Rétromobile 2024 : 5. Ford F-472

Sur le stand Vedette France, une Ford F-472. Sur plusieurs forums, elle est faussement appelée Matford. En fait, c'était une Ford SAF qui n'était plus une Matford...

Depuis les années 10, Ford assemblait des voitures à Bordeaux, puis à Asnières. Mais dans les années 30, le protectionnisme allait crescendo. Ford avait commencé à produire des pièces en France (cf. "l'atelier vouté"), mais les volumes étaient insuffisants. Maurice Dollfus prit les commandes de Ford SAF en 1930, avec un objectif de croissance. La solution la plus simple, c'était d'absorber un constructeur (cf. Fiat/Simca avec Donnet.)

Emile Mathis est né en 1880, à Strasbourg. Il fonda Mathis en 1905, dans ce qui était alors l'empire Allemand. Ses premières voitures furent conçues par Ettore Bugatti. En 1918, Mathis devint donc Français. L'entreprise profita à plein de l'explosion du milieu de gamme. Elle ouvrit une seconde usine, à Asnières. A la fin des années 20, Mathis était le deuxième constructeur Français. Derrière l'indétrônable Renault, mais devant l'ambitieux Citroën.
Puis tout s'effondra. La tentative de montée en gamme avec les Emysix et Emyhuit fut un flop. Les Emyquatre était techniquement dépassées. Ses deux usines tournaient au ralenti.

Vous aviez donc d'un côté un constructeur qui cherchait des moyens industriels et de l'autre, un constructeur en sous-capacité. Mathis et Ford étaient fait pour s'entendre ! Matford vit le jour en 1934.

Dans un premier temps, Ford installa ses quartiers à Strasbourg.
Les Ford V8-62 et V8-66 (dérivées de la Ford V8-48 Américaine) sont "francisées" par Chausson et gagnent le suffixe "Alsace". A l'heure d'un farouche nationalisme, il fallait caresser le public dans le sens du poil. Dans les publicités, Matford évoquait ses "V8 Françaises". Pour l'anecdote, Matford distribuait des Ford Werke (Allemagne) Eifel, sous le nom de "CX".

Emile Mathis a très vite déchanté. Il comptait produire, en parallèle des Matford. Il y eu effectivement des Emyquatre construites en 1934 et 1935. Mais ensuite, Maurice Dollfus lui barra la route. Emile Mathis traina Ford SAF devant les tribunaux, arguant du non-respect des accords. En fait, Ford SAF avait toujours considéré Matford comme une entité provisoire. En 1938, Ford posait la première pierre de son site de Poissy. Pendant ce temps, les Matford 13cv et 21cv continuaient d'évoluer chaque année. Les travaux de Poissy se sont éternisés. L'ouvrit n'ouvrit qu'au moment de l'armistice de 1940.

Mettons l'avance rapide sur 1945. Emile Mathis a gagné ses procès. Il récupère l'usine de Strasbourg. Hélas, sa radicale VL333 ne dépassa pas le stade de la pré-série. Quant à la 666, elle ne fut qu'un concept-car. Ses autres projets (moteurs d'avions et tracteurs agricoles) font long feu. En 1953, Citroën récupéra l'usine de Strasbourg pour en faire un concessionnaire. En août 1956, Emile Mathis tomba de sa chambre d'hôtel, à Genève.

De son côté, Ford SAF reparti avec un nouveau PDG, François Lehideux (gendre de Louis Renault et surtout, ancien ministre de Vichy.) En 1947, Ford lança la F-472. C'était une évolution de la Matford V8 F-91 Alsace de 1939. La V8 2,2l 60ch était inchangé depuis 1935. Elle n'était disponible qu'en berline. Ce cabriolet fut réalisé par Antem.
Dévoilée au salon de Paris 1946, la F-472 était techniquement et esthétiquement complètement obsolète. C'était surtout un moyen de rodé un site et un réseau neuf. Maurice Dollfus avait apporté un projet mort-né de petite voiture (de Ford ou Mercury, c'est selon) des USA. Ce sera la Ford Vedette, présentée au salon de Paris 1948. Notez que le V8 2,2l en configuration 60ch poursuivait sa route !

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