Tour Auto 2022 : Porte de Versailles

Bousculé par le Covid et les travaux du Grand Palais, le Tour Auto a connu trois dates et trois points de départs en trois éditions. Pour 2022, il retrouve enfin le mois d'avril. Par contre, c'est au Hall 6 de la Porte de Versailles (celui des expositions, lors du Mondial) qu'il pose ses valises.

Autre nouveauté 2022 : l'exposition s'étale sur deux jours. Comme cela, le public peut découvrir les voitures le dimanche.

Au milieu de tous ces changements, une constante : la disposition. Les voitures sont disposées par pays et par marque... Avec des exceptions.

Justement, en entrant, on tombe d'emblée sur une exception. La BMW 3.0 CSL Schnitzer 1974 d'Henri Pescarolo n'est pas avec les autres BMW, mais face au stand Motul. Motul qui était déjà le mécène de la présence de la March 721 "Polytoys" de ce même Henri Pescarolo, aux Classic Days 2020. Signalons qu'il est navigué par Michel Perin, célèbre pour avoir été le copilote de Pierre Lartigue lors de l'épopée des ZX Rallye-Raid du Dakar...

Comme chaque années, les journalistes TV sont présents. François Allain ressortant sa Peugeot 203 "rallye", tandis que Géraldine Gaudy est présente sur une BMW 2002 Turbo. Quant à Jean-Pierre Gagick, il pilote cette fois-ci une Mini Cooper.


Autre Mini à suivre, la Cooper S 1275 1965 de My Mini Revolution

Ancien stagiaire de MMR, Victor Bastin organise des rallyes d'anciennes. Quant à Adrien Harang, le copilote, c'est l'un des cofondateurs de MMR.

C'est à la faveur d'une recommandation Instagram que j'ai entendu parler de cette Panhard Dyna Junior (X87) 1953. En effet, les accessoires vintage Anoa Créations (NDLA : à ne pas confondre avec Vanoa Créations) sponsorisent cette "Pan-pan" de l'écurie des Cadrans. J'adore son bleu France, même s'il me semble apocryphe.
Ce n'est pas une DB, mais une Panhard "normale". Ne vous fiez pas à son look de bolide. En plus, c'est un version pré-facelift avec le bicylindre 38ch. Au moins, ils ne craignent pas les radars sur autoroute...

Je voulais utiliser la Lotus Elan 1965 "Raphaël et Toma" comme fil rouge de "mon" Tour Auto 2022. Je croise effectivement Toma de Saulieu devant le Hall 6... Mais leur voiture, elle, n'est pas encore arrivée...

Les Porsche sont présentes en nombre. Elles offrent un rapport budget/performance/disponibilité (pièces et mécanos compétents) imbattable.

Parmi les nombreuses 911, ma préférée, c'est cette SC Groupe 4 1981, préparation Meznarie

J'adore les 356. Surtout les A et pré-A, aux lignes plus pures. Comme ce Speedster de 1957, malgré sa restauration "à l'Américaine".

Clairement, en terme de nombre de concurrents, on n'est pas revenu au niveau pré-Covid. Ce n'est pas plus mal. Il faut se souvenir de ces Tour Auto, avec une allée d'Alfa Romeo "Coupé Bertone", une allée d'Alpine A110, une allée de Ford Mustang, une allée de Jaguar Mk 2, etc. Vous n'aviez aucune nouveauté d'une édition à l'autre. Qui plus est, il y avait des dérives, avec des écuries proposant des volants clef-en-main à des pige... Euh... Des gentlemen-drivers. Et certains pilotes qui se prenaient pour Jams Hunt...
Il y a eu du ménage. On croise d'ailleurs des voitures "ex-Tour Auto" à vendre. Bon débarras.

Pour 2022, Peter Auto semble privilégier les "wacky racers". Comme cette Simca 1000 Coupé Bertone de 1963.

Cette Volkswagen [Coccinelle] 1303S de 1973 était déjà présente au Tour Auto 2020. Mais je ne l'avais pas mise dans mon compte-rendu. Voilà qui est réparé !

Notez qu'elle est engagée en "Compétition" et non en "Régularité", contrairement aux autres.

Lamborghini s'est longtemps détourné de la compétition. Ferruccio Lamborghini fanfaronnait, disant que ses voitures étaient si excellentes qu'elles n'avaient pas besoin de cela. Au milieu des années 60, il n'y avait pas encore de sponsoring et à Sant'Agatha Bolognese, chaque lire comptait. Surtout, en aucun cas, Lamborghini aurait pu faire face à Ferrari et Ford, qui avaient des budgets astronomiques. Même l'attelage Aston Martin-Lola-Surtees ne fut qu'une piqure de moustique. Alors à quoi bon développer un projet ruineux de prototype pour Le Mans ?

