Rétromobile 2022 : 23. autopompe Rochet-Schneider
La Première Guerre Mondiale a démontré la supériorité du camion, pour le transport d'hommes et de matériel. Balayant complètement le cheval et le train, en 1918.
Qui plus est, sous la pression de l'armée, les constructeurs (dont Berliet et Rochet-Schnider) créèrent en un temps record des camions plus rapides, avec davantage de charge utile et dans des volumes plus importants.
A l'armistice, les constructeurs cherchèrent des applications civiles pour leurs camions (messagerie, mais aussi BTP, environnement, secours...) Nombre de clients les avaient vu évoluer sur le front et ils n'étaient pas longs à convaincre... Il faut noter que dès 1913, les sapeurs pompiers de Paris avaient été entièrement motorisés. Ce fut d'ailleurs une première dans l'armée française.
En 1889, Édouard Rochet et Théodore Schneider s'associèrent pour produire des vélos. Cinq ans plus tard, ils passèrent à l'automobile. La firme connu son âge d'or au tournant du siècle. Elle s lança dans les autobus en répondant à un appel d'offres de la Compagnie Générale des Omnibus (l'actuelle RATP.)
Puis Théodore Schneider parti créer une autre marque. Surtout, on changeait de modèle économique avec des séries toujours plus importantes, là où les vieilles marques faisaient du fait-main.
Après la guerre, Rochet-Schneider se concentra sur les autobus et les camions. Les voitures particulières, marginalisées, finirent par être abandonnées en 1931.
A contrario, les camions et autobus restaient sur une logique de moyenne série, avec une grande part d'aménagements de bout de chaine. Ce qui correspondait davantage à l'organisation de la firme lyonnaise.
Ce camion "18400" fut ainsi produit à 197 exemplaires, entre 1920 et 1926. Soit à peine 3 unités par mois.
Ce camion fut livré à Noisiel, à l'est de Paris. En 1825, Antoine Brutus Menier avait déménagé là son usine de produits pharmaceutiques. Il se reconverti dès 1836 dans le chocolat. Son fils, Emile-Justin Menier acheva la mue. La seconde révolution industrielle marquait aussi l’émergence de l'industrie agro-alimentaire et des produits transformés, comme le chocolat en tablette. Le chocolatier réalisant toutes les opérations dans son usine en bordure de la Marne.
En 1871, Emile-Justin Menier fut élu maire de Noisiel. Il transforma Noisiel et bâti une cité pour les ouvriers de l'usine. A la belle époque, Menier employait 2 000 personnes, dominant économiquement et politiquement le hameau.
Henri Menier succéda à son père, Emile-Justin. Richissime, il s'offrit le château de Chenonceau et un île sur le Saint-Laurent. A sa mort, son petit-frère, Gaston, prit le relais de la chocolaterie et de la mairie. C'est lui qui passa commande du camion de pompier Rochet-Schneider.
Jacques, fils de Gaston, se désintéressa des affaires. Aviateur durant la Première Guerre Mondiale, il se lança en compétition. Il créa une écurie de MG, puis de Delahaye. Il embaucha celui qui lui avait vendu la MG, Philippe Maillard-Brune, comme pilote. A la mort de Gaston Menier, il dut prendre les raines.
Seul le benjamin des fils Menier eu lui-même des enfants. Antoine Menier a piloté une Alfa Romeo en course. Après la Deuxième Guerre Mondiale, le voilà propulsé sur le devant de la scène. Or, plus encore que son oncle Jacques, il avait un intérêt et une connaissance limitée des affaires. Le monde du chocolat était en mutation, avec l'arrivée d'acteur comme Lindt ou Nestlé. Le rachat de Rozan fut un flop. L'usine Menier vivote, tandis que les frères d'Antoine meurent un par un, entrainant un guerre de succession. Rowntree racheta la chocolaterie en 1965. Deux ans plus tard, Antoine Menier mourrait et il n'y eu plus de Menier à la mairie de Noisiel.
De son côté Rochet-Schneider subit de plein fouet la Seconde Guerre Mondiale. Son activité fut quasiment nulle durant le conflit. En 1945, la marque Lyonnaise se retrouva vite dépassée, dans le monde compétitif des poids-lourd. Elle se reconverti comme sous-traitant de Berliet, avant d'être effectivement rachetée en 1954.
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