Automobiles sur les Champs

Actualité automobilistique chargée, en ce moment ! Au pied des Champs Elysées, ArtCurial organise une grande vente aux enchères. Elle est baptisée "Automobiles sur les Champs".

En extérieur

L'exposition débute devant l'hôtel de vente, avec des Rolls-Royce, des Mercedes-Benz...

...Mais aussi un Combi VW et une Citroën ID. Cette dernière étant mise à prix pour 25 000€. Lucy in the Sky with Diamonds !

On poursuit avenue Montaigne. Les carrosseries rutilantes provoquent un embouteillage de piétons !

Voici deux Ford sportives, seulement séparées de dix ans.
La Cortina Lotus est bien une voiture de compétition d'époque (et non une transformation récente.) Elle avait ainsi connu les rallyes et les courses de cote du Sud-Ouest.
Quant à la Mustang II, c'est une ex-Paul Berliet. Le patron des camions éponymes s'était offert une rare Mach 1 (avec le V8 5,0l), équipée en plus du pack "rallye".

A peine la C3 lancée, GM travailla sur une C4. La réflexion prit longtemps. Moteur central arrière ou moteur avant ? V8 ou trirotor ? Puis à la fin des années 70, on se demandait tout simplement s'il fallait maintenir la Corvette !
Voilà pourquoi la C3 eu une carrière si longue, équivalente au cumul de la durée de vie des C1 et C2 ! En 1983, pour les 30 ans de la 'Vette, Chevrolet dévoila la C4. Elle avait une réputation détestable de voitures de coiffeurs. D'ailleurs, dans l'Agence tout risque, Futé se fait régulièrement vanner sur sa C4 blanche... Heureusement, GM finit par se ressaisir. Pour revitaliser le mythe, il y aura le projet "King of the Hill", la future ZR1...
Celle-ci date de 1985. Elle possède une rare boite manuelle... Avec 4 rapports !

Descente au paradis

Mais vous n'avez encore rien vu... Le meilleur est à l'intérieur. Pour y accéder, il faut montrer patte blanche.

Arrêtons-nous sur cette NSU Prinz [4] L. Un voiture de rallye, mais loin des préparations de Louis Meznarie... Elle était pilotée par l'écurie des sœurs de Sainte Marie-des-douleurs ! Oui, dans les années 60, des nonnes Italiennes coururent avec en rallye.

Une Matra 530. L'un des derniers exemplaires, sorti de Romorantin en 1972.

La Jet n'était que la continuation d'un modèle de René Bonnet. La 530 était la première production 100% Matra. Le néo-constructeur avait opté pour une ligne inédite, digne des concept-cars de l'époque. Par contre, le Ford V4 manquait de souffle. Le plumage, sans le ramage...

F1

Comme souvent, ce genre de vente aux enchères est en fait un agglomérat de véhicules et d'objets de différentes provenance.

On commence par quatre combinaisons.
Celle de Juan Pablo Montoya, chez Williams, en 1998. A l'époque, le Colombien était un espoir du sport auto. Brillant animateur du British F3 et de F3000. Il remportait un "volant" comme pilote d'essai Williams, face à Nicolas Minassian et Soheil Ayari. Notez qu'en 1998, il redoublait en F3000. Max Wilson était l'autre pilote d'essai Williams, mais le Colombien allait rapidement l’éclipser.
On retrouve "Gros Pablo", 6 ans plus tard, toujours chez Williams. Le Colombien fit des débuts tonitruants en F1. En 2002, il décrocha 5 poles position consécutives. Le souci, c'était que Juan Pablo Montoya aimait s'écouter parler et donner des leçons à tout le monde. Ralf Schumacher aussi, mais lui, il était imposé par BMW. Fin 2003, le Colombien signa chez McLaren... Pour la saison 2005. Cette saison 2004 fut un baroud d'honneur, le temps de pratiquer la terre brulée. Au Brésil, pour son ultime Grand Prix chez Williams, il parti néanmoins sur une quatrième victoire.
On revient en 1998, avec la combinaison de Giancarlo Fisichella chez Benetton. "Fisico" fut l'un des ultimes représentants (avec Jarno Trulli) d'un sport auto transalpin florissant. Appelé au pied-levé chez Minardi, il humilia Ralf Schumacher chez Jordan, avant de signer chez Benetton (notons qu'il était managé par un certain Flavio B.) Ce qui semblait être une opportunité pour progresser sur la grille fut un flop. L'écurie était à la dérive et il vit défiler les patrons : Flavio Briatore, Rocco Benetton, David Richards, puis re-Flavio Briatore !
La combinaison d'Alexander Wurz, en 2006, chez Williams. Pas facile d'être pilote, lorsqu'on mesure 1,86m ! Suppléant de son compatriote Gerhard Berger chez Benetton, en 1998, il fut titularisé l'année suivante. Après trois saisons moyennes, il devint pilote d'essai McLaren. C'était l'époque où les équipes possédaient une structure dédiée aux seuls essais. Mais le virus de la course lui manquait. Il discuta avec Jaguar et Red Bull, sans rien concrétiser. Avec Williams, c'était un stage en vue d'un CDI en 2007. Malheureusement, après la perte du moteur BMW, l'équipe entamait une lente descente. Fin 2007, Alex Wurz céda son baquet à un débutant nommé Nico Rosberg...

