BYD Europe Product Premiere | BYD Auto

Les constructeurs Chinois passent la deuxième en Europe ! MG est quasiment présent dans toute l'UE, XPeng a posé des orteils au Benelux et en Scandinavie, tandis qu'Ora vient d'ouvrir son premier concessionnaire Britannique. Quant à Byd, il va débuter la vente de voitures particulières, en Europe, cet automne. Des voitures si performantes qu'elles permettront de refroidir l'atmosphère d'un degré !

A l'instar de la présentation MG4, il y a deux semaines, c'est 39 minutes de gloubi-boulga. A qui s'adresse Byd ? A des gens qui connaissent la marque ? A des particuliers ? Aux professionnels de l'automobile (médias, concessionnaires...) ? A vouloir parler à tous, il fini par parler à personne...

On démarre par une présentation très "corporate" du groupe Byd.

Wang Chuanfu, PDG et fondateur du groupe, vient nous parler (en mandarin.)

On sent que le public Chinois s'est habitué au style "keynote". Le PDG de Byd avait d'ailleurs été l'un des premiers à laisser tomber les pupitres, même s'il garde son costume.

Le PDG revient brièvement sur la F3 DM (NDLA : hybride), le premier modèle "propre" de la marque.

L'histoire du groupe aurait mérité davantage d'attention. Wang Chuanfu a fondé un fabricant de batteries de téléphones portables en 1995. 8 ans plus tard, il rachetait Qichuan, un constructeur à la dérive. Renommé Byd Auto, il eu une double-stratégie. D'une part, envahir le marché avec des voitures bon marché et d'autres part, travailler sur les voitures "propres". Byd choisit aussi de se diversifier dans les chargeurs, les bus électriques et les chariots-élévateurs électrique, afin de gagner une expertise globale.

Lorsque la stratégie de volume s'est révélé être un échec, Byd Auto a pu se reconvertir dans le milieu de gamme et tout miser sur les hybrides, puis les électriques. Avec un million de voitures (électriques et hybrides rechargeables), vendues sur les 8 premiers mois de 2022, il se vante d'être N°1 mondial de son segment. Toyota vendant deux millions d'hybrides par an, mais il s'agit d'hybrides non-rechargeables.

Son point-fort, c'est qu'il maitrise son savoir-faire et que ses technologies sont rodées.

On passe à Lian Yubo. Il avait rejoint Byd en 2004, pour diriger la business unit "auto". En 2016, il devint N°2 du groupe, un poste qu'il occupe toujours.

Vu d'Europe, l'Extrême Orient forme un tout. Il suffit de voir les rayons des supermarchés lors du nouvel an Chinois : il y a pêle-mêle des nems Vietnamiens, des raviolis Chinoises, des sushi Japonais...
Par un effet miroir, les Asiatiques pensent que l'Europe est un tout homogène. C'est d'autant plus prégnant en Chine, où la proportion de gens voyageant à l'étranger est plus faibles et où les Chinois disposent d'un internet autarcique. Ceci explique le discours de Lian Yubo, très maladroit, sur les Européens.

Yang DongSheng fait figure de "petit jeune" du conseil d'administration de Byd. Manager chez XCMG (le géant des engins de engins de TP), il a été débauché par Byd et placé à la direction de la R&D.

Il nous parle des futures mises à jour OTA des Byd, alors qu'on aimerait plutôt connaitre les équipements actuels de la gamme vendue en Europe !
Surtout, en terme de fonctionnalité, notamment en mode autonome, Byd est plutôt en retrait de XPeng et NIO.

Gag : Byd Europe a repris des images Chinoises. En Chine, la plupart des applis occidentales (type Facebook, Google, Spotify, etc.) sont censurées et remplacées par des applis locales.
Soit, comme XPeng, il pourrait montrer des applis Chinoises, inconnues chez nous (donc pas très vendeur), soit faire un montage avec celles qu'on connait (et qui seront présentes sur les Byd vendues en Europe.) Au lieu de cela, ils ont opté pour un floutage très nul.

Ancien responsable du design d'Audi, Wolfgang Egger a été débauché par Byd. Il joue surtout le gweilo de service.

En 24 plans par seconde (et avec un auto-doublage a posteriori), il s'exprime dans un anglais hésitant. Il nous vend sans grande conviction les lignes "uniques" de la grande berline Han. Si on était mauvaise langue, on dirait qu'avec son style "coupé 5 portes", la Han rappelle furieusement certaines productions d'Ingolstadt.
Puis il passe au style "iconique" de l'Atto 3. A croire qu'il est à ce point en pilotage automatique qu'il en a oublié qu'il parlait d'une marque pas encore présente sur le vieux continent...

