Mondial 2024 : 12. Leapmotor

Stellantis possède une quinzaine de marques dans son portefeuille. Néanmoins, pour percer dans le marché des VE, ils se sont tourné vers un autre : Leapmotor. Une stratégie logique pour le conseil d'administration de Stellantis, mais qui fera sans doute grincer bien des dents en interne.

A propos, c'est le second Mondial de Paris de Leapmotor. Le constructeur Chinois était venu en 2022. Peu avaient fait attention à son stand, au fond du hall.
En octobre 2023, Stellantis s'est offert 20% du constructeur. Au printemps 2024, on a appris que l'usine de Tychy allait produire des citadines T03. Ce qui permet au site de compenser l'arrêt de la Fiat 500. Leapmotor, lui, peut esquiver la surtaxe sur les VE made in China. Peu après, Stellantis annonçait la création de Leapmotor Europe, une joint-venture dont il posséderait 51%.

Tout ceci rappelle British Leyland s'appuyant sur Honda. Avec tout d'abord la Honda Ballade produite à Cowley (sous le badge Triumph Acclaim.) Les Japonais pouvaient ainsi échapper aux quotas mis en place dans la CEE. Bien sûr, Stellantis n'est pas dans la situation financière de British Leyland.
Néanmoins, le Honda de 1978, pouvait se vanter d'avoir créé la S800 et la Civic, d'avoir aligné des F1, sans oublier ses motos... C'était un constructeur venu du lointain Japon, méconnu en Europe, mais disposant d'un savoir-faire reconnu.
A contrario, l'histoire de Leapmotor n'est guère glorieuse. C'est une émanation de Dahua Telecommunication (talkie-walkies, interphones, puis vidéo-surveillance.) Zhu Jiangming, cofondateur des deux entreprises, n'est pas un ancien cadre de l'automobile. Leapmotor fut fondé en 2015. Son premier modèle, la S01, fut un coupé. Une partie de la production était sous-traitée chez Changjiang et il a racheté le fabricant de 4x4 génériques Forta (afin de disposer de sa licence de production.) En 2023, Leapmotor visait les 200 000 unités, mais il n'en a produit que 144 200. Fin septembre, le compteur 2024 était à 170 561 unités, devant XPeng ou NIO, mais derrière Li ou Aion.


Le maladroit coupé S01 a été un flop. Heureusement, dans les cartons de Changjiang, il y avait la microcitadine eCool. Un projet de 2016, au temps où Changjiang rêvait de développer sa propre gamme de voitures électriques. Elle fut revue esthétiquement (un peu) et techniquement (beaucoup.)
Lancée en 2020, elle dispose d'un moteur 55kW, avec une batterie 36,5kWh (puis 37,3kWh.) C'est le best-seller de la marque.

Désormais, elle est donc produite à Tychy. Elle compte sur un prix canon de 14 900€ pour faire oublier l'absence de notoriété de la marque.


Deuxième véhicule proposé par Leapmotor, le gros C10. C'est un SUV de 4,74m de long. En Chine, il est proposé en version hybride, mais l'Europe n'aura droit qu'à la version VE 160kW. Il revendique 420km en cycle WLTP. Prix : 34 900€. Assez pour compenser une apparence démodée ?

Contrairement à la T03, il est exclusivement produit en Chine. Il subira donc une surtaxe en 2025.

C'est trop petit pour vous ? Alors voici le C16 ! C'est peu ou prou un C10 rallongé à 4,74m. Du coup, il accueille une troisième rangée de sièges. Positionné haut de gamme, il reçoit un moteur 215kW, mais il se contente d'une batterie 67,7kW.

Pour l'instant, sa venue sur le Vieux Continent n'est pas confirmée.


Leapmotor -et Stellantis- semblent davantage miser sur le B10. Pour l'instant, ce n'est qu'une maquette et Paris en a la primeur. C'est Carlos Tavares lui-même qui en fait l'article. Bien qu'esthétiquement proche des C10 et C16, il repose sur une plateforme inédite. Avec 4,50m de long, il s'attaquera au segment très compétitif des SUV compacts.

On ne connait ni ses performances, ni sa date de commercialisation. Mais il possède un prix : moins de 30 000€.
N'y a-t-il pas un risque de cannibalisation des autres produits Stellantis (notamment du côté de Fiat et Citroën ?) Alors, Leapmotor, cheval de Troie du VE Chinois en Europe ? Ou bien allié qui s'est bâti sur du sable ?

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