Rétromobile 2022 : 13. Venturi 300 Atlantique
En 1994, Hubert O'Neil reprenait Venturi. Il avait conscience que les coupés, conçus 10 ans plus tôt, commençaient à accuser le coup.
Gérard Godfroy revint, le temps de redessiner la voiture. Pour le reste, Venturi du puiser dans ses fonds de tiroirs pour moderniser, changer et améliorer. Le prototype fut dévoilé au Mondial de Paris 1994. Le V6 turbo 3,0l développait 280ch, mais elle fut baptisée "300 Atlantique".
A partir de là, la 300 Atlantique fut un éléphant blanc. Dès 1995, Venturi était dans le rouge. En 1996, Hubert O'Neil vendit à Nakarin Benz. Le Thaïlandais produisit une poignée de voitures (dont celle d'ArtCurial), mais aussi une version Biturbo 310ch. Enfin, Riverside fit construire deux 300 Atlantique pour le GT-FFSA. Au total, 57 voitures furent produites.
De 1996 à 2000, Venturi était un vrai zombie. Il n'apparaissait même plus dans les annuels de L'Auto-Journal et d'Automobile Magazine ! Pourtant, des courageux (ou fous) continuaient de signer des bons de commande et de déposer des acomptes.
En 2000, Venturi fit faillite. Gildo Pallanca Pastor en racheta la propriété, mais techniquement, il s'agissait d'un nouvelle entreprise ; il n'avait donc aucun compte à rendre. L'homme d'affaire aurait refusé de compléter les 300 Atlantique semi-finies. Tant pis pour celles commandées.
Un châssis reçu plus tard un V8 Audi et il fut préparé pour le nouveau championnat GT4. Olivier Beretta la testa au Paul Ricard, puis plus rien.
Le bilan des années Gildo Pastor est maigre : quelques jolis concept-cars, des voiturs de record, une Fetish mort-née, des Berlingo électrifiés pour La Poste et une écurie de FE. Il n'était sans doute pas la personne la plus qualifiée, mais en 2000, il était bien le seul à vouloir reprendre Venturi...
Il faut noter surtout que la période 1995-2005 fut mortelle pour nombre de constructeurs de GT : De Tomaso, Isdera, Lister, Marcos, TVR, Vector... Sans oublier les feux de paille Bugatti Spa ou Cizeta. Ce n'est pas une coïncidence.
D'une part, il y avait des constructeurs moins enclins à céder moteurs et composants. D'autant plus que l'électronique débarquait en masse. Avant d'installer un moteur sur une plateforme, il faut désormais le reprogrammer.
D'autre part, en aval, il y avait des clients plus exigeants. Plus questions de mettre l'équivalent de 100 000€ dans une voiture qui tombait en panne toute les semaines ! Plus questions de mettre 100 000€ dans un design maladroit, parce qu'il a fallu intégrer des optiques de telle modèle de grande série...
Tout ceci faisait que pour produire des GT, il faut une taille critique toujours plus importante. McLaren n'a pas dévoilé de chiffre de production 2021. A priori, il serait autour de 2 500 unités, soit le niveau de Ferrari dans les années 90 et pourtant, il perd de l'argent.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Qu'est-ce que vous en pensez ?