Mondial 2022 : 3. DFSK et Seres
Dans les années 80, les Chinois commençaient à s'équiper en frigos et en machines à laver venues du Japon. Mais le SAV était compliqué, avec des pièces détachées introuvables ou hors de prix. Des petits malins eurent l'idée de remplacer les pièces Japonaises par du made in China. En septembre 1986, Zhang Xinghai fondait ainsi l'entreprise Baxian, à Chongqing. Pour info, 2 mois plus tard, Li Shu Fu faisait la même chose avec Geely, dans le Zhejiang. Le premier local de Geely était en terre et en chaume (!) Au moins, Sokon disposait de bâtiment en briques.
En 1996, l'industrie automobile décollait, mais le pays n'avait aucun équipementiers. Zhang Xinghai se diversifia dans la fabrication de boucliers. Il se lança également dans les scooters thermiques, sous la marque Yu'an.
En 2003, nouvelle diversification. Yu'an avait-il récupéré l'outillage d'un fabricant mort-né de clones de Suzuki Carry ? Ou bien avait-il vraiment négocié auprès de Suzuki, comme il le prétend ? En tout cas, faute de licence de constructeur, il s'adossa à l'entreprise étatique DongFeng. Ça tombe bien, pour DongFeng : il était jusqu'ici complètement absent du secteur des minivans, alors en plein boum. Le DongFeng Yu'an fut un carton. Il était même assemblé sous licence aux quatre coins de la Chine ! Signe particulier : une calandre à haricot et des feux ronds, de quoi rappeler les avants des voitures d'un constructeur Munichois...
En 2007, Zhang Xinghai regroupa ses différentes entreprises dans le groupe Sokon. En parallèle, le DongFeng Yu'an fut exporté : Europe Centrale, Russie, Thaïlande, Chili, Philippines... Il portait tour à tour des badges "DongFeng" ou "Sokon". Aux Etats-Unis, Dymac y installait un moteur électrique. En Italie, Giotti l'assemblait, afin de lui donner une image "made in EU" (tout en conservant le logo DongFeng.) La mairie de Paris en acheta, car elle cherchait un utilitaire de poche qui ne soit pas diesel.
BMW finit par râler. Dans plusieurs pays, Sokon dû lui offrir une nouvelle calandre. Dans d'autres -comme la France-, cela passait crème.
Comme avec ses autres joint-ventures, DongFeng se contenta longtemps d'encaisser les dividendes. Puis, devant le succès du Yu'an, il développa la gamme. Le Yu'an originel devint le "série K". Il fut épaulé par les "série C" (et à l'avant singeant le Ford Transit !) et "série V".
Notez que d'autres filiales de DongFeng produisent des fourgons et des minivans. Parfois, chez les concessionnaires Chinois, on les retrouve tous ensemble. Pour autant, dans la galaxie DongFeng, chaque entité possède son propre plan-produit.
Pour en revenir à la porte de Versailles, DFSK (DongFeng SoKon) expose l'EC35 au Hall 3. C'est une version électrique du rustique -et ancien- "série C". J'ai eu l'occasion de l'essayer et je reviendrai dessus...
Dans les années 2010, DKSK voulu se diversifier dans les SUV et crossover, avec la marque FengGuang/Fengon. Elle n'a jamais vraiment décollé. Zhang Xinghai sentit venir le vent de l'électrique et des start-up. Il fonda Seres en 2016. Dans la foulée, il racheta le motoriste inEVit, créé par Martin Eberhard (cofondateur de Tesla.)
Le premier modèle, le Seres 3, était en fait un Fengon 500 électrifié. Je l'ai essayé en 2021.
La seule version proposé, c'est le 2RM 255kW (l'équivalent de 350ch ; en Chine, il en existe notamment des versions 82kW et 4RM 517kW !) Malgré une puissance batterie 88kWh, il n revendique qu'une autonomie de 312km. Prix : autour de 65 000€, soit environ 10 000€ de moins que les concurrents Allemands.
En Chine, Seres va plutôt bien. Avec une gamme de seulement deux modèles, il a écoulé 47 634 unités sur les 9 premiers mois de 2022. Il a ainsi pris la troisième place du podium des "nouveaux constructeurs" à Weltmeister. NIO et XPeng restent loin devant, mais avec des gammes deux fois plus grandes...
Un Seres 7 doit arriver.
Ma grande réserve sur Seres, c'est l'absence de vision. Zhang Xinghai n'est pas un start-uper, c'est un homme d'affaires Chinois de la vieille école ; il agit avant tout en fonction des opportunités économiques. De plus, il règne sur l'empire Sokon depuis près de quatre décennies, en n'ayant que des yesmen sous ses ordres. Quant à Martin Eberhard, il ne fut qu'un gweilo de passage.
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