Mondial 2022 : 16. Byd

Les industriels Chinois aiment la symbolique. Au Mondial de l'auto 2022, ils ont été servi ! Ainsi, Byd fait face à Stellantis, avec un stand plus vaste que celui de Peugeot ou DS. Et avec davantage de voitures. Comme s'il occupait le terrain à leur dépend. Byd lorgne d'ailleurs sur l'usine de Changsha, ex-fleuron de GAC-Jeep.

C'est compliqué d'évoquer "les constructeurs Chinois". Car il y a une grande disparité de moyens, de compétences et de projets.

Geely est un cas à part. Il se repose sur des marques Européennes (Volvo, LEV, Lotus et Smart) auxquelles il accorde une grande autonomie. Quitte à avoir des doublons. Li Chu Fu, le fondateur,  nomme un yesman à la tête des entreprises, mais il sinise peu l'organigramme et le centre de décision reste Européen.

En juillet dernier, MG a exporté sa millionième voiture (depuis le début de l'ère Chinoise.) A court terme, il vendra 100 000 voitures par an dans l'Union Européenne. Contrairement aux marques Européennes de Geely, il possède davantage un ancrage Chinois.
Les autres constructeurs Chinois souhaiteraient dupliquer le succès de MG. Mais elles savent que le vieux continent ne pourra pas absorber dix MG... Il faut donc sauter sur l'occasion et ne pas hésiter à casser sa tirelire.

La première particularité de Byd, c'est son antériorité. L'ancêtre des voitures du Mondial, c'est la Beifang QJC7050 de 1988. Après plusieurs bides (lol !), la production décolla vraiment avec la Qinchuan Flyer de 2001.
Deux ans plus tard, Wang Chuanfu, PDG du groupe Byd, rachetait le constructeur et le renommait Byd Auto. Rapidement, il chercha des synergies avec le reste du groupe. Dès 2006, Byd dévoila une version électrique de sa berline F3, la F3e. Puis, en 2008, ce fut le monospace tout électrique e6. Ce dernier ne fut jamais produit en très grande série, mais il permit au constructeur d'acquérir de l'expérience.
Ainsi, la gamme actuelle est la troisième génération de véhicule électrique. D'où le nom de la plateforme, e-platform 3.0.

L'autre particularité, c'est que Byd est un conglomérat. Wang Chuanfu avait débuter via les batteries de téléphones portables.
Dans la période 1995-2005, plusieurs chefs d'entreprises voulurent conquérir le marché automobile. Le métier d'origine de Great Wall, c'était le machinisme agricole, Geely et Sokon fabriquèrent des pièces d'électroménager, Lifan a démarré dans les groupes électrogènes, etc.
Mais rapidement, la branche automobile était détachée du reste. Pas chez Byd, qui, au contraire, bâti un empire autour de l'électrique : chargeurs, moyens de manutention, bus et camions électriques... En janvier, Byd acheta la moitié de la production à venir d'un mine de lithium Chilienne, pour 121 millions d'euros.
Donc une maitrise totale du savoir-faire et de la filière.

Son gros défaut, c'est une certaine pesanteur. Wang Chuanfu ayant une tendance au micromanagement des différentes filiales.
Côté export, la stratégie consistait jusqu'ici à tâter le terrain avec des bus électriques, puis de passer aux camions électriques et ne proposer des voitures électriques qu'aux flottes professionnelles. Enfin, seulement, les voitures sont proposées aux particuliers. Au Brésil, il respecta le plan jusqu'à cette ultime étape.
Dans les années 2010, Byd Auto avait une stratégie plus classique, basée sur le volume. Les invendues et les véhicules bas de gamme partant dans les pays en voie de développement. Une politique de ventes souvent one shot, avec un gros turnover. En Égypte et au Costa Rica, il parvint néanmoins à s'implanter.
Enfin, la Norvège devait servir de laboratoire avant une invasion Européenne sans cesse repoussée.

Ainsi, en 2021, les quatre débouchés significatifs de Byd étaient l'Egypte (4 449 unités), devant la Norvège (1 068 unités), le Costa Rica (environ mille unités) et le Brésil (116 unités.)

Face à la menace MG, Byd a décidé de passer directement de 1 en 3 ! En Europe, la marque se déploie au Benelux, en Scandinavie et en Allemagne. ByMyCar s'occupant de l'hexagone. Sixt vient de passer un commande de 100 000 véhicules, étalée jusqu'en 2028.

Notez qu'en parallèle, il vient d'investir les marchés Australiens et Indiens (où il table sur 15 000 ventes en 2022.)
Son usine d'assemblage de bus électrique de Chennai devrait également produire des voitures. Une usine en Thaïlande est également planifiée.

On passe rapidement sur les Atto 3, Han et Tang, que j'ai déjà évoqué et même conduit !

A 38 990€, l'Atto 3 possède de sérieux atouts. ByMyCar souhaite logiquement la mettre en avant. Tandis que le constructeurs, lui, semble concentrer ses efforts sur les gros Han et Tang, plus valorisants.

Byd a déjà prévu d'exporter d'autres véhicules. La citadine électrique Dolphin, proposée depuis peu au Brésil, est sur les tablettes. Porte de Versailles, le Troisième Mousquetaire, c'est la berline électrique Seal.

Du gabarit d'une Tesla Model 3 (4,80m), elle est commercialisée, en Chine, en trois motorisations : 150 kW (204ch), 230 kW (313ch) ou bien avec un second moteur sur le train arrière, pour une puissance totale de 390kW (530ch.)

La Seal devrait arriver au tarif de Byd France dès cet hiver. Mais le manque d'informations sur la configuration du modèle trahisse la fébrilité, voire l'improvisation, régnant chez le représentant du constructeur.

En tout cas, contrairement aux Européens, les Chinois croient encore aux berlines trois volumes.

Également présent, le Song Plus. Le Song est un SUV compact. Le constructeur a décidé d'y associé un modèle plus gros, n'ayant pourtant ni plateforme, ni embouti commun.

Lors de la journée presse, il n'y avait pas de Song Plus. Puis l'exemplaire bleu fit des allers-retour entre le centre d'essai et le stand ! Byd est venu avec deux exemplaires 4RM hybride rechargeable (moteur 1,5l turbo 110ch à l'avant et électrique 132kW -180ch- à l'arrière), qui ne seront a priori jamais vendu en Europe. En Chine, il existe un Song électrique pur, qui brille ici par son absence.

Pour info, la dynastie Song régna au Moyen-âge. On lui doit l'invention de la boussole et de la poudre à canon. Deux des romans fondateurs de la littérature Chinoise, Le [rêve du] pavillon rouge et Jin Ping Mei, furent écrit bien plus tard, mais leur action se déroulait durant la dynastie Song.
D'abord chassé du nord du pays par les Jin, la dynastie sera finalement balayée par les Mongols, qui fondèrent la dynastie Yuan.

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