Dealerships : un steak de lion !

Au futur terminus de la ligne 11 du métro, les grues s'activent. Pour le métro, bien sûr, mais également pour gentrifier les alentours... Néanmoins, l'effet "Grand Paris" est localisé. A quelques centaines de mètres de là, un quartier cerné de bretelles d'autoroute est en friche. 

Cet ancien concessionnaire Peugeot avait ainsi été transformé partiellement en auto-école et en steak house halal. Deux activités qui semblent avoir périclité, alors que l'on peut toujours lire "occasions du lion" sur la façade.


L'actualité automobile est plutôt calme. La DS4 était bien le seul gros lancement de janvier. En marge de son grand plan, Renault n'était venu qu'avec des concept-cars et des teasers. Quant à Stellantis, il n'annonçait aucune nouveauté à venir ! Il faut rappeler que depuis un an, il y a en permanence une moitié de l'Europe qui est confinée. Et lorsqu'un pays déconfine, un autre reconfine. Dans ce contexte, personne n'a envie de lancer un modèle, dont le déploiement continental serait entravé. "Voici la nouvelle X. Elle vous plait ? Dommage, car nos concessionnaires sont fermés !"

Néanmoins, depuis plusieurs années, les constructeurs étaient en attente. L'industrie tente de repousser le saut dans l'inconnu. Le WLTP avait été un prétexte comode pour temporiser, comme le Covid aujourd'hui. Je m'étais ému d'un "petit" Mondial 2018. Francfort 2019, avec ses chaises vides, ne faisait guère mieux. Le salon de Genève 2020, fut la première victime du covid et de toute façon, il n'avait pas grand chose à exposer. Les constructeurs préfèrent temporiser. On est dans une queue de comète du tout SUV et l'électrique a du mal à vraiment se massifier. Ajoutez-y cet interminable Brexit, qui vient seulement de se décanter.
Tous les généralistes intègrent ainsi au moins un modèle lancé en 2015, dans leur gamme. Et beaucoup possèdent des modèles présentés en 2014, voire 2013 ! Ces vieilleries sont principalement des modèles qui ne seront pas remplacés. Soit parce qu'ils sont issus de partenariats caducs (Daimler-Alliance, TCPA...), soit parce que leur segment est en voie d'extinction (monospaces, grandes berlines...)

Ce manque de nouveautés et l'âge de la gamme contribue à la morosité du marché (encore -6% en France, en 2020.) D'autant plus que les constructeurs avaient perdu l'habitude de gérer des longues carrières. Avant, on savait relancer un modèle déjà ancien, avec de nouvelles motorisations, de nouvelles carrosseries... Aujourd'hui, il n'y a plus d'étalement du déploiement. Dans les 3, 6 mois suivant un lancement ou un lifting de mi-vie, la gamme du modèle atteint son apogée. De quoi renforcer un peu plus la perception du vieillissement actuel des gammes. Va-t-on revoir les séries spéciales, comme dans les années 80-90 ?

On parle beaucoup de ce que les constructeurs vendent. Néanmoins, qui se penchent sur où ils le vendent ?

La définition actuelle des concessionnaires date des années 2000. A l'époque, à chaque niveau de gamme, la berline 2/3 volumes était épaulée d'un monospace. Les Asiatiques proposaient également un gros SUV et les Européens, des coupés, des breaks, voire des roadsters. Les marques exigeaient que leurs réseaux aient de grands espaces, afin de pouvoir y exposer toute cette gamme pléthorique. Y compris des modèles de niche à la rotation faible.
En contrepartie, ils expliquaient à leurs réseaux qu'ils allaient disposer de sources de revenue complémentaires. A savoir une boutique (textile, jouets...), une activité de réparation express multi-marque, de la location de voitures et des produits financiers (leasing, gestion de flottes...) De quoi rentabiliser le foncier.

Ce modèle a vite trouvé ses limites.
Personne n'a jamais poussé la porte d'un concessionnaire pour acheter un polo ! Et les vendeurs VN ne sont pas payés pour repasser des tee-shirts ou gérer les stocks de miniatures ! Alors vous avez généralement une vitrine cassée, dans un coin, avec des vêtements en boule et des miniatures poussiéreuses de la gamme de 2010. La location de voitures et les produits financiers, c'est un métier et il n'est pas transposable dans toutes les zones géographiques. Quant à l'entretien multi-marques... Vous avez des centres autos qui vous accueillent avec le sourire, sans rendez-vous, ne réparent que le nécessaire, rapidement et pour un prix raisonnable. Tandis que les concessionnaires en sont l'exact antithèse...
Plus généralement, cette logique des vastes emplacements a trouvé ses limites. Dans Paris, même en moyenne couronne, la pression foncière est trop forte. Dès que l'on est proche d'un métro ou d'un RER, voire d'un métro qui entrera en service dans dix ans ! Cette chronique est justement alimentée par les concessionnaires sacrifiés, à proximité de chez moi.
Le foncier raisonnable, il est situé dans des zones enclavées. Le plus ridicule, c'était un concessionnaire au milieu des champs. Après y avoir déposer ma voiture, pour la faire entretenir, j'ai du marcher trois kilomètres jusqu'à une gare SNCF ! Et pour les essais en concession, les marques m'indiquent des concessionnaires à 30 ou 40 minutes de chez moi, parce qu'il n'y a plus rien de plus près.
Et globalement, le dernier point, c'est que les espaces VN sont souvent clairsemés. Car les constructeurs réduisent leurs gammes.

Il faut donc une vraie réflexion de fond. Demain, l'entretien sera minimal. Quoi qu'en dise le WWF, un VE n'a pas de courroie à retendre ou de vidange à effectuer. On sera sans doute davantage sur de la maintenance logiciel. Les concessionnaires doivent également se rapprocher de leur clientèle. La solution, c'était a priori le service à domicile. Néanmoins, cette pandémie a révélé que les populations tiennent au contact humain et à la vie dans les centre-ville. On préfère passer une porte que de pianoter sur une appli. Y compris, à l'étonnement de tous, chez les 18-35 ans. Serait-ce le grand retour des garages du coin de la rue ?

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