Rétromobile 2019 : 30. Lancia Stratos

A Rétromobile, les clubs et les vendeurs de pièces sont à l'écart. Je suis sûr que certains visiteurs n'ont vu que le hall 1, persuadé d'avoir fait le tour de Rétromobile. Pourtant, il y a de belles choses à voir chez les "petits". A commencer par cette Lancia Stratos de 1970.

Une ligne qui vous laisse bouche bée, au sens propre du terme !

Pour être précis, il faudrait parler de "Bertone Stratos". Le carrossier Italien l'avait créé dans un double but.
D'une part, Lancia songeait à une voiture de rallye, pour remplacer la Fulvia HF. Une anti-Alpine aussi efficace que la Française... D'où la présence du V4 Lancia, en position centrale.
Et puis, quelque mois plus tôt, à Genève, Pininfarina avait dévoilé la Modulo, un concept-car ultra-bas, basé sur une 512S. Une baie-vitré coulissante faisait office d'ouverture, de part et d'autres du parebrise. Bertone, le designer rival, se devait de réagir. D'où cette spectaculaire Stratos, à Turin. Une unique trappe, à l'avant, servait à la fois d'ouverture et de pare-brise.

Cesare Fiorio fit du lobbying et Lancia finit par donner le feu vert à la Stratos. La voiture finale, avec sa garde-au-sol relevée et son profil ramassé, n'avait que peu à voir avec le concept-car.

Entre temps, en 1972, Giugiaro avait fait lui aussi dans la provocation avec la Maserati Boomerang.

C'était cette époque bénie où l'on s'imaginait que dans un futur proche, les GT seraient des espèces de dalles filant à 300km/h... Puis il y eu la crise du pétrole. Terminé, le rêve de vitesse. Pas grave, les Italiens recyclèrent leurs dessins. Désormais, leurs bolides étaient profilés car économes en carburant.

J'ai eu la chance de connaitre la queue de comète de l'age d'or des designers Italiens. Lorsque tout généraliste digne de ce nom se devait de faire régulièrement appel à Bertone, Ital Design ou Pininfarina. Les responsables du design étaient des stars.
Même les industries du textile ou de la décoration courraient après les designers Italiens !

C'était une situation que les constructeurs subissaient. Surtout que d'un client à un autre, ils pouvaient transposer des traits, une forme. Les constructeurs n'avaient plus la main.
Alors ils musclèrent leurs propres bureaux de style. Pourquoi payer un sous-traitant pour ce que l'on peut faire en interne ?

Aujourd'hui, Bertone a implosé. Pininfarina est le faire-valoir de Mahindra. Quant à Ital Design, son dernier boulot est un réaménagement de Classe V pour un carrossier industriel chinois. Et ça fait bien longtemps, que dans un salon de l'auto, au détour d'une allée, je n'ai vu une carrosserie vraiment spectaculaire...