Rétromobile 2022 : 16. Ford RS200

Baudoin Lempereur possédait de belles voitures de rallye. Outre la Ford Cortina Lotus déjà évoquée, il y a cette RS200. Mise à prix pour 180 000€, elle est partie pour 295 616€, alors qu'ArtCurial en attendait au maximum 260 000€.

Audi, Lancia et Peugeot furent les trois premiers à se lancer dans le Groupe B. De l’Aurelia à la Stratos, Lancia avait toujours été présent en rallye. Peugeot, moribond au début des années 80, a largement dépoussiéré son image avec la 205 Turbo 16 (qui faisait parti d’un vaste programme de promotion.) Mais le plus spectaculaire, c’était Audi. Jusque-là,la marque était quasiment inconnue hors d’Allemagne ; Les quatre anneaux évoquaient davantage DKW.

Or, les années 80 marquaient les débuts des enquêtes d’opinion, des indicateurs de notoriété, etc. Le lien de causalité image dynamique-présence en rallye d’Audi et de Peugeot n’échappa à personne. D’où des de Groupe B chez à peu près tous les généralistes Européens.

Avec Lancia, Ford était l'un ds plus fidèles participants du championnat du monde de rallyes (qui ne s'appelait pas encore WRC.) L’Escort RS1800 survécu à la version de série, décrochant un ultime titre en rallye en 1981, avec Ari Vatanen. Ford construisit à la même époque une Escort Mk III avec un Cosworth BDT. La voiture fut même dévoilée au salon de Francfort 1980. 

Le développement de cette Escort RS1700T traina. Une Escort RS2300, avec un Hart de F2 fut également construite, en 1982. Surtout, le service marketing n’était guère enthousiaste envers une Escort propulsion.
Pour toutes ces raisons l'Escort RS Groupe B fut placardisée.

Nouveau projet en 1984. La RS200 reprenait le moteur DBT, mais en position centrale arrière. Le châssis avait été dessiné par Tony Southgate, venu de la F1. La ligne était, elle, due à Ghia. En créant un coupé inédit, le service marketing s’affranchissait de toute contrainte liée à l’image de tel ou tel modèle. Ce fut d’ailleurs le seul à faire cela. Même si les autres Groupe B avaient des liens ténus avec la série…

Le premier souci, c’était qu’en 1986, le marché des pilotes de rallye était tendu. A trois, voire quatre pilotes par équipe, multiplié par six équipes (plus les intermittents Mitsubishi et Toyota), Ford recruta tout de même Stig Blomqvist, mais à mi-temps. A ses côtés, le peu connu "Kalle" Grundell, dont ce fut l'unique volant officiel.

L'ovale bleu sécha le Monte-Carlo pour débuter en Suède. Grundell décrocha un podium, tandis que Blomqvist renonça. Au Portugal, Ford compléta l'effectif avec le local Joaquim Santos. La foule était déchainée, se tenant sur la piste jusqu'à la dernière seconde. Sur une butte, Joaquim Santos perdit le contrôle, fauchant mortellement trois spectateurs et les équipes se retirèrent sur-le-champ. Ford manqua le Safari et le Tour de Corse, ne revenant qu'à l'Acropole. Double abandon.
A l'époque, les équipes officielles disputaient rarement l'intégralité du championnat. Surtout pour les débuts d'une voiture. Ford ne revint qu'au RAC, avec Mark Lovell et Stig Andervang en support. Kalle Grundell fut le seul à voir l'arrivée, au 5e rang.

1986 devait être une année d’apprentissage. Le podium de Kalle Grundell était plutôt encourageant.
Une RS200 "Evo" pour 1987 était en cours de préparation. Mais en fin de saison, le Groupe B fut annulé.
La carrière de la RS200 fut coupée nette et sauf erreur, seules une poignée de voitures « civiles » furent produites. Même si officiellement, Ford avait construit les 200 unités demandées.

Le rallycross accueilli à bras ouverts les Groupe B, dont la RS200 "Evo". Un modeste lot de consolation.

Notez que Ford fut très réactif. La Sierra Cosworth étant l’une des toutes premières vraies Groupe A commercialisées. Mais en conséquence la RS200 fut encore plus rapidement oubliée.

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