En 1963, Diana Bartley du magasine Esquire vint voir Virgil Exner Sr. La journaliste proposa au designer retraité d'imaginer que plusieurs marques disparues aient survécu jusqu'à aujourd'hui. Charge à lui d'imaginer les modèles 1964 de cette uchronie. Virgil Exner Sr dessina sept voitures (Bugatti, Duesenberg, Jordan, Mercer, Packard, Pierce Arrow et Stutz.) Les croquis sortirent dans le numéro de décembre 1963.
Ce fut un séisme. Ghia, ainsi que Sibona & Basano, s'empressèrent de concrétiser ces projets. Ghia dénicha un châssis nu de Bugatti 101, tandis qu'une Shelby Cobra servit de base pour la Mercer. Fritz Duesenberg (fils de "Augie" Duesenberg) vint voir Virgil Exner, pour qu'il crée une voiture plus réaliste. Puis il tenta de l'industrialiser. Pendant ce temps, Renwal proposa des maquettes au 1/25e des "Revival Cars" de Virgil Exner.
Harry C. Stutz arriva à Indianapolis en 1902. Il travailla pour différents constructeurs et équipementiers automobile. Ingénieur autodidacte, il construisit une voiture en vue des tous premiers 500 Miles d'Indianapolis, en 1911. Gil Anderson termina 11e à son volant et Stutz fonda officiellement sa société dans la foulée.
Stutz connu son âge d'or dans les années 20. C'était alors un fabricant de voitures de luxe réputé. Charles Weymann commandita l'engagement de voitures aux 24 heures du Mans. Elles y donnèrent des sueurs froides aux Bentley, deux années de suite. Stutz revint ensuite aux 500 Miles d'Indianapolis, adoptant la réglementation "stock block".
Comme d'autres, Stutz subit la crise de 1929. Charles Schwab, actionnaire emblématique, était ruiné suite à la faillite de son entreprise de sidérurgie. La production s'arrêta en 1935, mais l'entreprise resta sous perfuseur jusqu'en 1939.
En 1968, près de cinq ans après l'article d'Esquire, James O'Donnell décida de s'occuper de l'un des dessins de Virgil Exner Sr. Il fit réaliser la Stutz Blackhawk par Ghia, sur la base d'une Pontiac Grand Prix.
La voiture fut dévoilée au Waldorf Astoria, en 1970. Rien n'était trop beau pour James O'Donnell. Ghia étant passé dans l'orbite de Ford, il monta son propre carrossier, en Italie, la Carrozzeria Saturn. Stutz conservait la cellule centrale des Pontiac, tandis que les panneaux étaient construits en Italie.
C'était
le style "néo-rétro" tel qu'on l'imaginait alors avec force de chromes. Les échappements latéraux étaient fictifs. James O'Donnell déclina le concept avec le cabriolet Bearcat, la berline Duplex ou la limousine Diplomatica. Elvis Presley acheta la première Stutz. Le Shah d'Iran, Liberace, Elton John ou Omar Bongo possédèrent des Stutz.

A la fin des années 80, aux Etats-Unis, il y eu un engouement délirant pour les vraies fausses anciennes. On connait bien sûr Excalibur (fondée par Brook Stevens, que Virgil Exner croisa chez Raymond Loewy et Studebaker) ou Clénet. Mais il y eu aussi Zimmer, Baroque/Knudsen, Spartan, Classic Factory... Autant d'artisans qui proposèrent des voitures vaguement inspirées de la fin des années 30 (en particulier les Mercedes-Benz 540k et Duesenberg SJ.) Une cellule centrale d'Américaine, des panneaux en fibre de verre et voilà ! D'autres, comme Bayliff ou Ferber se contentaient de vendre une calandre néo-rétro et des chromes latérales à plaquer sur votre voiture.
Beaucoup de projets firent long feu. Stutz survécu grâce à un travail de meilleur qualité. Il changea discrètement de base, au fil des évolutions de Pontiac. Mais la mode s'estompa.
En 1987, Warren Liu prit le relais. Il ferma Carrozzeria Saturn. Désormais, pour des raisons de coûts, les Stutz auraient des panneaux en fibre de verre et fabriqués aux USA. En 1995, la marque ferma pour de bon. Le dernier modèle serait un cabriolet Bearcat II. Mais en 2016, Warren Liu annonça une nouvelle résurrection de Stutz ! On n'a pas eu de nouvelles depuis.
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