Rétromobile 2019 : 27. Maserati 4CLT ex-Fangio
Une Maserati 4CLT à vendre chez un négociant. Une monoplace au trident, cela vaut déjà son pesant d'or. L'argument supplémentaire du vendeur, c'est qu'elle apparait en couverture d'un livre sur les Maserati 4CLT...
Pour moi, l'argument, il se trouve plutôt au bout du capot, avec ces huit lettres "J.M. Fangio". D'autant plus que cette voiture, aux couleurs de l'Automobile Club Argentin, fut essentielle dans la carrière de l'Argentin...
Juan Peròn était un autocrate populiste. Comme nombre d'autocrates, il était avide de puissance et de renommé internationale. Il exigeait ainsi une nouvelle Cadillac présidentielle chaque année. Hans Ulrich Rudel le persuada de financer le jet militaire Pulqui. Peròn s'imaginait sans doute que des escadrons de Pulqui allaient déferler sur l'URSS du grand satan Staline... Mais ce fut surtout une vaste escroquerie. Car à peine arrivé en Argentine, les transfuges du nazisme et du fascisme s'étaient rendu compte qu'avec de grands discours, Peròn pouvait ouvrir bien grand son chéquier...
A la fin des années 40, le Grand Prix de Buenos Aires s'était internationalisés. Pour des équipes notoirement désargentées, comme Maserati ou Gordini, c'était un moyen de récolter des primes de départ, en plein hiver. D'anciens résistants, comme Jean-Pierre Wimille, devaient être sûrement enchantés de croiser des cadres de Vichy ou des miliciens, promis à l'échafaud en France...
Wimille, justement, remarqua un pilote local : Juan Manuel Fangio. Il avait terminé 3e, en 1948, avec la monoplace qu'il avait lui-même bricolé à partir d'une Ford V8.
Faute de vraies monoplaces, les pilotes Argentins faisaient de la figuration à domicile. C'en était trop pour Peròn ! Ces monoplaces, il allait les acheter. Et au lieu que ce soit les Européens qui triomphent en Argentine, ce seront les Argentins qui vont triompher en Europe !
José Froilàn Gonzàles, Alfredo Piàn et Juan Manuel Fangio furent appelés pour représenter leur pays. Fangio hésitait. Il avait 37 ans. Sa carrière semblait derrière lui et puis, qu'est-ce que cet humble garagiste d'une banlieue de Buenos Aires allait faire en Europe ? Déjà, en 1948, il avait disputé le Grand Prix de France, avec Gordini. Il avait abandonné. A quoi bon y retourner, pour se ridiculiser de nouveau ? Wimille le convainquit d'y aller, juste avant de se tuer, lors des essais du Grand Prix de Buenos Aires 1949.
Fangio pensait qu'il était un imposteur. Qu'après quelques tours avec ces Maserati 4CLT flambant neuves, on allait le réexpédier aussi sec dans un paquebot pour Buenos Aires ! La première sortie fut San Remo, où il gagna. Puis il récidiva à Pau, à Perpignan, à San Marin, à Albi... Gordini lui prêta un volant pour Marseille. Un tour de manège de plus ! Et bien sûr, l'Argentin triompha dans la Cité Phocéenne. De même qu'il gagna à Monza, avec une Ferrari privée.
Sept courses, sept victoires. Le nom de Fangio commençait à circuler dans les paddocks européens. Alors que ses compatriotes faisaient leurs valises, Alfa Romeo approcha Fangio. Une offre de l'équipe ayant le plus gros budget d'Europe ! Le garagiste vivait un rêve éveillé. Alfa Romeo allait le payer, alors qu'il aurait couru bénévolement pour eux !
La suite, on la connait : cinq titres de champion du monde (un record qui tenu jusqu'à Michael Schumacher) et 24 victoires en 51 Grand Prix.
Dans A week-end of champion, on suit Jackie Stewart au Grand Prix de Monaco 1971. L'Ecossais est à son apogée. Il s'est baladé en qualifications et il sait qu'il fera de même en course. Graham Hill, le quintuple vainqueur de l'épreuve, lui dit qu'il aurait été incapable de rouler aussi vite. Rouflaquettes, lunettes de soleil et casquette sur la tête, Stewart joue les stars, tout en remontant la grille. Il signe des autographes et fait coucou de loin à des connaissances. A un moment, il s'arrête net. Il s'approche d'un vieil homme, à l'écart. Pantalon en velours et pull-over, Fangio a l'air d'un simple retraité. Stewart n'est plus la star ; c'est un jeune loup face à un vieux maitre. L'Argentin juge qu'il pilote bien. Stewart arrête ensuite son cirque et il monte dans sa Tyrrell. Ce compliment vaut presque tous les podiums !