En 1970, un concessionnaire parisien transforma une Miura en barquette et l'aligna au Tour de France automobile (elle revint en 1971.)
Cette voiture sert de prétexte à Peter Auto pour accepter les Miura. Il y eu une SV de 1969 au Tour Auto 2003 et voici une P400 (également de 1969.)
Elle est pilotée par Nicolas d'Ieteren. Les d'Ieteren sont une dynastie de grands patrons Belges. La marque a longtemps possédé un usine, près de Bruxelles, où elle assembla des Studebaker. L'usine fut revendue à Volkswagen en 1970, mais 36 ans plus tard, Roland d'Ieteren se démena pour son maintien. Il fit ainsi la liaison entre Volkswagen et les dirigeants Belges. Un temps gérant d'Avis, D'Ietren est aujourd'hui à la barre de Carglass et de Moleskine. Nicolas d'Ieteren a prit le relais de Roland, son père, en 2016.

Pour la livrée, certains optent pour un hommage à un modèle de compétition du même type. La variante, c'est la livrée inédite, mais "dans l'esprit de l'époque". D'autres optent pour quelque chose de contemporain. Mais en régularité, plusieurs roulent avec des voitures dans leur état d'origine. 

Ici, la description dit "Fulvia HF 1972". Néanmoins, il s'agit d'une Flaminia Zagato Super Sport des années 60. Une voiture n'ayant aucun panneau de carrosserie commun avec le coupé Flaminia "normal".

Aujourd'hui, Vauxhall n'est plus qu'un badge sur les Opel destinées à la Grande-Bretagne. Jusque dans les années 70, les deux marques jouissaient d'une grande autonomie. Non seulement les modèles étaient complètement différents, mais la répartition géographique n'était pas encore gelée. Au point où Vauxhall tenta sa chance sur le continent... Y compris dans des pays où Opel était présent !
Voilà pourquoi cette VX4/90 de 1962 possède un volant à gauche.

Cette Saab 96 de 1974 est une habituée du Tour Auto. Cette année, il y a trois Suédoises au départ avec une PV544 Sport de 1960 et surtout une rare PV444 de 1957.
Première Volvo de l'après-guerre, la PV444 fut la première de la marque produite en grande série. Elle évolua en PV544, osant alors s'aventurer hors de sa Suède natale...

Un joli quatuor de Ford Escort RS. La "Motorcraft" est celle qui avait permis à Markku Alén de finir 3e du RAC 1973... Une épreuve remportée par Timo Mäkinen et l'Escort Pepsi/Colt à gauche !

Avec la fin des restrictions de circulations intra-européennes, on voit revenir des concurrents étrangers. C'est visible chez Ferrari avec des Belges, des Britanniques et des Allemands. L'occasion de davantage de diversité, avec des 365 GTB/4 "Daytona" et des 275 GTB/4.

Ferrari est présent, comme chaque année. La star, c'est la nouvelle 296 GTB, avec son V6 turbo hybride. Une belle voiture, mais à laquelle il manque un grain de folie. Tant en terme de ligne, que de technique ou de plan marketing, Ferrari fait preuve d'un certain conservatisme. Aujourd'hui, il peut se le permettre, mais demain ?

Le public allait de 7 à 77 ans. Cela m'étonne toujours que certains s'intéressent à des voitures qu'ils n'ont jamais vu connu. Cet intérêt s'explique put-être par un vide. Dans Paris, il y a rarement des expositions de voitures modernes. Terminé, le Salon Auto-Moto Compétition, le Paris Tuning Show ou le Salon des Coupés et Cabriolets. Il n'y a pas non plus de rallyes ou d'exhibitions type Top Marques. Donc les passionnés se raccrochent à ce qu'ils peuvent.

Il y a des connaisseurs. Mais le plus rigolo, ce sont bien sûr les incultes, comme cet enfant, au moment où j'ai pris cette photo : "Des Alpine !" Un vrai Bruno Le Maire en herbe... 

Le Tour Auto 2022 va prendre la route d'Andorre, via l'ouest. Mardi, les bolides partiront vers Le Mans. Hasard ou coïncidence, à la sortie du hall, il y a un Michel Vaillant Art Strip reproduisant le circuit sarthois...

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