Tim Bryant, responsable client et formations de Byd Europe (et ancien de Tesla) prend le relais. Au pied de la Tour Eiffel, il revient sur la Han.
Byd aime bien nommer ses voitures d'après les dynasties Chinoises. Les Han sont l'une des premières grandes dynasties, son rôle dans l'histoire Chinoise fut prépondérant. La Han est donc le vaisseau-amiral de Byd. En Chine, elle est proposé en thermique, hybride et électrique.
Seule la version électrique 4RM (un moteur par essieu) arrivera chez nous et poussée à 380kW (531 ch), de quoi atteindre 100km/h en 3,9 secondes. Elle possède une autonomie de 521km en cycle WLTP et récupère 50% de charge en 30 minutes.

Ralf van Meer prend la suite. Responsable marketing et communication de Byd Europe, il travaillait auparavant chez l'importateur Néerlandais Louwman. Malheureusement, ils ont embauché le monteur de la présentation Solterra : il effectue donc un joli numéro de ventriloquie.

La dynastie Yuan fut fondée par Kubilai Khan, l'empereur qui aurait rencontré Marco Polo. Mais pour l'export, la Byd Yuan est renommée "Atto 3" (pour éviter l'homonymie avec la monnaie chinoise ?) Ce SUV compact repose sur "l'e-platform 3.0" ; une plateforme dédiée aux VE. La Yuan/Atto 3 est donc uniquement disponible en électrique.
Son moteur développe 152kW (204ch) et elle revendique 420km d'autonomie WLTP.

Pere Brugal, directeur commercial Europe de Byd Auto (et ancien directeur "Europe du sud" de Tesla) nous fait visiter l'usine de l'Atto 3. Ce site flambant neuf, entièrement robotisé, est situé à Xi'an, fief de Byd Auto (depuis le temps de Qichuan.)

Notez que Byd possède depuis peu une usine de CKD en Inde, pour ses VE. Une usine en Thaïlande est également programmée. Enfin, de manière plus anecdotique, Byd souhaite assembler des véhicules chez UzAuto (ex-UzDaewoo) pour l'Asie Centrale.
Vers 2010, comme nombre de constructeurs Chinois, Byd Auto avait débarqué dans les salons internationaux, persuadés que les distributeurs allaient se bousculer. Puis il opta pour une stratégie de petits pas. D'abord exporter ses bus électriques, puis ses PL électriques, afin de s'imprégner de la culture locale. Ensuite utiliser des marchés tests (Norvège et Brésil) pour la vente de voitures particulières, avant de passer à l'occident. Clairement, face à l'offensive de ses compatriotes, Byd Auto a du presser le pas. Elle reste néanmoins une entreprise très sino-chinoise.

 

Michael Shu est le responsable de Byd Europe.

La Norvège est une terre d'accueil des VE Chinois. Michael Shu est fier de nous montrer le témoignage d'un propriétaire de Tang EV.

Dès octobre, Byd va étendre sa présence en Allemagne, au Benelux et au reste de la Scandinavie. Il s'est associé à de gros distributeurs indépendants, comme Louwman ou Inchape. Un choix dicté une volonté de quadriller rapidement ces pays, quitte à court-circuiter les implantations existantes du groupe.
La France et la Grande-Bretagne devraient suivre en 2023.

Signalons que les stations Shell devraient s'équiper de bornes de chargement Byd Auto.

Le SUV Tang a été lancé en 2018. Sa version EV 4RM sera théoriquement au catalogue, mais a priori, il devrait vite s'effacer.

Côté prix, il propose une Han full option et le Tang pour 72 000€. L'Atto 3 est à 38 000€. Un prix un poil inférieur à la concurrence Européenne. Alors qu'en Chine, il casse les prix.

Au final, cela laisse une impression curieuse. Cela fait exactement dix ans que le constructeur prépare son arrivée en Europe et d'un seul coup, il saute le pas avec trois modèles. Car il a conscience que le marché ne pourra absorber dix constructeurs Chinois de VE, or, il y a déjà MG, Lynk&Co, Aiways, XPeng...

La présentation est à l'image de cet effet ketchup. Un format Chinois (30 minutes), mais avec finalement peu d'informations. A la limite, les interventions de Tim Bryant, Ralf van Meer et Michael Shu (hors témoignage du client Norvégien) auraient suffit.
Surtout, cette vidéo parlerait à une clientèle Chinoise, pas aux Européens. Byd aurait du davantage mettre en avant son expérience et ses succès industriels.

Byd Auto sera présent au Mondial de Paris.

(Captures d'écran de Byd Europe.)

Commentaires

  1. Merci pour ce "rapport" très détaillé qui donne une bonne idée de ce que devait être cette prestation catastrophique (visiblement mal préparée). Quant aux voitures, elles sont comme la présentation chinoise: elles ont l'air moyennes.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Qu'est-ce que vous en pensez ?

Articles les plus consultés