Le V10 Renault RS3, qui permit à Nigel Mansell d'être vice-champion, en 1991. Du moins, là, c'est une maquette.

Un modèle réduit de la Williams/Renault FW16, championne 1996 avec Damon Hill. Trois ans après Alain Prost, Williams remportait une nouvelle coupe pilote. C'était une saison oubliable. Jacques Villeneuve était trop "vert" pour être dangereux. Le Québecois profita surtout des faux-pas de Damon Hill, méprisé par Frank Williams. Le Britannique avait déjà signé avec Arrows (et Williams avait annoncé son remplaçant, Heinz-Harald Frentzen) lorsqu'il s'imposa.

La voiture était sur le bureau de Patrick Faure. C'était un "historique" de Renault, qui avait supervisé son retrait de la F1 et son retour ! En 2005, lorsque Carlos Ghosn prit les commandes, il dégagea Patrick Faure, au profit d'Alain Dassas, un proche. Un licenciement (mal) maquillé en départ en retraite, alors que Renault F1 retrouvait le sommet ! On peut donc comprendre pourquoi Patrick Faure laissa son modèle réduit derrière lui...

Visiblement, Renault a décidé de liquider plusieurs voitures de son patrimoine.

Voici un drôle de "Twizy F1". Il reçoit des pneus de FR 2.0, un volant de FR 3.5 et des rétroviseurs de F1. Les ailerons avant et arrière s'inspirent des FR 2.0. Il s'agissait de faire le lien avec le sport auto. C'était la grande époque des World Series by Renault et de Renault Sport. Aujourd'hui, le sport auto est labellisé Alpine. La Twizy F1 n'est donc plus cohérente avec l'image actuelle.
J'ai été d'emblée dubitatif avec la Twizy. C'était un mauvais compromis entre scooter, VSP et voiture, cumulant les défauts de toutes ! Surtout, le discours de la firme au losange était complètement délirant, en terme d'objectif. Sans surprise, il n'y a pas eu d'engouement autour du Twizy. Il s'en est vendu 9 000 la premières année, puis 3 000 la seconde, avant de se stabiliser autour de 2 000 unités. Avec l’appoint des versions badgées Samsung et des voitures vendues en Inde, on serait à 30 000 unités. Depuis 2016, Renault ne communique plus du tout sur le Twizy. Mais il est toujours au tarif ! Et avec le Mobilize Duo, il aura bientôt un successeur !

Une drôle de barquette, au masque avant évoquant le Spider Renault Sport. L'historique d'ArtCurial est un pu fantaisiste. Pour leur défense, il m'a fallu deux heures pour retrouver sa trace, en employant Web Archive pour ressusciter des sites disparus... Et je savais par où chercher !

