Automédon 2022

Chaque année, je me jure de visiter la prochaine édition d'Automédon. Un salon de l'automobile ancienne, proche de Paris. Je me dois d'y aller ! Puis j'oublie. Et en octobre, je lis un compte-rendu et je réalise que je l'ai laissé filer. Une fois encore. Mais en 2022, j'ai fait un nœud à mon mouchoir ! Voici donc Automédon 2022 !

Chemin de croix

Et cette année, il fallait être motivé !

Je pars le dimanche, à 9h. Ma jauge d'essence est un peu basse. Pas grave, je vais faire le plein sur la route... Sauf que la première station service est fermée. Tout comme la seconde, la troisième, etc. Je fais la queue dans une, mais ils n'ont plus de sans-plomb. J'erre dans l'Est Parisien, en vain. Je trouve une station un peu enclavée. Je fais la queue... Et là aussi, pas de sans-plomb. Sans que désormais, mon réservoir est quasiment vide ! Je me gare tant bien que mal, près d'une station-service. Il est alors presque midi.
Mon plan, c'est de marcher jusqu'au RER A et de là, prendre le B aux Halles... Sauf que la SNCF a bloqué tout le tronçon Nord du B, pour travaux ! A la place, il y a des bus qui partent du Stade de France, roulant à un rythme de tortue. On passe devant Le Bourget et Automédon, sans possibilité de s'arrêter ! Me voilà à Aulnay-sous-Bois, où un bus doit m'amener près de l'aéroport du Bourget. Sauf que pour cause de travaux (le Grand Paris Express a transformé la Seine-Saint-Denis en immense chantier), le bus doit effectuer un détour. Un usager souhaite descendre sur-le-champ ! Refus du machiniste. L'usager a un idée lumineuse : agresser le machiniste. Ce dernier s'arrête, appelle la police et bloque les portes. On attend encore l'arrivée des forces de l'ordre... Dépité, le machiniste ouvre les portes. Il me reste un bon kilomètre jusqu'au parc des expositions du Bourget. Il est alors presque 16h et à l'approche de l'ancien aéroport, je croise des participants sur le départ...

Reste encore à atteindre l'entrée... Puis enfin, le hall d'exposition apparait !

Automédon ?

Un automédon, c'est un cocher, par analogie au nom de celui du char d'Achille. Le salon a ouvert ses portes, il y a une vingtaine d'années. A cette époque, Rétromobile entamait une dérive : toujours plus de stands de négociants et de constructeurs, avec à chaque fois, des carrés VIP. Quant aux clubs et autres petits, ils étaient repoussés à la marge.
Automédon reprend donc l'esprit du Rétromobile du début avec la part belle aux amateurs et aux petits clubs. On y croise ainsi des "popus".

Quant aux marchands du temple, ils proposent de vrais objets anciens.

Hello, nurse ! (1)

Instantanés d'Automédon

En entrant, je tombe sur un assortiment de cabriolets Français de l'entre-deux guerres. Notamment une Rosengart Supertraction et un Mathis.
Elles ont été fournies par Aguttes. Décidément, je n'arrête pas de tomber sur cette maison ! Ils organisent beaucoup de ventes et ils savent s'incruster dans des évènements. Par contre, c'est les spécialistes de la vente "choux et carottes" ! Alors que vu leur volume d'affaires, ils pourraient davantage faire des ventes thématiques avec un catalogue cohérent...

En ce cinquantenaire de la R5, difficile d'échapper à "Supercar" ! A Automédon, on trouvait une Supercinq GT Turbo "Coupe" et son prédécesseur, la R5 Alpine Turbo "Coupe". Sans oublier l'une des premières R5, sans losange Vasarely...

Une Mercury Cougar très incomplète et très rouillée à vendre. Un volontaire courageux ?

