JS Cup & Fun Cup à Dijon

Je passe le samedi à Dijon-Prenois. Au menu : des Ligier JS2 qui n'en sont pas vraiment et des Volkswagen Coccinelle qui n'en sont pas vraiment ! Mais comme disait Alfred de Musset : qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ? Et ce jour-là, le plaisir que prenne les pilotes est palpable.

JS Cup

Ligier Automotive affiche "since 1969". En fait, le lien entre la JS2R de 2023 et la JS1 de 1967 est ténu.
Guy Ligier avait fondé Ligier Automobiles, en 1967, pour construire des GT et des voitures de courses. En 1975, faute de moteur, la production de la JS2 s'arrêta. Guy Ligier récupéra un projet mort-né de Matra F1 pour 1973. Cela donna Ligier F1. L'usine de la JS2, elle, reprit vie grâce à la construction de cabines de tracteurs, puis à des voitures-sans-permis. Une production qui se poursuit encore aujourd'hui.
Dès le début des années 90, Guy Ligier souhaitait revendre Ligier F1, pour diverses raison. Finalement, c'est Alain Prost qui lui racheta ses dernières part, en 1996 (après un première tentative en 1992.)
Au tournant des années 2000, Guy Ligier revint aux affaires en tentant de relancer Martini. Son fils Philippe devenant patron du constructeur de châssis. La F3 et la barquette, destinées surtout aux écoles de pilotage, ne trouvèrent pas preneur, malgré un accord avec Honda.

Entrepreneur de BTP, Jacques Nicolet commença à collectionner les protos. En 2006, Serge Saulnier prenait la barre du programme Peugeot 908. Il revendit Saulnier Racing (ex-Promactème, qui avait fait courir Franck Lagorce, Nicolas Minassian et Jenson Button en F3) à Jacques Nicolet. Ce dernier la renomma "Oak Racing" et il devint l'équipe officielle de Mazda au Mans, en 2009. Ensuite Jacques Nicolet reprit le bureau d'étude de Pescarolo Sport, qu'il transforma en Onroak Automotive. Avec un éphémère accord avec Morgan, Jacques Nicolet se rapprocha de Guy et Philippe Ligier. Ils lui cédèrent l'utilisation du nom "Ligier" pour le sport auto. En parallèle, Jacques Nicolet racheta Sodemo, Tork Engineering et l'Américain Crawford. En 2019, l'ensemble des sociétés (Oak, Onroak, Crawford, Sodemo, Tork...) furent regroupées sous le nom de Ligier Automotive.
Jacques Nicolet ne s'est pas contenté de racheter des entreprises. Sous son impulsion, l'ex-Onroak s'est notamment lancé dans le juteux marché des petits protos (LMP2 et LMP3.) Puis il y a eu cette GT, la JS2R.

A l'instar de la Renault Sport RS01 ou de la Foenix de Solution F, la JS2R est une vraie-fausse GT. La FIA préfère parler de "Formule Libre, catégorie Silhouette" Avec son V6 Ford 350ch et ses 1,05t, elle est plus facile à piloter qu'une LMP3.
Ligier Automotive peut vous en vendre une pour 99 750€ (hors taxe.) Mais cette voiture est inutilisable sur route. J'en avais croisé une au Roscar de Magny-Cours.

La JS2R court surtout dans des coupes monotypes. La Ligier JS Cup Italia, annoncée pour 2021, a semble-t-il fait long feu. Au niveau Européen, les JS2R courent avec les protos JS P4. Enfin, en France, depuis l'an dernier, Max Mamers organise une JS Cup France. Jean-René de Fornoux et Hugo Rosati en furent les premiers champions.
Avec un tour en 1'21", les JS2R sont au niveau d'un Carrera Cup conduite par un amateur.

Il y a deux catégories : AM[ateur] et PRO-AM. C'est un "championnat de France" très international, avec des sorties à Valence, Spa, Portimao, etc.