Claude Fior était un genre de professeur Tournesol. Il conçut la Formule Campus, ce qui attira l’œil de Renault. Le losange voulait une remplaçante de l'A610. Mais il avait fermé le Berex et il avait un budget ridicule. Claude Fior -qui n'avait jamais conçu de voitures de route- créa ainsi le futur Spider Renault Sport (NDLA : je simplifie.)
En 1997, RJ Racing approchait Claude Fior pour aligner le Spider aux 24 Heures du Mans. Il transforma la voiture en coupé et y installa un V6 de Safrane Biturbo. Une voiture de route, la Helem, fut dévoilée pour servir d'alibi. Feu rouge de l'ACO (qui savait être moins regardant avec d'autres.)
RJ Racing/Helem finit par sombrer. Claude Fior poursuivit son idée et récupéra des châssis (des invendus de Renault Sport ? Ou ceux des ex-futures voitures clients de RJ Racing ?) Il créa la F99. Les premières F99 avait un style proche des Spider Eurocup et le moteur 2,0l. Mais elles évoluèrent esthétiquement et techniquement (avec un V6 Muratet d'origine Peugeot.)
Enfin, les Belges de Scuderia Maranello Racing se firent construire une quinzaine de Spider F99 (parfois appelés Helem Spider), mais équipé de V8 Ferrari. ArtCurial tient à désigner la voiture "MR400S".

Claude Fior se tua en 2001. Son fils Fabien tenta de reprendre le flambeau avec une version modernisé, la F05. La barquette, équipée d'un 2,0l Honda, fut dévoilée au salon de Francfort 2005. On ne la revit pas ensuite.

Un peu de tout...

Au total, il y a une centaine de lots mis en vente. Donc, il faut faire du tri.

Voici une étonnante Porsche 911 (993) GT2. Visiblement, son commanditaire était fan des Lotus 72, au point de lui avoir offert une livré "Jean Joueur Spécial" !
D'après ArtCurial, cette voiture sortie d'usine en 1995, mais elle ne commença à courir qu'en 2007. Cette année-là, Eric Van De Vyver lança le V de V endurance "moderne". Un coupe ouverte aux vieilles GT2 et GT3. Cette 911 GT2 fut piloté par Patrice Milesi et Jean-Marc Schorb en 2008 et 2009. Signalons que ce n'était pas la doyenne du plateau !

Le coin des Italiennes.

Avec une Maserati Ghibli de 1968 rouge et une Khamsin noire de 1975.

La Ghibli fut un gros coupé 2+2 à moteur V8, lancé en 1967. Comme Aston Martin, Maserati choisit de capitaliser sur son image compétition. Elle est généralement considérée comme l'une des plus jolies voitures de sport des années 60. La firme au trident en produisit environ 1 300 exemplaires en 6 ans. A son échelle et à ce niveau de gamme, c'était plutôt flatteur.
La Khamsin prit la suite en 1974. Elle reprenait la même plateforme et le même V8, mais avec un carrosserie plus ramassée, dans l'air du temps. Après, les clients voyait bien que c'était du réchauffé. D'ailleurs, l'une des concurrentes de la Khamsin, c'était la plus moderne Bora, apparue en 1971 ! De plus, les Maserati avaient acquises une réputation de fiabilité nullissime. Enfin, la firme traversait une crise et la presse de l'époque parlait de Maserati au passé ! Lorsqu'Alejandro de Tomaso racheta la marque, il maintint la Khamsin, afin de marquer la continuité. Elle resta au catalogue jusqu'en 1982, malgré des ventes à deux chiffres.

La star de la vente, c'est une Ferrari 365 GTB/4 "Daytona", avec une mise à prix à 650 000€.

Je lui préfère cette 365 GT 2+2 de 1970. Elle possédait le même V12, mais dans une carrosserie dérivée des 275 GTB/4 et 365 GTB/4, avec un traitement rappelant la Superfast. Pour 1970, ces lignes étaient déjà démodées. Lamborghini et Bertone ayant mis le cubisme à la mode.
ArtCurial n'en demande "que" 220 000€. Il est vrai qu'elle possède un étonnant trou de 30 ans dans son CV. En plus, un propriétaire lui a installé une radio-CD Pioneer !
Notez qu'elle est grise, comme la 330 GT 2+2 de Chris Amon. Le coup de "toutes les Ferrari doivent être rouge", ce n'est apparu que dans les années 80. La Ferrarimania a débuté peu avant la mort du Commendatore (cf. l'exposition "Hommage à Ferrari" de la Fondation Cartier, en 1987 -avec une bleue parmi les dix-sept-.) Il y a donc eu des livres, des magazines, etc. Le monde de l'ancienne était balbutiant. D'où des historiens autoproclamés : "Une Ferrari, ça doit être rouge." Comme quoi, même avant les influenceurs...

