Rétromobile 2022 : 19. Ford '32

Que serait un Rétromobile sans produit d'entretien ? Cette année, point d'A110 chez Vulcanet. A la place, un Ford '32, digne d'un poster central de Nitro !

J'ai déjà évoqué l'origine des hot-rods. Dans les années 50, c'était un milieu de marginaux. Dans Hot Rod, Henry Gregor Felsen décrivait un milieu de casse-cous immoraux. L'auteur voulait mettre en garde les chères têtes blondes, face à ce monde de perdition. Au lieu de ça, des millions de petits Américains n'avaient qu'un hâte : en être !

Un décennie plus tard, aux Etats-Unis, c'était une vraie industrie. George Barris était LE fabricant de voitures pour télévision, tandis qu'Ed "Big Daddy" Roth avait conclu un juteux contrat avec Monogram. Des magazines comme Hot Rod Magazine ou Car Craft se vendaient comme des petits pains. On se bousculait pour voir les courses de dragsters de la NHRA. Des pilotes comme Don Prudhomme avaient des cachets et une exposition médiatique digne d'Indianapolis. Les petits garagistes étaient devenues de grosses PME, à l'instar de Mickey Thomson. Quant à des équipementiers comme Crane Cams, Mooneyes ou Clay Smith Cams, ils vendaient surtout des tee-shirts et des autocollants !

En Europe, on découvrit les hot-rods avec le film American Graffitis. Le milieu hot-rods comportait cette "American way of life" qui faisait alors tant rêver, sans oublier la nostalgie des "fifties". L'heure était aux salons de la compétition. Les promoteurs comprirent vite qu'avec un hot-rod et quelques filles en bikini, ils étaient sûr de rameuter du monde !
Patrice de Bruyne fut l'un de ces petits malins. Bientôt, il créa l'une des premières revues spécialisée, Chromes & Flammes. Flairant l'opportunité, Michel Hommell créa un clone, mais plus pro, Nitro (dont la maquette était carrément calquée sur celle d'Hot-rod Magazine !)

Dans les années 80, point de Ford '32 ou de "Tri-Chevy" pour servir de base. Par contre, il y avait quantité de C4, de 201, de 203 et d'Aronde P60. Elles reçurent un traitement custom inspirée des créations US, au grand dam des collectionneurs.

Nitro l'admettait : les hot-rods étaient un phénomène artificiel. Importer un véhicule était un sacerdoce. Déjà qu'importer un voiture normale demandait beaucoup de temps et d'argent, mais face aux transformations (et autres châssis en repro), les Mines voyaient rouge !
En plus, une Ford '32 était à peine un deuxième voiture. Imaginez plutôt : le confort des années 30, l'équipement des années 30, la sécurité des années 30... Mais avec un moteur trois ou quatre fois plus puissant que celui d'origine ! Sachant que nombre de club d'anciennes refusaient les customs.

L'Europe n'a jamais eu l'écosystème des USA. Importateurs, préparateurs et promoteurs d'évènements étaient de petits artisans. Ils disparurent aux premiers frimas.

Ajoutez-y la fin de la nostalgie des années 50, le Contrôle Technique (qui mit un tour de vis sur les possibilités de transformation) et un regain d'intérêt pour les "popus" (donc plus question de customiser une 403 !) Bref, la mode hot-rod avait quasiment disparue au milieu des années 90. 

Le tuning, venu d'Outre-Rhin, pu davantage s'ancrer en France.

Même aux Etats-Unis, la culture des rods est passée.

Il y a eu un revival vers 2010, grâce aux hipsters. Ils se sont appropriée les rods pour le côté "marginal" et "ironique". Ambiance barbe épaisse, tee-shirt vintage et bière artisanale !

Commentaires

Articles les plus consultés