Gaz rare

Pour passer le temps dans les bouchons, j'écoute la radio. Sur France Info, j'entendais parler d'une future taxe sur les poids-lourd. Elle sera divisée en deux, une fiscalité pour les poids-lourd deux essieux et une pour les poids-lourd ayant davantage d'essieux. J'ai pensé : "A quoi ça ressemble, un poids-lourd à deux essieux ?" C'est alors que ce Mercedes NG complètement rouillé est passé devant moi !

On ne le voit pas, à cause de la rouille, mais il porte les couleurs des "Transports Fréon". Ca m'a fait penser à Franck Fréon, l'un des premiers Français à s'essayer à l'Indycar (depuis l'époque de René Thomas et Gaston Chevrolet.) Fréon avait commencé sa carrière en coupe R5, en 1985. C'est du "citation needed" mais si c'était le cas, il aurait croisé Patrick Bourdais, le père de Sébastien... A l'instar d'Eric Cayrolle et de David Henry, il passa à la Formule Renault Turbo, terminant 4e, en 1987. Puis ce fut la F3, durant deux saisons guère convaincantes. Il s'essaya à la F3000, terminant souvent non-qualifié.
Il traversa l'Atlantique et là, ce fut la révélation : 4e de l'Indy Lights 1991, il fut vice-champion 1992 et 1993.
A l'époque, il existait un CART à deux vitesses. D'un côté, les top-teams Penske, Newman-Haas et bientôt Green, Ganassi et Rahal se livraient à une course à l'armement. Penske, Lola et Reynard lançaient un nouveau châssis par an. Plutôt que de laisser moisir leurs anciennes voitures, les top teams les revendaient à de minuscules équipes. Ainsi, malgré des poches trouées, Fréon accéda à l'Indycar, au volant de monoplaces bonnes pour le musée ! Il termina même 12e de la manche de Long Beach 1994. Il renonça fin 1995, alors qu'avec la scission, l'Indycar créait un championnat "B". Il fit alors les beaux jours du Corvette Racing, remportant les 24 heures de Daytona.
Stefan Grégoire, un autre Français fauché comme les blés, profita de la naissance de l'Indycar pour relancer sa carrière. Cela donna envie à des Français, dont la carrière était bouchée en Europe, de traverser l'Atlantique, comme Didier André, Boris Derichebourg, Soheil Ayari ou Laurent Redon. Puis, au début des années 2000, le CART était perçu comme une vrai alternative à la F1 pour des pilotes compétitifs comme Nicolas Minassian, Sébastien Bourdais ou Franck Montagny. Vers 2008, on passa un nouveau cran. Le triomphe de Bourdais donna envie à des espoirs de 20 ans de rouler en Formula Atlantic, puis en Pro Mazda, à l'heure de la F3. Simon Pagenaud et Tristan Vautier sont issue de cette génération de pilotes partis très tôt. Nico Jamin, Florian Latorre, Alex Barron ou Timothé Buret ont connu le succès et hélas, ils ont du renoncer à la monoplace, faute de budget. En tout cas, tout ces Français peuvent remercier Fréon, le pilote qui a défriché la voie...

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