La rouge, c'est bien sûr une 512M. Elle date de 1996. La 512M fut l'ultime avatar de la Testarossa. La Testarossa de 1984 était très typée. Ferrari avait enfin répondu aux provocations de Lamborghini ! L'inconvénient d'un tel dessin, c'est qu'il est vite passé de mode. Et par un radinerie extrême, Ferrari se contenta de petites retouches. Cette Testarossa "F355-isée" n'est guère heureuse.

Vous vous souvenez de la Frégate Cabriolet Letourneur et Marchand d'Aguttes ? Voici celle de Chapron, encore plus rare. On peut jouer au jeu des sept différences. En tout cas, non, Chapron n'a pas transformé que des DS et des SM !

Une Lancia-Bonneuil Ardennes. Autrement dit, une Aprilia assemblée dans une minuscule atelier à Bonneuil sur Marne (94.) Un subterfuge pour échapper à la surtaxe des importations.

Batista "Pinin" Farina avait créé cette ligne aérodynamique, en collaboration avec l'école Polytechnique de Turin. Notez la vitre arrière, quasiment horizontale. Bonjour la visibilité...

Cette Delage D6 3 litres semblerait plus vieille que la Lancia ci-dessus. Pourtant, elle est onze ans plus jeune ! Elle quitta l'usine de Levallois-Perret en 1948. Peu après la mort de Louis Delâge, qui avait vendu sa marque à Delahaye, en 1935 et vivait depuis reclus.

Il suffit de regarder cette D6 3 litres pour voir pourquoi Delage a périclité. En cette même année 1948, Jaguar dévoilait la XK120, beaucoup plus moderne. Et livrée carrossée !
Delahaye, après un bref regain dans l'immédiat après-guerre, était lui-même au bord du gouffre. Il n'avait donc aucun moyen pour développer une vraie nouvelle Delage. La marque disparu corps et bien en 1954, en marge de l'absorption de Delahaye par Hotchkiss.
Cette disparition émut, des fans se regroupèrent et Delage fut ainsi l'une des premières marque à disposer d'un club d'anciennes.

Une Talbot-Lago Baby de 1950. ArtCurial n'en demande que 15 000€. Elle faisait parti de la collection Baillon. Roger Baillon et son fils Jacques accumulèrent un certain nombre de voitures de collections, en vu d'ouvrir un musée. Entre la faillite de l'entreprise de transport des Baillon, puis les batailles d'héritiers, les voitures restèrent longtemps livrées aux éléments. Cette Talbot-Lago subit ainsi une inondation. Ce qui explique le prix très bas.

Pour finir, une Ferrari 360 Modena Challenge. Massimo di Risio (futur M. DR) la pilota en 2000, dans le challenge italien. Il la revendit ensuite à Gianni Giudici. Le gentleman-driver remporta avec la catégorie GTB des deux premiers championnat d'Open GT (2006 et 2007.) A 60 000€, personne n'en voulu aux enchères du Mans Classic... Alors que Sotheby's écoula la Ferrari Challenge 2001 du même Massimo di Risio pour 92 000€ ! Du coup, elle est soldée à 45 000€.

Le Ferrari Challenge, cela me fait penser à Doriane Pin, qui vient de remporter l'édition Européenne. J'avais pu la croiser à la remise des prix de l'ASK Rosny 93, alors qu'elle passait du karting à l'auto.
Les médias s'enflamment toujours en voyant une fille gagner...
Le Trofeo Pirelli, c'est un championnat de gentlemen-drivers, dont certains pourraient être son grand-père ! En tant que pilote professionnelle, c'est normal qu'elle gagne. L'inverse aurait été désolant. Après, j'espère qu'elle ira dans des coupes plus professionnelles, comme la Carrera Cup. L'idéal, ça serait la monoplace, afin de parfaire son bagage technique. La Toyota Racing Series et la F3 Asia sont des championnats où un novice en monoplace (mais disposant d'une expérience de la course, cf. Andrew Tang ou Jann Mardenborough) peut s'imposer. Ce serait aussi un bon examen si elle compte vraiment aller loin en monoplace...

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