Lancée en 1967, pour surfer sur la vogue des muscle cars, la Cougar dérivait de la Ford Mustang. Les deux premières générations n'en reprenaient que la cellule centrale. D'où un style assez unique.
Par la suite, la Cougar se rapprocha de la Ford Thunderbird. L'ovale bleu reprit l'idée d'un Mustang sauce Mercury avec la Capri.

Pour ma génération, la Cougar 1, c'était surtout la voiture de Groucha !

Après la Peugeot 202 bâchée de Rétromobile, voici une 403 "Sept" bâchée !

Voiture indestructible (ou presque), la 403 se répare avec trois bouts de ficelles. Aussi, elle continue de rendre service, dans certains coins d'Afrique rurale.

Pour fêter la victoire aux 24 Heures du Mans de la 787C, Mazda UK commercialisa 24 MX-5 (NA) aux couleurs de la voiture gagnante. C'est-à-dire celles des chaussettes Renown ! Celle -ci reçut en plus un kit BBR Turbo.

Notez que Renown a fait faillite en 2020. Un petit malin, Heel Tread, en a profité pour commercialiser des chaussettes inspirées de la 787C !

Je suis un grand fan du Rancho. J'en croise souvent dans les salons et concentrations, mais je ne l'ai jamais évoqué sur ce blog !

Le Rancho, c'est une Simca VF2 (donc une 1100), mais très largement modifié. Il devient ainsi un véhicule de loisir 4 places. C'est à la fois l'ancêtre des monospaces et des SUV. C'est un témoignage d'une réflexion de la fin des années 70, où les anciens hippies voulaient un véhicule différent. Même s'ils ne savaient pas exprimer leur besoin.

Au début des années 70, Ford et Chevrolet s'embarquèrent dans les "subcompacts". Cela donna la Chevrolet Vega et la Ford Pinto. Lancée en 1971, la Vega avait un avant rappelant celui de la Camaro lancée l'année précédente. En tant que voiture d'entrée de gamme, les Américains lui pardonnèrent ses défauts. A commencer par le paresseux moteur 2,3l 90ch. Il fut remplacé ensuite par un moteur inédit, respectant les normes anti-pollution, cubant toujours 2,3l, mais avec 84ch !
Avec le temps, les acheteurs se plaignirent d'une fiabilité minable et d'un traitement anti-corrosion inefficace. Pour sa remplaçante, GM se tourna vers Vauxhall, plus habitué aux petits gabarits. Attention, ce qui suit est compliqué. Vauxhall avait conçu une compacte. Mais il décida plutôt de relooker l'Opel Kadett C, dans un style plus moderne. Chevrolet se greffa dessus et transforma la Vauxhall Chevette. La carrosserie fut plus quelconque et le moteurs, plus gros, mais plus poussifs !

La Vega reste un témoin de la "Malaise era" des voitures Américaines. Dans cette version woody, avec sièges en skaï, on atteint un summum de la mauvaise idée. 
A l'époque, les acheteurs firent le dos rond : rouler dans une étrangère, c'était de la traitrise. Les nullissimes Vega et Chevette connurent un certain succès. Au point d'occuper chacune plusieurs sites de GM ! Mais à force de se faire rouler dans la farine, les acheteurs se tournèrent vers les Japonaises...

L'exposition continue à l'extérieur et il y a des véhicules intéressants...

