Rétromobile 2022 : 18. Alpine A106
F1, WEC, nouveaux modèles de route... L'actualité d'Alpine est bien riche. Cet intérêt rejailli sur les modèles anciens. L'A110, bien sûr, mais aussi les autres Alpine. Ainsi, on cherche à sauver des exemplaires bien malades, comme cette A106.
Les années 50 et 60 virent l'essor des sportives produite de manière artisanale. Mécaniciens, pilotes et ingénieurs enthousiaste allaient se procurer des éléments auprès de la grande série. Or, en France, au début des années 50, le choix était vite fait.
Les grandes marques de luxe fermaient leurs portes à double-tour face aux curieux. Il fallait s'appeler Jean-Albert Grégoire pour que l'on vous ouvre.
Chez Peugeot, la 203 était lourde et peu puissante ; difficile d'en faire un modèle sportif. Qui plus est, la firme au lion avait un mépris certain envers la compétition. Darl'Mat, Constantin et quelques autres tentèrent néanmoins leur chance. Chez Citroën, c'était encore pire : la marque interdisait que l'on court avec ses voitures ! Il existait bien une demande pour une 2cv plus coquette, mais se procurer des châssis était un casse-tête. Le Quai de Javel étant déjà bien incapable d'honorer les commandes des particuliers... Chez Simca, on a d'abord soutenu des artisans, notamment Gordini. Mais à l'arrivée de l'Aronde, Simca prit ses distances. Panhard, lui, était très enthousiaste. Il cherchait à se faire une place parmi les généralistes et toute publicité était bonne à prendre. Néanmoins, les DB, la Callista, la Scarlette, la Marathon et plus tard, la SERA, difficile pour notre artisan d'émerger.
Restait donc Renault. La 4cv était archi-diffusée et il y avait relativement peu d'artisans travaillant dessus.
Cela tombait bien pour Jean Rédélé, qui était agent Renault. En 1953, il commandita la Rédélé Spéciale. Dessinée par Michelotti, elle fut produite par Alemano et la finition, effectuée par Escoffier. Une seconde voiture fut construite chez Chappe, avec une carrosserie en plastique.
Un certain Zack Reed rêva de la produire aux Etats-Unis. La The Marquis eu droit à son propre catalogue, Rédélé commanda des moteurs de 4cv "1063"... Puis le soufflé retomba. Une troisième Rédélé Spéciale aurait été construite.
En visite chez Chappe, Charles Escoffier, du concessionnaire éponyme, aurait vu un coupé deux volumes sur base 4cv, dont la construction trainait. Il en aurait parlé à Jean Rédélé, son gendre. C'est ce que l'on dit aujourd'hui.
Alors qu'autrefois, on pensait que ce "coach" n'était qu'une évolution des Rédélé Spéciale/The Marquis...
Jean Rédélé présenta la voiture, en 1955, à Renault, qui donna son imprimatur. Il baptisa sa marque "Alpine", rapport à ses succès transalpin en 4cv, puis avec la Rédélé Spéciale.
Trois Alpine Coach Tour de France (type A106) furent dévoilées à la presse, à l'été 1955. Alpine traça discrètement son sillon. Un premier prototype de cabriolet fut dévoilé au salon de Paris 1957.
Un an plus tôt, Brissonneau et Lotz avait dévoilé le roadster 4cv Louis Rosier (en hommage au pilote, commanditaire du projet), également équipée du 747cm3 "1063" 21ch. La production de l'A106 réalisée avec des va-et-vient entre les ateliers de Chappe et d'Escoffier. A contrario, Brissonneau et Lotz possédaient un vraie usine, à Creil. Leur Renault sportive était mieux finie et moins chère que l'Alpine. Convaincu par leur savoir-faire, Renault confia au carrossier industriel la production de la Floride, en 1959. La 4cv Louis Rosier dut s'arrêter, donnant de l'espace médiatique à Alpine.
En 1959, il dévoila un second cabriolet, l'A108, doit l'arrière annonçait déjà l'A110. L'A106, déjà dépassée, quitta la scène en 1961.
Environ 200 exemplaires de l'A106 aurait été construits. D'où l'intérêt de restaurer celle-ci. Même s'il y a du boulot. Là, c'est a minima démontage complet, ponçage et sablage de la carrosserie... Ou bien vous pouvez la repeindre, y mettre de nouveaux phares et la vendre à un gogo !
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