Le cinquième mousquetaire
Bienvenue dans le monde des "speciality manufacturers" ! Des fabricants construisant des voitures à l'unité, avec une poignée d'ouvriers. Des volumes si bas que chaque exemplaire est quasiment un prototype. Faute de moyens, la plupart des composants sont empruntés à la grande série (avec une intégration plus ou moins heureuse.) Autrefois, il y en avait aussi dans toute l'Europe de l'ouest (même en France !) Elles occupaient les dernières pages des annuels de l'Auto-Journal et d'Automobile Magazine.
Presque partout, le durcissement des normes et la complexification des mécaniques (avec une électronique impossible à paramétrer pour le profane) les ont décimé. Mais pas en Grande-Bretagne !
La législation est plutôt complaisante envers les artisans, pourvu qu'il vendent leurs voitures en kits.
Certains entrepreneurs démarrent petit en espérant créer un empire, d'autres veulent étaler leur génie à la face du monde et d'autres enfin veulent juste se faire plaisir. Il y a même des acheteurs de kits, déçus, qui ont créé leur propre marque !
Et chaque année, certains jettent l'éponge, tandis que d'autres débarquent.
Dans les kit-cars, il y a des modes. Il y a eu les buggys, les coupés de poche, puis le néo-rétro et au début des années 80, les supercars.
En 1983, Lee Noble, futur spécialiste de la création de supercars et de l'édition de pages sur Wikipedia, créa l'Ultima [Mk1]. S'inspirant des premières Groupe C, il conçu un châssis tubulaire, dans lequel il glissa le V6, la boite et la colonne de direction d'une R30. Une Ford Taunus, un Lancia Beta et une Austin Princess donnèrent les autres éléments. Son créateur monta un société, Noble Motorsport.
L'Ultima connu un succès d'estime et Lee Noble créa une version "de série", la Mk2, en 1984. Les principaux changements étaient un design plus rétro et un moteur Ford V6 "Essex". Ted Marlow acheta la première Ultima Mk2. Autochromes Magazines fila en Grande-Bretagne et immortalisa Lee Noble, Ted Marlow et leurs montures respectives. Drôle de revue, qu'Autochromes Magazines : on y retrouve des proches de Patrice de Bruyne (dont Jacky Ickx), les articles ont le ton de Patrice de Bruyne (entre égo-surdimensionné et complotisme néo-Marie-José-Pérequien), on y parle de Patrice de Bruysne... Mais son nom n'apparaissait pas sur l'ours !
Les deux compères coururent ensemble. Lee Noble préféra se concentrer sur la production, mais Ted Marlow poursuivit. Il mit un V8 Chevrolet de F5000 dans son Ultima Mk2. Cela inspira Lee Noble, qui créa une Ultima Mk3, en 1989, avec un V8 Chevrolet.
Noble Motorsport produisit ainsi un demi-douzaine de voitures par an. Au début des années 90, l'entreprise avait du mal à rester à flot.
Preuve que le châssis était bon, McLaren en acheta deux, pour servir de mulet à la F1 ! "Albert", châssis N°12, servait surtout à tester la boite de vitesse (le V8 Chevrolet étant aussi coupleux que le V8 BMW.) "Edward", châssis N°13, reçu le V12 BMW et nombre d'éléments de la future supercar. Hélas, une fois, la F1 dévoilée, Ron Dennis fit broyer "Albert" et "Edward". Il avait peur qu'en inspectant les mulets, la presse ne découvre des secrets sur la F1...
Notez qu'en 2007, pour concevoir la MP4-12C, McLaren s'offrit une Ferrari 360... Et une Ultima GTR. Elles servirent elles aussi de mulet et sauf erreur, cette GTR fut conservée.
Lee Noble conçut une supercar pour Klaas Zwart, l'Ascari Ecosse, puis il créa Noble.
Ultima Sports commença par rependre la fabrication de la Mk3. En 1999, elle mua en GTR. Les V8 Chevrolet sont préparés par American Speed, qui proposait des puissances allant de 350ch à 720ch. Dans cette dernière configuration, la GTR atteignait les 100km/h en 2,6" !
Il y avait eu un unique spider Mk3. Il inspira le spider Can-Am. Ultima s'aventura hors de Grande-Bretagne, avec des ventes en Europe continentale, aux Etats-Unis, en Russie, au Japon et en Australie. Mais l'artisan su rester modeste.
En 2015, la GTR évolua... En Evolution (renommée EVO), qui lorgnait sur la Panoz Esperante. Sachant que la cellule centrale a elle peu été modifiée depuis la [Mk1] de 1984...
En 2017, nouveau coup de bistouri avec la RS. Il est toujours là. Le constructeur dit avoir connu sa meilleure année en 2021 et il a achevé deux RS depuis janvier.
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