Malcom Bricklin s'est fait connaitre au début des années 60. Il fut l'un des distributeurs des scooters Fuji Rabbit, pour l Canada. A la même époque, Fuji se lançait dans l'automobile avec la Subaru 360 (après le flop de la Fuji Cabin.) Le jeune entrepreneur fonda Subaru of America. Cela fit long feu : les premières normes Américaines anti-pollution ciblaient les moteurs 2-temps.
Pas grave : il avait un nouveau projet. Un coupé sportif avec des éléments de sécurité active et passive. Avec ses portes papillon, la SV-1 (safety vehicle 1) de 1974 avait un air futuriste. Bruce Meyers apporta son expertise de la fibre de verre. Pour la production, il songea à Nouveau Brunswick, une province Canadienne nichée entre le Québec et les États-Unis.
Construire des buggys en fibre de verre, c'est facile et personne n'est regardant sur la qualité d'assemblage. Mais la Bricklin SV-1 était censée offrir les prestations d'un coupé de grande série. Près de la moitié de la fibre de verre était bonne pour la benne après moulage. Aussi, pour ses ouvriers, Bricklin avait opté pour des personnes non-qualifiées (donc moins chères) et souvent, elles étaient aussi non-présentes...
Dès 1976, la Bricklin Canada LTD ferma ses portes. Malcolm Bricklin avait déjà un nouveau projet...

Une Fiat 850 ? Non, il s'agit d'une Neckar Adria ! Elle fut produite à Heilbronn, par l'ex-NSU-Fiat, de 1965 à 1969. A cette date, les droits de douane au sein de l'UE étaient devenus nuls. Ainsi il n'y avait plus d'intérêt à maintenir le site d'Heilbronn. D'autant que la marque Neckar n'avait jamais pris en Allemagne.

Notez le traitement sportif avec jantes blanches et graphiques latéraux. C'était un peu exagéré pour une voiture de 37ch atteignant 125km/h en descente... Mais cela préfigurait les versions "sportives" des Fiat des années 70...

Dans un recoin, une voiture immatriculée en Serbie : l'une des dernières Yugo [Koral] Cabrio. Non, elle n'est pas tunée. Elle était sorti dans cet état de Kragujevac.

Zastava avait débuté en assemblant des Fiat. Au fil des années, le constructeur s'enhardit, produisant intégralement ses voitures. Puis, dans les années 70, il les modifia. La Yugo Koral, apparue en 1980, reposait sur une plateforme -très remodelée- de Fiat 128. En France, André Chardonnet importa la Koral en France, où elle était la voiture la moins chère du marché. Puis Malcolm Bricklin s'y intéressa. Le moteur Fiat étant jugé trop petit, les Yugo US reçurent un TU1 et un TU2 Peugeot. André Chardonnet obtint lui aussi des Yugo TU1, pompeusement baptisées "America". Sans oublier le cabriolet, très originalement nommé "Cabrio".

Dans un esprit Titiste, les fournisseurs de Zastava/Yugo étaient disséminés dans toute la Yougoslavie. C fut un problème lorsque le pays s'embrasa. Ensuite, durant la guerre au Kosovo, l'usine de Kragujevac fut bombardée par l'OTAN, car accusée de produire de l'armement.
A la fin des années 90, la Serbie était complètement isolée politiquement et économiquement. L'autocrate Slobodan Milošević jurait que la Serbie s'en sortirait seul. Zastava redémarra et produisit des Koral et Florida reliftées à la truelle. Le président fut déposé en 2000, mais la production des Yugo se poursuivit jusqu'en 2008.

Pas mal de rods et des customs à Automédon. Le plus joli étant cette Nash bleue. Mon impression générale, c'est que c'est un mouvement finissant. Les jeunes rêvent de Japonaises tunées ou d'Européennes des années 70, 80 façon restomod.

Malgré mon arrivée tardive, j'ai pu voir pas mal de choses et ça m'a donné envie de revenir en 2023. Automédon a prévu une navette vers la gare RER du Bourget... Sauf que là-bas, aucun train ne part ! Je dois monter dans un second bus. Le machiniste se fait agresser, mais lui, il choisit de prendre sur lui. Il finit par nous déposer à la gare du RER E. En définitive, il me faudra près de trois heures pour rentrer chez moi.

(1) En fait, cette jeune fille se tenait près de la 911 cabriolet, d'un autre stand. La photo a du être validée par l'intéressée et le Club 911 ! Mais grâce à cela, je vais pouvoir tracter (pour ne pas dire hameçonner...) sur les réseaux sociaux...

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