, avec 621 109 ventes. Puis ce fut une série de reculs, avec le coup de grâce du covid. Avec 425 974 unités en 2020. On a même évoqué un retrait de Tata -vite démenti-.
JLR avait déjà amorcé le virage de l'électrification. Le nouveau PDG compte accélérer sur ce point. En 2026, il n'y aura plus de diesel. En 2030, les Jaguar seront exclusivement proposées en électrique et en 2036, ce sera au tour des Land Rover.
Bolloré évoque la douceur de conduite et le calme procuré par l'électrique. Compatibles, selon lui, avec le luxe des produits JLR.
Le public n'est pas dupe sur le bilan carbone réel de l'électrification. Il faut aller plus loin. Et Bolloré de jurer qu'en 2039, son entreprise sera neutre en carbone.
Côté Land Rover, il nous annonce la continuation des gammes Range Rover, Freelander et Defender. Tant pis pour les berlines Road Rover qui auraient permis de faire la liaison avec Tata Motors.
Land Rover va disposer d'une plateforme inédite, la Modular Longitudinal Architecture (MLA.) Elle peut aussi bien accueillir des motorisations thermiques ou électriques. Puis elle recevra la plateforme EMA (Electric Modular Architecture.)
L'une des causes du plafonnement des ventes, c'est l'absence de grandes nouveautés. Certes Land Rover a récemment lancé les nouveaux Evoque (2019) et Defender (2020.) En revanche, chez le matou, rien de neuf depuis l'i-Pace (2018) et surtout l'E-Pace (2017.)
Sur ce chapitre, la présentation est bien en-deça des attentes. Le PDG évoque une future plateforme et du tout électrique. Plateforme distincte de celles de Land Rover, afin d'affirmer les identités. Le prochain modèle -tout électrique- débute les essais routiers. Donc pas de lancement avant 2022.
L'information du jour, c'est que la future XJ est envoyée aux orties. On sait ce que Jaguar ne va pas lancer. On aurait aimé davantage de précisions sur ce qu'il va lancer : des berlines ? Des SUV ? Une compacte ? Une remplaçante de la F-Type, voire des XK ?
Le dernier point, c'est le restructuration.
Pas de fermeture de site. La plateforme MLA sera produite sur le sol Britannique et Solihull -où est produite la XE- accueillera la future plateforme Jaguar.
Il y aura avant tout un objectif de convergence et de rationalisation des moyens, au niveau mondial. Notre hôte souligne plusieurs fois que les usines de Nitra (Slovaquie) et de Changshu (Chine ; joint-venture avec Chery) feront parti de la stratégie industrielle globale, au même titre que les trois sites Britanniques. Apparemment, les sites Brésiliens et Indiens ont vécu, tout comme le partenariat avec Steyr et le projet d'usine Américaine. Quant à Gaydon, il deviendra davantage le siège central de JLR... Même si la marque doit y cohabiter avec Aston Martin (un héritage de Ford.)
Speth avait été l'artisan d'une course à l'armement -souvent mal-maitrisée-. Bolloré souhaite que JLR conserve une taille mesurée, afin de gagner en flexibilité. La bonne nouvelle, c'est un chèque de Tata de 2,5 milliards de livres (2,9 milliards d'euros) pour poursuivre la mise à niveau de l'outil industriel.
Il y aura également une bataille de l'ingénierie et des services. Pour sa R&D, JLR a prévu de tisser des partenariats avec les universités Britanniques. Quant aux services, c'est le domaine de Studio 107, son incubateur. Bolloré nous promet que les futures modèles disposeront ainsi des dernières technologies.
Un mot tout de même sur le fond. Bentley avait mis très haut la barre de la présentation austère. Mais JLR fit encore mieux ! Décor minimaliste, éclairage limité, costume et mine sombre de notre hôte... C'est en total décalage avec un discours qui se veut rassurant et positif !
Aussi, il y a une absence d'objectif chiffrés et de dates à court terme. Ce qui trahit l'idée que la crise sanitaro-économique va durer encore longtemps. Au point d'affecter le planning, sinon les résultats de 2021 et peut-être de 2022...
(Captures d'écran de Jaguar)
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