Rétromobile 2024 : 10. Lamborghini

Chez RM Sotheby's, je m'étonnais qu'il n'y ait qu'une seule Lamborghini. Une heure plus tard, j'avais l'explication : elle étaient toutes à la vente ArtCurial de Rétromobile !

Les débuts de Lamborghini Automobili furent épiques. Au salon de Turin 1963, la firme au taureau dévoilait la 350 GTV. Faute de temps et de moyens, c'était une maquette statique, sans moteur et à l'intérieur incomplet. Giorgio Sargiotto, un proche de Franco Scaglione -auteur du dessin de la 350 GTV- était l'un des seuls carrossier disponible. Et Lamborghini a vite compris pourquoi il décrochait peu d'affaires...

L'accueil fut glacial et le V12 de Bizzarini était trop pointu pour un usage routier. Au salon de Genève 1964, 5 mois après Turin, la firme au taureau dévoilait une 350 GT n'ayant plus grand chose à voir avec la 350 GTV. Ce coup-ci, c'est Touring qui avait assemblé le prototype.

En mai, les premières 350 GT de série sortaient de Sant'Agatha Bolognese. Celle d'ArtCurial fut vendue à Milan en mars 1965, un an après le salon de Genève. C'est la 25e 350 GT, sur un total de 120. Elle est parti pour 405 280€.

Lorsque vous créez une entreprise, vous dépensez beaucoup de temps et d'argent jusqu'à l'ouverture. Pour un projet comme Lamborghini Automobili, beaucoup auraient levé le pied au lancement de la 350 GT. Attendant notamment de rentrer dans leurs frais. Ferruccio Lamborghini, lui, avait conscience que pour s'imposer durablement face à Ferrari, il fallait multiplier les lancements.

Au salon de Genève 1966, il dévoila deux voitures : la Miura et la 400 GT. Les toutes premières 400 GT étaient des évolutions 4,0l de la 350 GT. On les différenciait par les doubles-phares. Mais elle fut vite éclipsée par la 400 GT 2+2. Le châssis avait été modifié pour réduire la garde au sol, tout en maintenant la ceinture de caisse à la même hauteur. Cela profitait à l'habitabilité et la 400 GT devenait une 2+2 places.

Celle-ci sorti de chaine en juin 1966. Vendue pour 351 640€.

Jusqu'à la Diablo Roadster, on a compté les cabriolets Lamborghini sur les doigts de la main.

Touring avait réalisé deux 350 GTS (Spider) pour le salon de Turin 1965. Automobili Lamborghini transforma une troisième voiture, en 1982. Un restaurateur Américain, Jerry Fandytis, créa lui, deux 400 GT 2+2 Spider. Notez la tentative de maquillage en 350 GT (feux ovales, deux places...)

Celle-ci est partie pour 280 120€, alors qu'ArtCurial en espérait 500 000€.

"Rare", ne signifie pas forcément "convoité". A la fin des années 60, Lamborghini s'est enfermé dans une monoculture Miura. Ses efforts sur ses autres modèles alla descendo. Si l'Espada et l'Urraco tenaient à peu près leur rang, la Silhouette, par contre...

Après la Miura, vint la Countach. Lamborghini passa ensuite de mains en mains. Le constructeur rêvait d'une GT V8 faisant du volume. Partant de la Silhouette, le V8 cubait désormais 3,5l. Giulio Alfieri (oui, l'Alfieri célébré par Maserati) se chargea de l'opération. Marcello Gandini, dessinateur de la Countach, dessina ensuite la BX. Marc Deschamps, lui, signa la Jalpa, avant de crayonner la Xantia. Lamborghini ne chercha même pas à "Countach-iser" la Jalpa. La ligne était très quelconque.

Dévoilée au salon de Genève 1981, la Jalpa fut -sans surprise- un bide. Lorsque Chrysler mit la main sur Lamborghini, il liquida la Jalpa. En 1995, Giorgetto Giugiaro proposa la Calà, une intéressante proposition équipée du V10 de la Viper. ItalDesign avait su employer le vocabulaire de la Diablo, tout en créant du neuf. Mais il faudra attendre Audi, pour qu'il y ait de nouveau une petite Lamborghini...

Voiture n'ayant pas grand chose pour elle, la Jalpa d'ArtCurial trouva tout de même preneur pour 113 240€.

La Countach, c'est une maitresse qui aurait tous les défauts du monde, mais qui serait incroyablement sexy.
C'est une véritable sculpture sur roue. Il y a quelque chose de provocant, de violent dans son dessin. C'est comme une toile de Théodore Géricault ; on est forcément interpelé. On aime ou n'aime pas, on comprend ou l'on ne comprend pas. Mais on la voit, on s'arrête devant, on digère ce que l'on a vu et l'on ne repart qu'ensuite.
Après, elle n'a pas de coffre, la visibilité arrière est nulle, l'embrayage est en béton et le parebrise givre lorsqu'il fait froid. Toutes les Countach semblent avoir été assemblées un vendredi après-midi et le faisceau électrique ferait rire les ateliers situés dans les brousses les plus reculées d'Afrique sub-Saharienne... Pourtant, d'aucuns donneraient père et mère pour quelques kilomètres au volant d'une Countach...

Ici, on a une 5000 S de 1981. Le propriétaire a jugé l'aileron arrière disgracieux et il est livré à part. Trop gourmand, il en demandait 550 000€. Elle est restée à quai.

En 2020, ArtCurial avait proposé un tracteur Lamborghini 2 R de 1962. Voici un petit 1 R de 1964, dans les mêmes teintes bleu et orange. Curieusement, c'est Lamborghini Klima-Lounge (radiateurs et air conditionné), qui a fournit le certificat d'authenticité.

Vendu pour 33 376 €.

Enfin, ce DL 30C chenillé pouvait déployer des roues, pour pouvoir circuler sur routes. La preuve que Ferruccio Lamborghini n'a pas attendu les GT pour avoir des idées iconoclastes ! Rappelons que Modène, c'est une région viticole, réputée pour son vinaigre balsamique. Ferruccio Lamborghini était lui-même fils de viticulteur (et il commercialisa du vin, sur le tard.) Il savait donc qu'il existait une clientèle locale suffisamment riche pour s'offrir des tracteurs.

Une activité qui fit la fortune, puis la ruine de Ferruccio Lamborghini...

Il est parti pour 47 680€.

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