Rétromobile 2019 : 15. Ferrari 308 GT4/LM

Rétromobile a fermé ses portes hier. Mais moi, j'ai toujours un stock de photos. Alors je continue ! Là, j'en suis au coin des vendeurs. Il y a pas mal de voitures de courses. Voici un modèle unique : la Ferrari 308 GT4/LM.
La 308 GT4 est apparue au salon de Paris 1973, avec un badge Dino (elle ne devint une Ferrari qu'en 1975.) GT 2+2 places, équipée d'un V8, avec un dessin assez quelconque (signé Marcello Gandini pour Bertone), elle avait tout d'un sacrilège.
Mais pas pour William Schanbacher. Il s'était découvert une passion pour les Ferrari. L'automobile de collection en était encore à des balbutiements. Les prix des Ferrari des années 50-60 étaient encore raisonnables (comme peuvent l'être des GT ou des voitures de courses d'une vingtaine d'années) et les collectionneurs US étaient des hommes d'affaires qui improvisaient des balades à plusieurs et n'hésitaient pas à ouvrir le capot pour bricoler... Schanbacher voulu se prendre pour un mécène. Il finança l'engagement d'une 308 GT4 par le NART aux 24 heures du Mans.

Ferrari prépara une 308, remplaçant certains panneaux de carrosserie par de la fibre de verre et les vitres, par du plexiglas. Le circuit de lubrification fut refait et elle reçu des pistons de 365. Ainsi, le moteur délivrait 300ch.
A l'automne 1973, Ferrari avait retiré sa 312 PB du championnat du monde des marques, faute de résultats. A l'hiver 1974, une mise à jour fut testée, mais elle ne convainquit pas Maranello. Le constructeur annonça son retrait sine die de l'endurance. Un coup dur pour le championnat.
Néanmoins, comme d'habitude, l'ACO n'en fit qu'à sa tête. La 308 GT4/LM était un exemplaire unique, les volumes de production étaient faibles, donc elle était classée comme "prototype 3,0l". Alors que les Porsche 911 Carrera RSR, équipées d'un moteur turbo qui n'existait pas en série, étaient des "GTS 3,0l". Malgré tout, Giancarlo Gagliardi et Jean-Louis Lafosse parvinrent à se qualifier dans leur catégorie.
Hélas la transmission lâcha au bout de 4h.

Fin 1974, ce fut au tour de Matra de raccrocher. Le plateau des 24 heures du Mans 1975 s'annonçait pitoyable. John Wyer, semi-retraité, fit préparer une Gulf GR8. Guy Ligier fit transformer sa JS2, afin d'en faire un proto. Les autres protagonistes étaient Joest avec une vieille Porsche 908 et Alpine, avec ses A441 2 litres.
On pourrait croire que dans ce contexte, l'ACO aurait fait des efforts... Mais non, la 308 GT4/LM restait classée comme "prototype". Elle était non-qualifiée, alors qu'elle roulait plus vite que certaines GTS 3,0l ! Luigi Chinetti protesta et faute d'être écouté, le NART retira ses quatre voitures (dont la 308.) Invité pour les 24 heures du Mans 1976, Chinetti offrit sa place à une Corvette. Il ne revint qu'en 1977.
L'épisode a sans doute secoué William Schanbacher. Il était venu la fleur au fusil et l'ACO lui avait claqué la porte au nez. Il n'a pas cherché à aligner d'autres voitures ensuite. Apparemment, il aurait récupéré la 308, l'aurait repeinte en jaune et il aurait fait des baptèmes avec.
Il la revendit dans les années 80. Elle fut restaurée en version "Le Mans 1974". En 2012, RM Auctions l'a proposée à 725 000€.

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