Rétromobile 2025 : 13. 70 ans de DS


La DS fête ses 70 ans. DS Automobiles est sponsor-titre de Rétromobile. Il s'offre également un stand baptisé "La DS, une œuvre d'art depuis 70 ans". 

Les toutes premières DS ont disparu. Cette DS19 vert printemps de 1956 est donc d'autant plus rare. Une silhouette très pure, sculptée par l'aérodynamique. On était très loin des caisses carrées contemporaines...

La vue de 3/4 arrière allait quasiment rester la même pendant 20 ans.

Dès 1956, Citroën dévoila l'ID19. Extérieurement, elle perdait quelques chromes. L'intérieur n'avait plus d'accoudoir. La direction n'était plus assistée. Surtout le 1,9l descendait de 75ch à 63ch. Grâce à tout cela, l'ID19 était vendue 860 000 francs, contre 930 000 francs pour la DS19.


Au lancement de la DS19, la concurrence ricanait. Chez Citroën, la production était incapable de suivre la demande. Nombre d'acheteurs de 2cv avaient fini par annuler leurs commandes. Cela fit les affaires de fabricants de voiturettes comme Rovin, Velam ou Vespa. Rebelotte avec DS et des délais dépassant volontiers les deux ans. Là encore, certains annulèrent leurs commandes, au bénéfice de Peugeot et sa 403. Mais il y avait également un marché parallèle de "scalpers" qui proposaient des DS disponible de suite, mais à des prix vertigineux...
Il y avait aussi la paranoïa du chevron. De 1952, jusqu'au lancement de la DS, L'Auto-Journal fit un gros travail d'espionnage : photographie de prototypes, divulgation d'informations (grâce à des informateurs chez Citroën.) En réponse, le Quai de Javel utilisa de tous les moyens : passage à tabac des espions, tentatives de faire fermer le journal, harcèlement des journalistes... L'affaire se termina devant les tribunaux, en 1967, en faveur de L'AJ. Ce fut une très belle pub pour le journal. Mais dans les années 90, il continuait de garder la dent dure contre la DS.
Même après le lancement, Citroën restait sur ses gardes. Lorsque les premières DS arrivèrent dans leur réseau pour l'entretien ou les réparations, les garagistes n'avaient quasiment pas été formés ! Roger Brioult dû pleurer auprès de Citroën pour pouvoir rédiger une Revue Technique Automobile sur la DS/ID !


En 1965, la DS connu sa première évolution, avec l'apparition de la DS21. En fait, la DS19 recevait également un nouveau moteur ; fini le bloc de 11cv ! La DS19 disposait désormais de 90ch et la DS21, de 109ch.
On a ici une DS21 Pallas de 1967, avec ses longues portées et sa sellerie cuir. Au même moment, Citroën dévoilait sa nouvelle DS à quatre phares ; la principale évolution du modèle.


La DS, c'était surtout la voiture des ministres et des grands patrons. 
Jusqu'aux années 50, il n'y avait pas vraiment de politique automobile, pour la présidence de la République. Charles de Gaulle fit de la DS SA voiture, à la ville, comme en privé. Pour les gaullistes, cela devint quasiment un signe de ralliement.
On a ici une DS 21 Prestige de 1972. C'était la voiture de Michel Debré, alors ministre de la défense. Fils du médecin Robert Debré, Michel Debré fut le tout premier Premier Ministre de Charles de Gaulle. C'était le père des faux-jumeaux (et vrais ennemis) Jean-Louis et Bernard Debré.


La DS connu un désamour fulgurant. Entre 1973 et 1974, la production fut divisée par deux et pourtant, les invendus s'accumulaient. La CX prit tant bien que mal le relais.

On a ici l'une des ultimes DS, une 21 Pallas à injection électronique de 1975.


L'affiche de Rétromobile, c'est cette DS19 "ballons". Elle s'inspire d'une photo d'un catalogue Citroën de 1960. Les ballons représentant les sphères de la suspension hydropneumatique. C'est le GARAC qui réalisa cette installation.

Depuis l'arrivée de Michelin, Citroën ne réalisait quasiment plus de publicités, ni de catalogues. En 1960, la firme aux chevrons sacrifia à l'air du temps en embauchant Claude Puech. Puech dût se battre pour que Citroën ait une brochure sur la DS. La 2cv devra attendre 1962. La photo fut donc d'autant plus célèbre que c'était l'une des rares de la DS.
Pour réaliser la photo, l'agence Delpire réalisa un embarcadère provisoire. Une coque fut posée sur quatre pilotis, au milieu d'une mare. Puis chaque pilotis fut remplacé par une sphère flottante... Tout en conservant discrètement un poteau, au niveau de l'arrière gauche.
Cette photo dégageait une impression de légèreté et de stabilité. C'est un exemple du style minimaliste du début des années 60, où l'image primait sur le discours.


DS est également venu avec ce totem DS19, utilisé au salon de Paris 1962. L'image est volontiers associée à Roland Barthes, qui écrivit La nouvelle Citroën en 1956.


L'exposition laisse sur sa faim. Pas de contextualisation, peu d'illustrations et un accrochage très moyen. DS n'explique pas ce qui a rendu cette voiture si légendaire. Ni l'ampleur que prit le phénomène DS, au-delà des amateurs de voitures. Ce n'était pas qu'un amas de tôle, bon sang de bois ! Et ce n'est pas avec un -26% des ventes en 2024 que DS Automobiles pouvait faire l'économie de la pédagogie.
Autant le communiqué de presse était complet, autant le stand lui-même dénote un certain jmenfoutisme. 

A l'entrée, une DS 21 de 1969 était peinte en cristal pearl et en noir. Pour être raccord avec la DS N°8 juste devant. Parce que vous voyez, c'est la même chose, hein ! Hein ?


En bonus, un proto DS21 de 1972. Il a été raccourci et équipé d'un moteur de SM, en vue des 24 heures de Chamonix. Il était piloté par le "viking" Björn Waldegård.


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