Notez que les courses ont lieu le vendredi et le samedi. Ce sont des endurances, avec au moins deux pilotes à bord. Alors qu'en Ligier European Series, ils sont seuls au volant.

Décidément, cette année, chaque fois que je visite un circuit, les conditions sont dantesques ! C'est un véritable déluge continue et les nuages stationnent au-dessus de l'A6, comme s'ils le faisaient exprès ! Le temps se dégage à l'approche de Prenois. Néanmoins, le ciel reste menaçant et surtout, la température n'a qu'un seul chiffre...

J'arrive à midi. Le coin des accréditations est fermé. J'immortalise l'action, puis je vais me restaurer...

Hasard du placement, j'ai une vue imprenable sur l'auvent du Team Orhès d'Olivier Pernaut, vice-champion 2022.

A l'approche du damier, les mécanos se pressent sur le muret et le photographe se tient en position : aucun doute, ce sont les futurs vainqueurs...

Jean-Paul Pernaut était pilote amateur de rallye. Jean-Pierre Pernaut, son fils, se lança sur le tard, avec le Trophée Andros. Olivier Pernaut, le petit-fils, s'essaya à la Formule Campus, en 2004. L'envie était là, mais pas les résultats. En 2007, il rejoint Orhès Racing de Salim Bouziane, comme pilote et team-manager.
A ses côtés, Mickael Mota, grand espoir Parisien du kart des années 2000, il n'a pas pu passer en monoplace. On le vit débuter en GT-FFSA en 2021. Le voilà donc pilote pro, enchainant trois succès en trois courses !

Sur le podium, on reconnait Alain Ferté, avec la combi Eurodatacar.

Je suis plutôt fan de la JS2R. La voiture est belle et dans un monde de Carrera Cup et de Ferrari Challenge produites en quantités industrielles, c'est une alternative originale.

A Dijon, l'animation dans le paddock était inexistante. Mais on peut comprendre que vu le temps, tout le monde avait hâte de filer à l'abri et au chaud, sitôt la session terminée.

Fun Cup
La Fun Cup, c'est une histoire à tiroir. Gardez les aspirines à portée de mains...

Jacky Morel fut l'homme-orchestre de la Coccinelle, dans les années 80-90. Il créa une concentration (le Super VW National ; une reprise du VW Connection), un magazine (Super VW Mag) et il pilota même un New Beetle de sa conception au Trophée Andros ! En 1993, il monta la Super VW Cup ; une coupe monotype de Cox. Mais en 1993, la Coccinelle était démodée...

Franz Dubois était un discret préparateur Belge. Spécialiste des Audi et VW en Procar (et ancien pilote DKW en cote !), il avait ses entrés chez VW Belgique. Il songea à une espèce de Nascar Européenne. Pascal Witmeur lui suggéra de lui donner un look de Coccinelle. S'est-il inspiré de la Super VW Cup ? Jean-Gilbert Mal-Voy, ancien chanteur et surtout inamovible patron de l'Audi VW Club Belgique, permit de concrétiser l'idée, en 1997. Pascal Witmeur avait des idées, mais il était déjà pris et Franz Dubois ne savait pas se vendre. En 2001, ce père de trois enfants rencontra Nathalie Maillet. Jeune architecte à la ville, elle pilotait une Mini préparée par son conjoint, en VHC. Ce fut le coup de foudre. Ils quittèrent leurs conjoints respectifs et se mirent ensemble. Racing Club Partners, leurs sociétés, exporta la Fun Cup hors de Belgique, elle proposa également des épreuves aux CE, des stages, etc. Le point d'orgue de la Fun Cup, c'était les 25 Heures de Spa. Nathalie Maillet y était régulièrement au départ, gagnant en 2006.
En 2006, justement Citroën abandonnait le rallye. Kronos aligna une C4 semi-officielle pour Sébastien Loeb. Bien que manquant le dernier tiers de la saison sur blessure, l'Alsacien gagnait. Hélas pour l'équipe de Marc van Dalen, le sponsor principal, Kizz Me, était un escroc. Kronos frôla la faillite, puis elle tenta l'aventure de l'IRC, avant de vivoter en VHC et en GT.
En 2012, Franz Dubois souhaitait prendre du recul. Kronos prit le relais, comme promoteur de la Fun Cup. Ce fut l'occasion de rebondir, après 6 ans de galères. Depuis le décès de Jean-Pierre Mondron, cofondateur de l'équipe, Marc van Dalen est seul. Nathalie Maillet prit également du champ. Elle devint directrice du circuit de Spa et elle fréquenta Ann Lawrence Durviaux, parlant de divorce. Le 14 août 2021, pour l'anniversaire d'Ann Lawrence Durviaux, Nathalie Maillet lui offrit un tour de Spa en Fun Cup. Puis elles rentrèrent chez elles. Franz Dubois déboula avec un fusil, abattant les deux femmes. Il appela la police pour confesser le crime, puis il retourna l'arme contre lui.

