Rétromobile 2024 : 13. Alfa Romeo 33 TT12

Il y a quelques jours, j'ai lu l'article de Fail Auto sur la Kauhsen F2. Et que vis-je, chez ArtCurial ? L'Alfa Romeo 33TT12 qui apporta le seul grand titre à Kauhsen !

En tant que marque sportive, Alfa Romeo mit longtemps un point d'honneur à avoir en permanence au moins un programme en compétition.

Alfa Romeo possède ainsi un épais palmarès. Au Mans, la 8C 2300 fut invaincue de 1931 à 1934. Après-guerre, la marque revint à l'endurance en 1956, avec la Giulietta SZ. Il s'agissait d'une Giulietta entièrement recarrossée par Zagato et visant la classe 1,3l. La Giulietta céda sa place à la Giulia et la SZ, à la TZ. Elle recevait le 1,6l de la Giulia et surtout, un châssis tubulaire inédit (le "T" de "TZ" signifiant Tubolare.) Le constructeur recruta l'ingénieur vétéran Carlo Chiti (ex-Ferrari), qui sortait du feu de paille ATS. Chiti fut chargé de mettre sur pied Autodelta, le service compétition officiel. En 1966, Alfa Romeo changeait de dimension avec la 33. Equipée d'un V8, elle visait le scratch. La firme milanaise était surclassée par ses nombreux rivaux : Ford GT40, Porsche 908, puis 917, Matra... Il fallu attendre 1971 et les 1000km de Brands Hatch, pour qu'une Alfa Romeo (en l'occurrence une 33/3) remporte enfin une victoire au général.
En 1973, Alfa Romeo passait au 12 cylindres à plat, sans parvenir à briller davantage.

Au début des années 70, le championnat du monde des marques (l'ancêtre du WEC) perdit successivement Porsche, Ferrari et Matra. Alfa Romeo se retrouvait désormais face à des Porsche 908 privées, ressorties du musée et des Alpine A442 encore trop "vertes". Son heure avait sonné ! La confiance d'Alfa Romeo envers Autodelta était en chute libre. L'officine de Carlo Chiti (qui avait déjà des airs d'EPHAD) était reléguée à la préparation moteur. L'exploitation était sous-traitée à Willi Kauhsen, jusqu'ici client Porsche. De plus, profitant du retrait de ses rivaux, il put s'offrir une dream team : Derek Bell, Vitorrio Brambilla, Jacky Ickx, Jacques Laffite, Jochen Mass, Arturo Merzario ou Henri Pescarolo.

Bizarrerie du calendrier, la saison commençait aux 24 heures de Daytona, où aucun protagoniste n'était présent. La FIA décida donc que la course était hors-championnat, avant de la réintégrer a posteriori.

Aux 1000km du Mugello, les poleman Ickx et Merzario subirent l'Alpine de Jean-Pierre Jabouille et Gérard Larrousse. Pour les 800km de Dijon, l'Alpine abandonna, offrant la victoire à Merzario et Laffite. Le duo Franco-Italien récidiva 15 jours plus tard à Monza. A Spa, les pilotes changent de voitures ! Bell et Pescarolo récupérèrent la 33 victorieuse, lui offrant une troisième succès consécutif. A Enna-Pergusa, Merzario et Mass imposèrent l'autre voiture. Sur le Nürburgring, tout revient comme avant ! Merzario et Laffite.
Les 24 Heures du Mans ne comptaient pas pour le championnat du monde des marques. En ces temps de crise pétrolière, l'ACO imposait une consommation maximale de 33l/100km. Faute d'y répondre, Alfa Romeo et Alpine furent absent.
Pescarolo et Bell remportèrent les deux dernières courses de la saison, avec respectivement la voiture N°2 et la N°3. Le classement était compliqué. La FIA prenait en compte le meilleur résultat de chaque équipe, à une course donnée. Une victoire rapportant 20 points. Puis elle sélectionnait les sept meilleurs résultats de la saison. Or, Alfa Romeo remporta sept victoires. L'équipe de Willy Kauhsen finit la saison avec 140 points, le maximum possible.
Enfin, on retrouva les 33 TT12, à la Targa Florio. Merzario et Nino Vaccarella s'imposèrent avec la 1.

La saison finie, Willy Kausen aligna "notre" 33 en Interseries. Elle avait jusqu'ici surtout participé à des essais. Mass s'imposa à Hockenheim et Bell, sur l'aéroport de Kassel-Calden. Elle servit aussi de mulet pour la Brabham-Alfa Romeo BT45, étrennant le 12 cylindres à plat, en configuration "F1".

Pour 1976, Willi Kauhsen se senti pousser des ailes. L'écurie Allemande tenta sa chance en monoplace. En endurance, la FIA décida de scinder en deux le championnat. Le championnat du monde des marques était l'apanage des DRM. Jacky Ickx et Jochen Mass y firent une OPA avec la Porsche 935. Le championnat du monde des voitures de sport (WSC) récupérait les protos. Jacky Ickx et Jochen Mass y firent une OPA avec la Porsche 936. Lâché par Kauhsen, Alfa Romeo se rabibocha provisoirement avec Autodelta, qui prépara une 33 pour Imola, où Brambilla et Merzario finirent 2e.
L'année suivante Alfa Romeo revint à temps plein, avec la 33SC12, équipée d'un turbo. Porsche et Alpine se réservant pour Le Mans, les Italiens remportèrent les huit courses du WSC. Alfa Romeo et Autodelta entamèrent alors l'étude d'une F1 100% Alfa, la 177. Du coup, il n'y eu pas de 33 engagées en 1978, même si le projet F1 ne se concrétisa qu'en 1979.

Le vendeur exigeait 1,2 millions d'euros pour cette 33 TT12 sans réel palmarès. Elle lui est restée sur les bras.

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