Rétromobile 2025 : 22. Simca 936 "Isabelle"

Ma visite de Rétromobile 2025 touche à sa fin. Je me rapproche tranquillement de la sortie, au pavillon 3. Une voiture des années 60 attire mon attention. D'abord par sa couleur vert pomme. Des volumes ramassés, une silhouette bicorps, des phares avant de R10... Un autre prototype de R6 ? Mais au dessus de la calandre, point de losange. Le mot "Simca" s'écrit en lettres chromées.

La Mini fut d'emblée un carton. Un constructeur comme Simca se devait de réfléchir à son adaptation du concept. Curieusement, ce "projet 936" ressemble à ADO 9X, un projet contemporain de remplaçante de Mini.

Simca priorisant les 4 portes, elle reçu des portes arrières. Point de hayon ; comme sur la Mini (ou sur une Renault Modus), le coffre est une malle qui s'ouvrait l'envers.

La Simca "Mini" a été rallongé d'un petit centimètre. Mais l'empattement gagnait sept centimètres, au seul profit de l'habitacle. Le 1l 36ch de la Simca 1000 passait à l'avant et il était positionné de manière transversale. La 936 était bien sûr une traction.  

Un prototype roulant, Isabelle, fut construit vers 1964. Chrysler, désormais actionnaire de Simca et de Rootes y mit son véto. A la place, le pentastar voulu que Simca distribue l'Hillman Imp.
Lancée au printemps 1963, la première citadine de Rootes connu un démarrage modeste. Or, l'Imp inaugurait l'usine de Linwood, en Ecosse. Il s'agissait donc de donner davantage d'activité au site. Simca finit par refuser ce boulet. L'Imp continua d'être distribuée via l'importateur de Rootes, mais sous la marque Sunbeam.
Au début des années 70, face aux R5 et 104, Simca ressorti le projet 936. En parallèle, Rootes proposa une version raccourcie de l'Hillman Hunter (fausse-jumelle des Chrysler 160/180/2 litres), transformée en 3 portes. Le seul avantage, c'est que cette solution n'était pas chère et elle permettait de conserver Linwood. La Chrysler Sunbeam fut distribuée dans le réseau Simca. Il faudra attendre 1981 et la Samba pour que Simca, devenu Talbot, ait une citadine digne de ce nom.

Je me méfie des "coulda, woulda, shoulda". Cette Isabelle aurait-elle pu être un succès ? 

Au milieu des années 60, il n'y avait pas de citadines, en France. La Simca serait positionnée sous l'Ami 6, mais avec un moteur plus nerveux et une présentation moins spartiate. La Renault 6, première compacte bicorps, n'arriva qu'en 1968. L'Isabelle aurait donc été longtemps seule sur son créneau. Elle aurait peut-être été produite également en Espagne, par Barreiros, comme la 1100.
Au final, cela aurait peut-être poussé Peugeot et Renault à avancer le lancement de leurs citadines, quitte à les bâcler. En tout cas, les R5 et 104 n'auraient fait qu'une bouchée de l'Isabelle. Sachant que Chrysler était très radin ; l'Isabelle serait restée en l'état jusqu'à la fin des années 70. Pas de quoi changer fondamentalement la situation de Simca. Mais au point où en était Poissy, même à 10 000 voitures par an, ils auraient été preneur !

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