La Super VW Cup était une Coccinelle dépouillée du superflu et préparée.

La Fun Cup, elle, est un châssis tubulaire, à moteur central, avec un look de Coccinelle (via des panneaux en polyester.) Le moteur est un 2l VW 170ch (ou 180ch, suivant les sources) accouplé à une boite séquentielle Sadev à 5 rapports. Avec 800kg, la Fun Cup souhaite offrir des sensations à petit prix.

Difficile de se prendre au sérieux lorsque l'on pilote un Coccinelle sur circuit ! Les décos des Fun Cup sont volontiers chatoyantes et rigolotes.

Ma préférée, c'est la "Flower Power". C'est un fou-rire assuré !

Du bord de la piste, je ne peux que constater l'hétérogénéité du plateau. La piste humide souligne les différences d'aptitudes... Il y a des pilotes rapides et doués, des pas-doués et lents et des pas-doués, qui appuient sur le champignon malgré tout.


Forcément, sur le mouillé, le train arrière veut passer devant. Or, sur le toboggan de Dijon-Prenois, on a rarement les roues droites... Certains se font des sueurs froides, improvisant du drift. "Deja vu!/I've just been in this place before (higher on the street)/And I know it's my time to go/Calling you/And the search is a mystery (standing on my feet)/It's so hard when I try to be me, woah!"

Puis il y a un tête-à-queue, puis deux. Bientôt, ça devient Olida on Ice ! Entre temps, la piste a séché et ils n'ont même plus cette excuse !

Les commissaires de piste ne chôment pas ! Parfois, à peine viennent-ils de sortir le vert, que la troisième ou la quatrième Cox s'offre un 360. 

Heureusement, les autres parviennent toujours à éviter les voitures en perdition. Qui plus est, les voitures sont solides, tolérant le jardinage... Jusqu'à ce champion, qui s'est retrouvé ensablé. Le Patrol doit mettre les crabots pour le ressortir.

En tout cas, ni les pilotes, ni les mécanos ou les responsables d'équipes ne semblent plus énervé que ça.

Signalons que le pilote est assis au milieu. Lors des relais, pour gagner du temps, un mécano costaud l'agrippe et le sort façon sac à patates !

Vers 16h, je décide de lever le camp. J'ai un sixième sens ! Car à peine ai-je refermé la portière de ma voiture, qu'une trombe d'eau s'abat sur Dijon-Prenois !

En tout cas, ces Fun Cup m'auront bien fait rire. Kronos offre pas mal de points bonus (meilleur débutant, meilleure remontée et même un "équipage chanceux", tiré au hasard.) Ils devraient créer une catégorie "meilleure figure" !

Bonus

En prime, une Juvaquatre mise au clou, une A110 à la déco intéressante, une Maserati MC20 et le "keskifoula" : la Porsche 992 Cup de Vs Compétition, qu'Orhès Racing aligne lors de journées circuit.

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