Pour moi, l'argument, il se trouve plutôt au bout du capot, avec ces huit lettres "J.M. Fangio". D'autant plus que cette voiture, aux couleurs de l'Automobile Club Argentin, fut essentielle dans la carrière de l'Argentin...
Juan Peròn était un autocrate populiste. Comme nombre d'autocrates, il était avide de puissance et de renommé internationale. Il exigeait ainsi une nouvelle Cadillac présidentielle chaque année. Hans Ulrich Rudel le persuada de financer le jet militaire Pulqui. Peròn s'imaginait sans doute que des escadrons de Pulqui allaient déferler sur l'URSS du grand satan Staline... Mais ce fut surtout une vaste escroquerie. Car à peine arrivé en Argentine, les transfuges du nazisme et du fascisme s'étaient rendu compte qu'avec de grands discours, Peròn pouvait ouvrir bien grand son chéquier...
A la fin des années 40, le Grand Prix de Buenos Aires s'était internationalisés. Pour des équipes notoirement désargentées, comme Maserati ou Gordini, c'était un moyen de récolter des primes de départ, en plein hiver. D'anciens résistants, comme Jean-Pierre Wimille, devaient être sûrement enchantés de croiser des cadres de Vichy ou des miliciens, promis à l'échafaud en France...
Wimille, justement, remarqua un pilote local : Juan Manuel Fangio. Il avait terminé 3e, en 1948, avec la monoplace qu'il avait lui-même bricolé à partir d'une Ford V8.
Faute de vraies monoplaces, les pilotes Argentins faisaient de la figuration à domicile. C'en était trop pour Peròn ! Ces monoplaces, il allait les acheter. Et au lieu que ce soit les Européens qui triomphent en Argentine, ce seront les Argentins qui vont triompher en Europe !
José Froilàn Gonzàles, Alfredo Piàn et Juan Manuel Fangio furent appelés pour représenter leur pays. Fangio hésitait. Il avait 37 ans. Sa carrière semblait derrière lui et puis, qu'est-ce que cet humble garagiste d'une banlieue de Buenos Aires allait faire en Europe ? Déjà, en 1948, il avait disputé le Grand Prix de France, avec Gordini. Il avait abandonné. A quoi bon y retourner, pour se ridiculiser de nouveau ? Wimille le convainquit d'y aller, juste avant de se tuer, lors des essais du Grand Prix de Buenos Aires 1949.
Fangio pensait qu'il était un imposteur. Qu'après quelques tours avec ces Maserati 4CLT flambant neuves, on allait le réexpédier aussi sec dans un paquebot pour Buenos Aires ! La première sortie fut San Remo, où il gagna. Puis il récidiva à Pau, à Perpignan, à San Marin, à Albi... Gordini lui prêta un volant pour Marseille. Un tour de manège de plus ! Et bien sûr, l'Argentin triompha dans la Cité Phocéenne. De même qu'il gagna à Monza, avec une Ferrari privée.
Sept courses, sept victoires. Le nom de Fangio commençait à circuler dans les paddocks européens. Alors que ses compatriotes faisaient leurs valises, Alfa Romeo approcha Fangio. Une offre de l'équipe ayant le plus gros budget d'Europe ! Le garagiste vivait un rêve éveillé. Alfa Romeo allait le payer, alors qu'il aurait couru bénévolement pour eux !
La suite, on la connait : cinq titres de champion du monde (un record qui tenu jusqu'à Michael Schumacher) et 24 victoires en 51 Grand Prix.
Dans A week-end of champion, on suit Jackie Stewart au Grand Prix de Monaco 1971. L'Ecossais est à son apogée. Il s'est baladé en qualifications et il sait qu'il fera de même en course. Graham Hill, le quintuple vainqueur de l'épreuve, lui dit qu'il aurait été incapable de rouler aussi vite. Rouflaquettes, lunettes de soleil et casquette sur la tête, Stewart joue les stars, tout en remontant la grille. Il signe des autographes et fait coucou de loin à des connaissances. A un moment, il s'arrête net. Il s'approche d'un vieil homme, à l'écart. Pantalon en velours et pull-over, Fangio a l'air d'un simple retraité. Stewart n'est plus la star ; c'est un jeune loup face à un vieux maitre. L'Argentin juge qu'il pilote bien. Stewart arrête ensuite son cirque et il monte dans sa Tyrrell. Ce compliment vaut presque tous les podiums !
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